ESPACE. Le nanosatellite NƐSS : la miniaturisation au service de la sécurité de nos systèmes de navigation

Pesant à peine 5 kilogrammes et bourré de technologie, le nanosatellite NƐSS est sur le point d'être lancé en orbite. Son objectif principal : détecter en orbite la présence d'émetteurs terrestres interférents, une technologie cruciale pour la sécurité des systèmes de navigation. Interview, Jean-Jacques Wasbauer, chef de projet NƐSS au CNES, nous explique les détails de ce projet.

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Le travail autour des nanosatellites ouvre la voie à une dimension nouvelle du spatial. De petites tailles, ces machines permettent de rationaliser les coûts et de faciliter l'observation scientifique. Le nanosatellite NƐSS fait partie de ceux-là. D'à peine 5 kilogrammes, il est à lui seul un bijou de technologie et de miniaturisation sur le point d'être mis sur orbite le samedi 7 octobre prochain par le lanceur Vega d'Ariane, au départ de Kourou (Guyane). Produit par la start-up U-Space et sous maîtrise d’œuvre CNES, il repousse les limites de l’instrumentation miniature embarquée. Dans l'espace, il va tester et devoir valider sa technologie : la détection et la localisation d’émetteurs terrestres interférents. Explication avec Jean-Jacques Wasbauer, Chef de projet NƐSS au CNES.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le projet NƐSS ?

Tout d'abord, le projet en question concerne un nanosatellite appelé NƐSS. Il est essentiel de noter que NƐSS est un nanosatellite, donc de petite taille, pesant seulement 5 kilogrammes. Nous le qualifions de format 3U, ce qui signifie qu'il a la taille d'un cube de 10 centimètres de côté. Il sera lancé lors du prochain vol Vega, samedi 7 octobre, à une altitude de 564 kilomètres en orbite basse. L'objectif principal de ce projet est de réaliser une démonstration technologique en orbite (IOD/IOV) pour valider certaines technologies qui pourraient être utilisées dans des systèmes futurs.

Comment fonctionnent ces technologies ?

L'une des principales applications de NƐSS sera la localisation et la détection d'émetteurs interférents sur le sol, en particulier ceux qui perturbent les signaux de navigation par satellite tels que le GPS, utilisé aussi bien par les piétons, les avions et les systèmes militaires. Ces interférences, de plus en plus nombreuses et intentionnelles le plus souvent, peuvent avoir des conséquences graves, notamment pour la sécurité des avions. NƐSS va permettre de tester ces technologies en orbite et de voir comment elles fonctionnent dans des conditions réelles.

Avez-vous d'autres exemples concrets d'applications pour ces technologies ?

Ces technologies pourraient avoir des applications civiles, comme la sécurité des avions et des véhicules autonomes qui dépendent des signaux de navigation. De plus, NƐSS couvrira également des bandes de fréquences utilisées pour les télécommunications spatiales, ce qui permettra de tester la réception de signaux dans ces bandes. Cela pourrait être utile pour améliorer la résilience des communications spatiales. Tout cela va être testé durant un an, où un peu plus, puis on dira à la fin s'il est performant ou non.

Combien de temps a-t-il fallu pour développer NƐSS ?

Le projet a été lancé fin 2019, et nous sommes sur le point de le voir se concrétiser en 2023. Donc, il a fallu environ quatre ans pour le développer, bien que le calendrier ait été affecté par des retards liés au choix du lanceur. Il y a donc 4 ans, nous avons confié ce projet à l'entreprise USpace. C'est une société qui est quasiment née en même temps que NƐSS. C'est une start-up toute jeune. 

Quel est le montant de ce projet  ?

Le budget total du projet est un peu plus de 10 millions d'euros. Il est intéressant de noter que ce projet a également pour objectif de démontrer qu'il est possible de développer un nanosatellite à un coût relativement bas. Il y a eu une véritable prise de risque. Il y a par exemple des composants dans le satellite, qui ne sont pas prévus pour le spatial. Ils n'ont pas été fabriqués pour cela. Ce sont des choses que l'on pourrait retrouver sur Amazon. Nous ne savions lorsque nous nous sommes lancés si ça allait fonctionner. On a fait des tests. Nous avons été tout le temps sur le fil du rasoir pour trouver un équilibre. Dans tous les cas, nous avons conduit ce projet avec cette idée qu'il fallait qu'on maîtrise les coûts. Et nous y sommes arrivés.

Ce partenariat public (CNES) - privés (USpace) représente t-il l'avenir de l'écosystème aérospatial français et européen, comme l'a souhaité Emmanuel Macron ?

C'est une question complexe, et je ne suis pas en mesure de donner une réponse définitive à cette question. Cependant, je peux dire que le projet NƐSS a été lancé avant le plan de relance gouvernemental et que le CNES soutient activement l'écosystème des start-up. Il est important de soutenir ces entreprises et de les mettre en compétition pour favoriser l'innovation.

Si vous deviez souligner un élément de nouveauté important de ce projet, quel serait-il ?

Pour moi, l'élément le plus marquant de ce projet est la miniaturisation. NƐSS est un nanosatellite qui condense un ensemble de technologies sophistiquées dans un petit espace. Il dispose de toutes les fonctionnalités d'un satellite plus gros, mais dans un format considérablement réduit. Cela ouvre la voie à de nouvelles possibilités dans le domaine de la technologie spatiale.

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