Crise de l'énergie : des mairies font figure de mauvais élèves avec des initiatives incohérentes

Une patinoire au milieu de la ville, des rames de métro ralenties et un pont illuminé certaines nuits… En Occitanie, des mairies ont pris de drôles de décisions en période de sobriété énergétique. On fait le point avec France Nature Environnement.

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"Nous vivons la fin de l'abondance", déclarait le président Emmanuel Macron fin août 2022. Une phrase  mal comprise, jugée parfois hypocrite par l'opinion publique, et apparemment conceptuelle pour de nombreuses municipalités.

En effet, alors que les prix de l'énergie s'envolent et que notre planète se meurt, certains maires de la région Occitanie enchainent les décisions d'installer des infrastructures énergivores dans leurs communes.

Foix 

Parmi les mauvais élèves, la ville de Foix (Ariège). Pour les fêtes de fin d'année, en plus des animations habituelles, une nouveauté et non des moindres : une patinoire à ciel ouvert. Interrogée en 2020, sur la patinoire installée cette fois-ci à Toulouse, la société l’Atelier d’Ecologie Politique (Atécopol), rappelait à nos équipes : "en se focalisant uniquement sur la consommation électrique, on passe à côté d’une grande partie des impacts, l’électricité ne correspondant qu’à environ 8 % des émissions totales”. Ainsi, le bilan de cette patinoire s'établissait entre 6,9 et 10,5 tonnes de CO2. 

Pas sûr que le bilan carbone de la patinoire ariègeoise, ne soit plus glorieux. Enfiler son col roulé, débrancher ses prises, et baisser le thermostat de son appartement, pour aller patiner sur de la glace artificielle ?  Pour Jean Olivier, directeur de France Nature Environnement Midi-Pyrénées (FNE), cette initiative est un non-sens écologique. 

Toute proportion gardée, c'est comme l'idée d'organiser des Jeux olympiques en plein désert… Certains n'ont vraiment pas compris qu'on ne pouvait plus agir comme avant, c'est du déni !

Jean Olivier, directeur de France Nature Environnement Midi-Pyrénées

Mazamet

La passerelle de la commune, s'est allumée vendredi 14 octobre à la tombée de la nuit. Un éclairage tout en couleur, entièrement modifiable, qui brillera jusqu'à 22 heures du jeudi au samedi. La mairie souhaite même élargir son amplitude horaire les soirs d'été et durant les fêtes.

Alors que plusieurs communes font le choix d'éteindre leurs éclairages publics à la tombée de la nuit comme Blagnac, Colomiers ou Tournefeuille (Haute-Garonne), ici, on les rallume, mais au milieu de rien. La passerelle se trouve au pied de la cité médiévale de Hautpoul :

Pour se défendre la mairie précise : "La technologie utilisée a une émission très faible qui ne représentera que 200 euros par an pour le Conseil municipal".

Ok, vous aurez peut-être vos portefeuilles préservés, mais avec le contexte, le message envoyé à de quoi faire jaser. Le président de la FNE Midi-Pyrénées, Jean Olivier, rappelle : "Collectivement on ne prend pas assez en compte l'ampleur du problème écologique et la nécessité de sobriété." 

Toulouse

Réduire l'utilisation de la voiture, et privilégier les mobilités plus douces. Avec le réchauffement climatique et le prix du carburant (quand il en reste), ce message coule de source. Les ventes de vélo sont d'ailleurs en forte hausse, et pour les moins courageux les transports en commun restent plébiscités.

Et bien à Toulouse, on se croirait dans une dimension parallèle. Parmi l'ensemble des propositions de la mairie, il y en a une qui concerne la diminution de l'offre de transports en commun. Pour le métro, en heure creuse le temps d’attente augmentera de quelques dizaines de secondes et le service Téléo sera également interrompu à 22 h. 

C'est exactement l'inverse de la démarche de sobriété énergétique !

Jean-Olivier, président FNE Midi-Pyrénées

Montauban 

Un festival sous "hautes tensions" ! La cinquième édition du Festival des Lanternes de Montauban ouvrira ses portes au public le 1er décembre prochain. L'augmentation du prix de l'énergie fait craindre une facture d'électricité très importante. Mais Patrice Gausserand, co-organisateur de la manifestation avec la ville de Montauban, assure que "toute l'électricité consommée (lanternes, restaurants, cafés,...) sera alimentée par deux groupes électrogènes qui fonctionnent au GNR" (gasoil non-routier). 

En tenant compte de l'augmentation du coût de l'énergie, la consommation pour trois mois de festival était estimée à 45 000 euros. Avec les deux groupes électrogènes, on va faire une économie de 5 à 6 000 euros.

Patrice Gausserand, co-organisateur du festival des Lanternes de Montauban

Bon, si nos calculs sont bons, la facture s'élèvera tout de même à près de 40 000 euros. Un festival des lanternes, en pleine crise énergétique, on vous l'avez bien dit "nous vivons la fin de l'abondance."

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