Linky, le compteur connecté d'Enedis, électrise les débats et fait disjoncter ses opposants. Certains sont tombés malades après son installation, d'autres voient en lui une affaire juteuse pour le fournisseur d'énergie. C'est le 4ème volet de notre série sur la guerre des ondes.
Dans ce 4ème épisode de notre feuilleton sur les ondes électromagnétiques et leurs effets potentiels sur notre santé, nous revenons sur les résistances que rencontre le fournisseur d'énergie Enedis dans l'installation de ses nouveaux compteurs connectés, baptisés Linky. Des compteurs destinés à permettre une gestion plus simple et plus efficace dans le suivi de la consommation. Finis les rendez-vous avec un technicien, les relevés sont faits à distance une fois par jour. Les clients sont facturés sur la consommation réelle et non plus sur des estimations. De plus, on peut consulter sa consommation sur un portail internet.
Des utilisateurs inquiets
Cet appareil a en effet la capacité d'effectuer des relevés et de transmettre des informations à distance aux fournisseurs d'électricité. La technologie utilisée, le CPL ou courant porteur en ligne, est un courant à hautes fréquences qui se superpose à l'électricité normale. Des fréquences qui provoqueraient des symptômes handicapants chez certains utilisateurs, selon ses détracteurs.Yves Stéphan décrit les symptômes dont il souffre et qu'il pense être liés à l'installation du boîtier :
Dans les premiers jours, c'était des maux de tête énormes. Après sont venus les serrements et les picotements. Et maintenant, ce sont surtout des brûlures aux mains et aux pieds.
Le Courant Porteur en Ligne : kesako ?
Alors que se cache t-il derrière cette technologie CPL ? David, un ingénieur en électronique qui refuse d'être identifié pour pouvoir poursuivre ses activités, s'est muni d'un poste de radio pour nous montrer qu'il capte le CPL sur les grandes ondes. Verdict : le courant porteur en ligne induit dans les câbles sous-terrains d'une rue, par exemple, rayonne dans tout le quartier.
Une technologie qui suscite le scepticisme
A Labatut-Rivière (Hautes-Pyrénées), Henri Ariès a construit une grille pour protéger son vieux compteur, car il ne veut pas de Linky. Pour lui, le réseau électrique actuel est inadapté aux radio-fréquences CPL. Il faudrait selon lui blinder les câbles pour empêcher les fréquences de rayonner. Cet ingénieur en électromécanique à la retraite dénonce un gâchis d'argent public. Il ne voit dans ce déploiement de compteurs nouvelle génération qu'une affaire de gros sous :
Les compteurs actuels sont électromécaniques : rien ne s'use et ils ne consomment aucune énergie. Le compteur Linky est électronique : dans 10 ou 15 ans, ils seront à mettre à la poubelle à la première panne car ils seront trop chers à réparer. On les remplacera : c'est du gaspillage d'argent public.
Un tiers des foyers d'Occitanie déjà équipés
C'est ce qu'a dénoncé la Cour des Comptes en février 2018. Elle voit en Linky un dispositif coûteux pour le consommateur, mais avantageux pour Enedis. Dans son viseur, le coût effectif total de 5,7 milliards d'euros du déploiement, soit 130 euros par compteur, répercutés à la fin de l'opération sur les clients de l'opérateur. Car la loi contraint le distributeur à équiper 90% des foyers français d'ici 2021. A ce jour, un peu plus d'un tiers des ménages occitans dispose d'un Linky. Voici le 4ème épisode de "Santé : la guerre des ondes", signé Delphine Aldebert, Christophe Romain et Frédéric Desse.