Mardi 30 juin, l'avocat général de la cour d'appel de Paris a requis à l'encontre d'Anne Diana Clain dix ans de prison pour avoir se rendre en Syrie. La décision sera rendue le 14 septembre. En première instance, la soeur de Fabien et Jean-Michel Clain avait été condamnée à 9 ans de prison.
Entre l'été 2015 et l'été 2016, Anne Diana Clain a quitté Toulouse avec son mari religieux et ses quatre enfants. Son objectif : se rendre en Syrie et rejoindre ainsi deux de ses filles et surtout ses deux frères, Fabien et Jean-Michel Clain, jihadistes et "voix" de l'état islamique (EI), ayant notamment revendiqué les attentats du 13 novembre à Paris.
Refoulée au moment de passer en Syrie, la famille d'Anne Diana Clain s'était alors réfugiée en Bulgarie mais le projet, provisoirement avorté, n'avait jamais été abandonné, avait conclu le tribunal correctionnel de Paris en 2019, lors du procès en première instance d'Anne Diana Clain et de son compagnon Mohamed Amri.
"Je pense que j'ai mal compris"
Dans ce second procès qui s'est ouvert lundi 29 juin, la soeur Clain a tenté d'expliquer que depuis son arrestation, elle avait compris son "erreur". Interrogée sur son passé, Anne Diana Clain a assuré en être "totalement sortie".Je pense que j'ai mal compris, j'ai tout mélangé dans ma religion, ça m'a égaré, mais j'ai guéri de tout ça
Mais elle a également ajouté qu'en détention, elle avait parlé avec d'autres femmes au parcours similaires et que celles-ci avaient été condamnées à des peines plus légères. "Aucune n'a été condamnée à neuf ans, mais toujours entre quatre et sept ans de prison".
Anne Diana convaincra-t-elle ses juges de son repentir ? Son nom ne l'aide guère. Convertie en 1999 avec ses frères, Anne Diane Clain, décrite comme influençable par les experts, a pratiqué jusqu'à son arrestation un salafisme rigoriste. Dans son téléphone et dans l'ordinateur familial, saisi lors de leur arrestation, les enquêteurs avaient ainsi trouvé des photos de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos qui ont frappé des terrasses de bar et le Bataclan le 13 novembre 2015 à Paris, et de Mohamed Abrini, suspect des attentats
de Paris et Bruxelles.
Le poids d'un patronyme
"Il faut tenir compte de son patronyme", a déclaré l'avocat général, ce mardi 30 juin 2020. Avant de requérir une peine de dix années de prison. A l'encontre de son époux religieux, Mohamed Amri, l'avocat général a demandé confirmation de la peine prononcée en première instance soit dix ans de prison assortis de deux tiers de période de sûreté.L'avocat général a aussi demandé que Mohamed Amri, ce Tunisien présenté comme celui qui a converti la famille Clain à la fin des années 1990, soit définitivement interdit sur le territoire français.
La cour d'appel de Paris rendra sa décision le 14 septembre prochain.