L'Université Jean Jaurès doit être débloquée par les forces de l'ordre. Une compagnie de CRS est arrivée en renfort de Marseille vendredi. Tout est prêt. Il manque juste le "top" de la préfecture.
L'attente dure. Le tribunal administratif de Toulouse a ordonné le déblocage de l'Université Jean Jaurès. La décision remonte à 4 jours et rien ne se passe. Selon nos informations, jeudi soir dernier, le 3 mai, les forces mobiles ont été mises en alerte. 6 compagnies étaient à disposition et prêtes à intervenir. Cela représente plus de 300 fonctionnaires. Le dispositif était parfaitement "formaté" pour une intervention : 3 compagnies en premier rideau et 3 compagnies en renfort.
Une source policière affirmait attendre seulement le feu vert de la préfecture. Il n'est pas intervenu. Le préfet de Région, Pascal Mailhos a préféré attendre des renforts, notamment une compagnie stationnée à Marseille.
Le timing est passé de "intervention imminente" à "le plus tôt possible". Une fois le créneau du vendredi 4 mai passé, le déploiement des effectifs devenait plus problématique. Des rendez-vous sportifs toulousains et une contre-manifestation en Ariège sont organisés pendant le week-end. Ces événements ont "consommé" du personnel. Le préfet de Région souhaite une intervention "propre" et estime que, sur le site du Mirail, 2 lieux sont à "traiter". Les policiers estiment que l'opération ne présente pas de difficulté technique particulière."Ce n'est pas Notre-Dame-des-Landes" confie un membre des forces de l'ordre. Mais la préfecture ne veut prendre aucun risque.
Des cocktails molotov ont été retrouvés lors de l'évacuation de l'université de Tolbiac. Les renseignements territoriaux (ex-RG) craignent également que des Zadistes, évacués de Notre-Dame-des-Landes, ne se soient repliés sur le Mirail. Bref, la prudence est de mise. Plusieurs échanges ont été organisés entre la préfecture, le ministère de l'Enseignement Supérieur et les équipes du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb.
Le résultat est : "il est urgent d'attendre". Dès le vendredi 4 mai, il était clair qu'aucune intervention n'était possible le lendemain, le samedi 5 mai. Autre certitude, l'intervention ne peut pas se dérouler entre 22 heures et 6 heures du matin. A Tolbiac, la tactique a été celle du "petit matin", au moment ou la vigilance des bloqueurs se relâche en raison de la fatigue. Même chose à Nancy;
Mais rien n'interdit une opération vers 10 heures du matin ou dans la journée. En matière de maintien de l'ordre, 10 heures 30 est souvent un bon créneau. Les manifestants sont épuisés par la veille nocturne et ils finissent pas s'assoupir. Selon nos informations, c'est plutôt un scénario à la Tolbiac, au petit matin, qui est privilégié.
En attendant, les "bloqueurs" s'organisent et préparent des tactiques de résistance. Ils ont également mis en place un tour de garde. Mais, en ce dimanche 6 mai, ils ont décidé de lancer une fête. Le mot d'ordre est éloquent : "On vous invite à venir vous faire expulser avec nous dans la joie et la bonne humeur ! Mais comme on va pas rester les bras croisés en attendant les condés, on vous a concocté un petit programme bien sympatoche".
Voir le reportage de Cécile Fréchinos :