Environnement : des vers de terre pour recycler les eaux usées, l'innovation de chercheurs de l'université de Toulouse 3

L'université Paul Sabatier de Toulouse (UT3) accueille depuis quelques mois un projet écologique novateur. Des îlots composés de matières organiques filtrent les eaux usées d'un bâtiment, grâce à des vers de terre. Une initiative pour un recyclage propre et plus rapide. Reportage.

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Au fond de l'immense université Paul Sabatier Toulouse 3, quelques parcelles de terre entourées de piquets de bois ressortent (un peu) du paysage. Non, ce ne sont pas des potagers ou des carrés de plantes, mais bien "des filtres plantés", c'est leur nom. Rien de très sexy dit comme ça, mais ils représentent sûrement une alternative crédible pour le recyclage de l'eau. 

Introduction de vers de terre dans la matière organique

À l'intérieur, ces filtres sont composés "d'une couche d'écorce, de sable, de graviers et de plus gros cailloux" énumère Magali Gerino, enseignante-chercheuse en écologie dans cette université. Un système de filtrage déjà existant ailleurs.

L'innovation ici, c'est l'import de vers de terre. "Ils créent des galeries, comme un système de tuyauterie" compare la chercheuse. "Cette circulation va amener l'eau aux racines des plantes par exemple. Sinon, l'eau à recycler resterait en surface" développe-t-elle.

De multiples capteurs pour récolter plus de données

Cette eau à filtrer provient des toilettes et des lavabos du bâtiment qui jouxte l'installation. Elle est acheminée jusqu'aux parcelles grâce à d'épais tuyaux gris. Une fois filtrée, elle est prête à la réutilisation, principalement pour l'arrosage. "Mais on doit encore installer un système qui va permettre de récupérer ces eaux" prévient Magali Gerino. 

Afin d'être informés au mieux de ce qui se passe dans ces îlots, les chercheurs ont installé des capteurs : un premier, sous terre, sous forme de scanner afin de voir comment évoluent les vers de terre. Un second, planté dans le sol, qui mesure la température et l'humidité. "Deux autres capteurs vont bientôt nous permettre de mesurer le taux de CO2 et l'acoustique à la surface" ajoute Magali Gérino. 

Pour parvenir à cette expérimentation, le constat posé était simple. "On peut améliorer le système de traitement des eaux usées, en regardant ce qui marche dans la nature, dans des environnements extrêmes" considère l'enseignante. 

"Pour répondre aux besoins actuels, on peut profiter de l'eau recyclée"

Seul hic :"la règlementation en vigueur" regrette-t-elle. "Les services publics sont encore habitués à d'autres services d'assainissement". Mais elle l'assure, "Il n'y a plus qu'à. L'innovation est prête, les agences de l'eau sont convaincues : c'est possible de le mettre en place !".

Dans un contexte de sécheresse et d'inquiétude autour de l'accès à l'eau en Occitanie, ce genre d'innovation est forcément bienvenu : "pour répondre aux besoins, on peut profiter d'une nouvelle source : l'eau recyclée, à partir des usages domestiques permanents. On peut soulager la pression mise sur les ressources naturelles" argumente la professeure. 

La mise en place de ces filtres plantés ont été rendus possible grâce à Transnet, un projet de coopération transnationale cofinancé à 75% par un nommé programme nommé Interreg Sudoe. D'autres universités en Espagne et au Portugal participent également à ce projet d'envergure.

Un projet engagé dans un défi régional

À Toulouse, tout cela est organisé dans le cadre d'une mission à l'échelle du campus, appelée nOCampus. "Ce groupe rassemble les chercheurs de différentes disciplines pour mettre les résultats des recherches au service de la qualité de vie du campus" explique Magali Gerino. 

Cette initiative a en tout cas déjà tapé dans l'œil de la région. Grâce au défi WOC (contraction de Water et Occitanie), ce projet des "filtres plantés" de l'université pourrait être accompagné financièrement. Une nouvelle pierre apporté à un édifice, qui ne demande qu'à sortir des murs de Paul Sabatier. 

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