Un campement situé sur un terrain privé, près de la déchetterie d’Atlanta à Toulouse, a été évacué mercredi 6 octobre 2021. Problème : les occupants n’auraient pas été mis au courant de cette évacuation et leurs papiers d’identité ont été retenus. C'est la procédure, répond la préfecture.
"Ça a commencé à 6 heures mais je suis sur place depuis 8h45", témoigne Antoine Bazin, de l’antenne toulousaine d’Utopia 56. Mercredi 6 octobre 2021, un campement situé près de la déchetterie d’Atlanta, chemin de Gramont à Toulouse, a été démantelé. Cette évacuation, gérée par la préfecture de la Haute-Garonne, a été effectuée "à la demande des propriétaires des terrains illégalement occupés avec un soutien de la force publique", annonce-t-elle dans un communiqué. Quarante-neuf personnes étaient sur place. Le but avancé par les services de l’État : mettre en sécurité les occupants du campement qui "présentait un réel danger" car situé "le long des voies de chemin de fer."
Les occupants ont bénéficié d’une prise en charge administrative et une proposition de mise à l’abri, en hôtel a été effectuée. "A ce stade, trois familles ont accepté cette proposition. Une équipe mobile du SIAO (le 115) les y rencontrera d’ici 48h afin d’évaluer leur situation administrative et, si elles remplissent les conditions, se voir proposer un logement", souligne encore la préfecture. "Ils les ont laissé récupérer leur caravane. Il n’y a pas eu de violence, des deux côtés, raconte Antoine Bazin avant de poursuivre : là sous mes yeux, ils commencent à détruire quelques caravanes et les abris de fortune."
"Plein de personnes n'étaient pas au courant de cette évacuation"
Toutefois, d’après Antoine Bazin d’Utopia 56, "plein de personnes n’étaient pas au courant de cette évacuation. Des associations sanitaires et sociales non plus", raconte-t-il.
Pourtant, la préfecture fait savoir qu'un "huissier, mandaté par les propriétaires, a rencontré les occupants pour leur remettre le commandement de quitter les lieux dans les 48h." "Il y était spécifié qu'à défaut, passée cette date, il pourra procéder à l'expulsion des occupants par la force publique", poursuit-elle.
Des papiers d'identité retenus
Des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) ont été distribuées et des papiers confisqués.
Même son de cloche du côté d’Alexandra, interprète en langue roumaine pour les personnes présentes sur le camp. Des membres de sa famille font partie des occupants expulsés ce mercredi matin. Elle témoigne également de cette retenue des cartes d’identité : "Ils ne leur ont pas rendu. On les prive de leurs papiers !"
Il s'agit de la procédure règlementaire. Un récépissé valant justificatif d'identité est remis au moment où est demandé la pièce d'identité à la personne en situation irrégulière. Sa pièce d'identité lui est restituée au moment de son départ du territoire français.
De son côté Alexandra s’inquiète du devenir des personnes du campement. "Ils sont expulsés de partout. Ils sont là depuis des années et ne sont pas stables. Les enfants sont scolarisés. Ils ne vont pas toujours dans la même école", regrette celle qui aimerait que des aires d’installation leur soient proposées. "L’enjeu ça sera de ne pas les perdre et de les accompagner. Il y a des enfants sur place, des femmes enceintes", témoigne Antoine Bazin.