Maintenant que le Toulouse Football Club est assuré in extremis de jouer la saison prochaine en Ligue 1, on peut se féliciter de l'adhésion populaire derrière les joueurs ces dernières semaines. Mais pourquoi le TFC n'a-t-il un "douzième" homme que lorsqu'il est en danger ?
Et si à Toulouse, on ne courait au stade que dans les moments critiques ? Maintenant que le TFC est à l'abri pour la saison prochaine, il convient de faire le point sur une pratique qui ne paraît pas digne de la 4ème ville de France.
Dans sa nouvelle configuration, le Stadium de Toulouse peut accueillir 33 500 spectateurs. Pourtant le TFC finit la saison avec une moyenne de 16 303, selon la Ligue Professionnelle de Football. Et encore, cette moyenne a-t-elle été gonflée par les deux derniers matchs à domicile, contre Lyon (24 315 spectateurs) et surtout contre Troyes, dernier de Ligue 1 (avec 29 444 spectateurs) !
Lyon et Troyes, deux matchs à domicile à l'enjeu considérable : de peur de perdre leur équipe de Ligue 1, les Toulousains se sont enfin déplacés au Stadium. Ça tombe bien : cela faisait des années qu'on les y attendait !
Evidemment, il n'est pas question ici des clubs de supporters, qui été comme hiver, s'égosillent dans le virage Taton pour soutenir leur équipe, même si les relations entre ces fidèles et la direction du club sont souvent tendues. Remarquons d'ailleurs, et c'est tout à l'honneur des supporters, qu'ils sont les premiers à légitimement réclamer une plus grande ambition sportive.
Ah, l'ambition ! Voilà sans doute ce qui manque le plus au TFC pour trouver son public. Les travaux du Stadium pour l'Euro 2016 n'ont pas aidé à créer une ambiance dans cet ex-petit Wembley. Mais tout de même : les gens ne sortent plus de chez eux pour le traditionnel rendez-vous du samedi soir. Tout juste consulte-t-on les réseaux sociaux pour s'enquérir de l'évolution du score en regardant Patrick Sébastien depuis son canapé ou en buvant un verre avec des amis dans un bar, plutôt que d'aller se geler les fesses en plein mois de janvier sur des fauteuils en plastique, devant une piètre prestation !
Que faut-il donc au TFC pour renouer avec son public ? Des stars ? Sans doute mais a priori, pour cela, il va falloir attendre encore. Une ambition sportive ? Un jeu attrayant ? On avance à ce sujet depuis l'arrivée de Pascal Dupraz, même si l'opération sauvetage qu'il vient de mener et de réussir tenait plus d'une chasse éperdue au résultat que de la mise en place d'un schéma sportif à long terme.
On sait que les invitations, notamment aux écoles de foot, ont été distribuées par centaines pour tenter de gonfler l'affluence au Stadium et que mêmes parfois, certains refusaient ces entrées gratuites. Non, merci, ça ira ! On va quand même pas aller voir jouer le TFC !"
Osons le dire, ce qui manque au TFC, c'est un vrai public ! Le Toulousain serait-il donc trop difficile ? Cela dépasse d'ailleurs les limites du TFC. Même au Stade Toulousain, où les travées sont régulièrement copieusement garnies, le soutien du public (à l'exception des groupes de fidèles) s'exprime plus facilement quand les Rouge & Noir l'emportent avec 40 points d'avance que quand ils sont à la peine ! On a même entendu des sifflets cette année dans les tribunes d'Ernest Wallon ! Or c'est dans les moments difficiles que les équipes ont besoin du soutien de leur public, pas (uniquement) quand tout va bien.
Toi qui a redécouvert le Stadium en ce printemps 2016 à la "faveur" de cette bataille homérique pour le maintien, pose toi la question de savoir si ton club "chéri" n'avait pas aussi besoin de toi au coeur de son hiver !
Alors évidemment, on nous répondra que Toulouse n'est pas la seule équipe dans ce cas. Quand on boude à Bordeaux ou Montpellier, on continue pourtant de s'enflammer à Guingamp, Lens ou Auxerre, malgré le manque de résultats. Mais ce sont de petites villes où il n'y a rien à faire d'autres, nous dira-t-on. Pourtant Marseille, malgré une saison pourrie, finit en tête des affluences de l'année ; Nantes, 12ème de Ligue 1, peut compter sur une moyenne de 23 000 supporters !
Alors on rêve. On se dit, comme Pascal Dupraz est un magicien, que d'un coup de sa baguette magique, il va faire revenir le public au Stadium. On espère que le TFC pourra s'appuyer la saison prochaine, durant toute la saison, sur un large public fidèle et chaleureux. Que les gens n'iront pas seulement au stade parce que le club est en danger ou (imaginons) qu'il joue les premiers rôles !
Boostés par un coach au tempérament contagieux, les joueurs du TFC ont été à la hauteur en cette toute fin de saison. Au public toulousain maintenant d'en faire autant pour que Toulouse ne vibre pas seulement quand le club est en danger.
