"Des patientes de toute la France" : face à la ménopause, un nouveau centre spécialisé accompagne les femmes pour briser le tabou

Unique en France, le centre de ménopause du CHU de Toulouse (Haute-Garonne) renseigne et accompagne les femmes dans cette période difficile, qui peut être source de nombreux problèmes de santé. Médecins et infirmières luttent contre le tabou qui entoure la ménopause et qui renforce la méconnaissance de ses risques.

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Sous des néons fatigués, elles sont deux à attendre, ce mardi 10 septembre, à 7h45, d'être reçues par Christelle Moreau, l'infirmière du centre de ménopause du CHU de Toulouse. Armée d'une batterie de questions, cette dernière cherche d'abord à identifier les patientes auxquelles la ménopause fait courir un risque santé accru.

Car la ménopause accroît le risque de pathologies comme les maladies cardiovasculaires ou l'ostéoporose, réduction de la densité des os accentuant leur fragilité. D'où l'insistance de l'infirmière concernant d'éventuelles fractures subies par ses patientes. Face à elle, Julie Bonjour est un cas d'école : elle s'est cassé trois fois les chevilles, en 5 ans. "Vous fumez ?", poursuit Christelle Moreau. "Oui", répond la patiente, 46 ans, qui confesse "une quinzaine de cigarettes par jour"." Ce serait bien d'arrêter, car cela a un impact sur les os", reprend l'infirmière.

Une "épreuve"

Entièrement dédié à la ménopause, ce centre est unique en France. Il lutte contre le manque récurrent d'informations et le tabou qui entoure encore aujourd'hui ce phénomène physiologique. Autour de 50 ans, les femmes cessent d'avoir leurs règles : leurs ovaires ne produisent plus d'hormones et ne délivrent plus d'ovules à intervalles réguliers. Pour nombre d'entre elles, c'est une épreuve, le corps qui change et donne l'impression d'une bascule vers la vieillesse.

"Les douleurs articulaires sont un symptôme très classique du début de la ménopause, souligne Florence Trémollières, gynécologue, endocrinologue et directrice du centre depuis 2011. Or, moins d'une femme sur deux va spontanément rattacher ce symptôme à cette condition physiologique". C'est pour cela que l'une de ses principales missions est de renseigner pour aider. "J'ai des patientes qui viennent de Strasbourg, de Lille, de Brest, parce qu'elles ne trouvent aucun médecin qui soit à même de répondre à leurs questions", soupire-t-elle. 

Un traitement hormonal

Car s'il est une évolution normale du corps féminin, le phénomène n'en comporte pas moins son lot de problèmes, dont les plus connus sont les bouffées de chaleur. Les femmes peuvent alors suivre un traitement hormonal pour prendre le relais des ovaires, surtout quand ceux-ci arrêtent de fonctionner prématurément.

C'est le cas de Kelly Garcia, 43 ans aujourd'hui, mais qui n'en avait que 30 lorsqu'une chimiothérapie a provoqué une "insuffisance ovarienne prématurée". Florence Trémollières explique que "les femmes sont programmées à recevoir des hormones jusqu'à la cinquantaine, donc si vous êtes ménopausée avant 40 ans, ça devient une maladie, et comme toute maladie, ça doit se traiter". Elle rappelle que la ménopause prématurée peut par ailleurs accroître les risques d'infarctus et d'Alzheimer.

Bientôt une mission parlementaire ?

L'avantage du centre de ménopause est qu'après une prise de sang chez l'infirmière, les patientes n'ont, dans un ballet bien rodé, qu'à traverser le couloir pour atteindre la salle d'ostéodensitométrie, nom barbare de l'examen visant à déterminer la densité des os. Habituée des lieux, Kelly Garcia s'y glisse et s'allonge sur le dos tandis qu'un bras robotique scanne son rachis lombaire (le bas de la colonne vertébrale) et son col du fémur, très vulnérables aux fractures. "D'autres villes n'ont pas cette chance-là" d'avoir un centre de ménopause. Elle s'inquiète : "Certaines patientes se retrouvent complètement démunies face aux symptômes qu'elles peuvent avoir".

En mai 2024, Emmanuel Macron avait pensé à Florence Trémollières pour diriger une future mission parlementaire sur la ménopause. Un sujet, disait-il dans le magazine Elle, dont "on s'est aperçu qu'on (le) connaissait très mal". Le projet de mission parlementaire est aujourd'hui "au point mort" du fait des turbulences politiques, selon une source proche du dossier, mais les patientes, elles, continuent d'avoir besoin d'aide.

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