Dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2019, cinq personnes sont morte des suites d’une intoxication alimentaire à l’EHPAD de la Chêneraie à Lherm. Quatre ans après ce drame, les familles ne décolèrent pas. Seul le chef cuisinier de l'établissement a été mis en examen le vendredi 31 mars. 3 autres mises en examen devraient suivre.
4 ans après les faits, la justice vient de mettre en examen une personne dans l'affaire de l'EHPAD de Lherm. Pourtant, les familles restent toujours dans le flou le plus total.
"Il est impératif pour moi de faire la lumière sur les circonstances de ces décès pour que je puisse prendre des décisions éventuelles". Ces mots prononcés par Agnès Buzin, ministre de la santé le mardi 2 avril 2019 devant l'EHPAD de la Chêneraie à Lherm, en Haute-Garonne, après le décès de 5 résidents résonnent encore dans les têtes des familles des victimes. Mais 4 ans après, ils sont toujours dans l'obscurité.
5 décès par intoxication alimentaire
L'enquête ne semble pas avoir beaucoup avancé. Selon les premiers éléments, le personnel était en sous-effectif. L’établissement était mal entretenu et les normes d’hygiène n’étaient pas respectées, y compris dans les cuisines. Résultat : les chaînes du froid et du chaud ont été rompues. Des bactéries ont donc pu proliférer dans les aliments. Les décès par intoxication alimentaire ne font aucun doute.
“Il y a des responsabilités”, souligne l’avocat de plusieurs familles endeuillées. “Que ce soit les personnes qui étaient en cuisine ou les dirigeants”. Mais la justice avance très lentement dans ce dossier, ce qui scandalise les familles des victimes. Les chaînes de responsabilité ne sont toujours pas avérées. Le procès est encore loin.
Une seule mise en examen 4 ans après les faits
Un homme, le chef cuisinier de l'établissement à l'époque, a été mis en examen vendredi par le parquet de Toulouse pour homicide involontaire, blessure involontaire et mise en danger de la vie d'autrui. L'homme a été laissé en liberté. Une première mise en examen 4 ans après les faits.
Vendredi 31 mars 2023, il y a eu une première mise en examen, celle du chef cuisinier de l'EHAPD, 4 ans après les faits! Celle d'un autre cuisinier devrait suivre mais je ne sais pas quand exactement, ce mois-ci j'espère. Il devrait y avoir quatre mises en examen au total dans ce dossier. Mes clients auraient aimé que la justice commence par pointer du doigt les responsabilités des cadres du groupe Korian et de ceux qui donnaient les ordres mais pas forcément celles des cuisiniers en premier qui ne sont que de simples exécutants. Tout ceci est beaucoup trop lent. Nos clients souffrent et n'arrivent pas à faire leur deuil, ils sont désespérés face à une telle lenteur.
Nicolas Raynaud De Lage, avocat d’une famille d'une pensionnaire victime
Il faut dire que ce dossier est volumineux et très technique. La justice semble avancer à petits pas, un délai qui choque les familles endeuillées qui attendaient des réponses beaucoup plus tôt.
La question des moyens dans la justice
"Cela fait 4 ans que le tribunal est en phase d’instruction, il y a un côté technique certes, mais comme dans d'autres dossiers traités plus vite. Cela pose le problème des moyens pour la justice. Cette affaire n’avance pas. A un rythme de locomotive à vapeur et on ne sait pas pourquoi. Il faut que cela aille plus vite pour permettre aux familles de faire leur deuil plus facilement.", précise Me Nicolas Raynaud de Lage, avocat d'une famille d'une victime.
En effet pour l'instant l'instruction suit son cours. "Nous en sommes au stade des mises en examen. D'autres convocations sont prévues ces prochains jours. Tant que l'information judiciaire n'est pas clôturée, nous ne savons pas quand se tiendra un éventuel procès", nous confirme une source judiciaire.
Pas de date de procès
Des familles qui attendent donc et qui ont encore beaucoup de mal à faire leur deuil. Elles aimeraient comprendre ce qu'il s'est précisément passé le 31 mars 2019 à l'EHPAD de Lherm. Où ont été les défaillances chez les agents et les responsables de l'établissement. Ces familles espéraient une justice plus réactive et plus dynamique dans ce dossier. 4 ans après, une date de procès est encore loin d'être programmée.