Un cycle de formation pour l'éco-anxiété sera proposé aux étudiants, enseignants et personnels de l'École Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse (INP-ENSAT), dans le département de Haute-Garonne, à partir de janvier. Le problème touche de plus en plus de jeunes.
L'éco-anxiété - c’est-à-dire la peur chronique d’une catastrophe environnementale - ronge les étudiants. Chez les jeunes, âgés de 16 à 25 ans, 45 % affirment que leurs "sentiments à l'égard du changement climatique ont une incidence négative sur leur vie quotidienne", selon une étude réalisée dans dix pays sur 10.000 jeunes gens, publiée en décembre 2021 dans la revue The Lancet. C'est pour cette raison que l'École Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse (INP-Ensat), en Haute-Garonne, a décidé de proposer un cycle de formation pour développer les outils contre l'éco-anxiété pour les étudiants, personnels ou enseignants.
Le but de ce projet est de donner les outils aux étudiants et personnels, pour qu'ils "ne se laissent pas envahir par l'éco-anxiété" et de travailler "de manière plus collective à des approches systémiques" face aux changements socio-environnementaux, résume Candice Marro, l'une des formatrices, avec Isabelle Giraldo et Marie Bourgine.
Avec leur formation "de l'éco-anxiété à l'éco-résilience", les trois, respectivement psychothérapeute, éco-thérapeute et éco-facilitatrice, souhaitent développer la résilience des personnes et "la maîtrise des émotions" contre les conséquences du réchauffement climatique.
Les étudiants "se sentent démunis"
Un projet qui est venu d'un étudiant, Nicolas Kahn, qui a connu cette angoisse déjà avant l'Ensat. "Je ressentais une montée d'émotions à différents moments, sans savoir mettre un mot dessus", résume le Vosgien, qui se souvient de l'avoir ressenti dès le collège, notamment en étant "énormément" attristé après avoir vu une coupe rase (l'abattage de la totalité des arbres d'une exploitation forestière).
Vice-président de Greensat, l'association étudiante écologique sur le campus, le jeune homme de 25 a donc décidé de porter cette initiative en voyant comment différents événements comme la campagne présidentielle, ou par exemple le rapport du Giec, ont été très mal vécus par lui et ses camarades qui "se sentent démunis".
L'objectif de cette formation est d'avoir des référents pour qu'ils puissent accompagner les étudiants, les aider à créer des imaginaires plus optimistes, en allant dans l'action pour changer les choses
Nicolas Kahn, étudiant de 25 ans à l'initiative du projet
Dans sa promotion l'année dernière qui comptait 170 étudiants, 60% se disent éco-anxieux sur 100 qui ont répondu au sondage.
En avril 2021, il a donc décidé avec Blandine Vignal, étudiante et représentante SIMPPS (Service inter-universitaire de médecine préventive) de monter cette formation, puis de faire appel, quelques mois plus tard, par l'intermédiaire de Romain Teisserenc, vice-président de l'écologisation à l'INP-Ensat, à l'équipe du trio, Candice Marro, Isabelle Giraldo et Marie Bourgine, qui travaillent avec les étudiants du Master spécialisé en Eco-Ingénieurie (MSI) depuis 2018.
Apprendre à être dans l'action et non dans la colère ou le militantisme
Les étudiants sont touchés par différentes émotions, "la colère, le militantisme, la tétanie, la fuite ou encore un sentiment d'impuissance. Nous voulons les apprendre à agir sans se sentir dépasser en prenant soin de leurs émotions et santé mentale", tout en donnant des clés aux enseignants et personnels administratifs également, résume l'éco-thérapeute Candide Candice Marro.
Ce cycle de formation, qui s'étale sur deux ans et demi, se découpe en quatre modules, et devrait débuter au mois de janvier 2023, où pour l'heure une trentaine de personnes sont intéressées.