Un transfert de 1130 paillettes de spermatozoïdes entre le CHU Toulouse (Haute-Garonne) et celui de La Réunion a eu lieu le 23 avril 2024. Les raisons ? L'assistance médicale à la procréation (AMP) est désormais ouverte à toutes les femmes, ce qui booste la demande et les CHU se doivent de renouveler les stocks. Explications.
Un transfert de 258 paillettes de spermatozoïdes entre le CHU Toulouse (Haute-Garonne) et celui de La Réunion a lieu le 23 avril 2024. Le suivant prévu en juin prochain entre le CHU Toulouse et l’AP-HM permettra de transférer 872 paillettes. L'assistance médicale à la procréation (AMP) est désormais ouverte à toutes les femmes, ce qui a considérablement augmenté la demande.
En permettant l’accès aux origines des personnes nées d’un don de gamètes, la loi de bioéthique du 2 août 2021 a aussi considérablement accru le nombre de demandes d’AMP avec don de spermatozoïdes. Elle oblige, d’autre part, à renouveler massivement les stocks de paillettes, les dons anonymes n’étant plus utilisables au-delà du 31 mars 2025.
30 000 demandes en moins de 2 ans
"Plutôt que de devoir détruire ces paillettes au 1er avril 2025, on était tout-à-fait favorables à ce que d'autres qui sont dans le besoin les utilisent, explique le professeur Roger Leandri, directeur du CECOS, (Centre d’infertilité masculine féminine et andrologie et le laboratoire de spermiologie). de Toulouse. C'est vraiment un principe de solidarité. Ça fait plusieurs mois qu'on travaille avec l'agence de biomédecine pour ça. Une date est fixée mi-mai pour que Toulouse envoie aussi des paillettes en Guadeloupe, de l'ordre de 530 cette fois".
Ces transferts vont se multiplier car depuis la promulgation de la loi de bioéthique, l’assistance médicale à la procréation avec don de spermatozoïdes, la demande est multipliée par dix. C'est un essor sans précédent. Les centres de don de spermatozoïdes ont enregistré 30 000 demandes de prise en charge de couples de femmes et femmes non mariées en l’espace de 23 mois. La demande de couples femmes/hommes est quant à elle restée stable, avec environ 2 000 demandes par an.
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Depuis septembre 2022, tous les nouveaux dons de gamètes sont réalisés dans un cadre permettant l’accès aux origines : les donneurs enregistrent leur identité, dans l’hypothèse où la personne née grâce à leur don voudrait avoir connaissance de ses origines.
Les stocks constitués dans le passé sous le régime de l’anonymat ne pourront plus être utilisés à partir du 31 mars 2025. Durant cette période transitoire et jusqu’à cette date, les centres de don peuvent encore utiliser les anciens stocks de paillettes de spermatozoïdes issus de donneurs anonymes.
Equité sur le territoire
Des hétérogénéités existent sur le territoire, tant sur la qualité et le nombre de paillettes de spermatozoïdes détenues par les centres de don, que sur la disparité des caractéristiques physiques des donneurs.
Pour limiter l’impact de ce changement et contribuer à une meilleure équité de prise en charge sur l’ensemble du territoire, l’Agence de la biomédecine a entrepris de piloter la mutualisation des stocks de paillettes existants.
A Toulouse, l'opération se fait dans la concorde. "L'équipe à Toulouse a réalisé ce transfert bien volontiers, malgré le fait que ça représente un certain travail de faire ça. Ce n'est pas que des paillettes que l'on transfère, précise le professeur Léandri, c'est un certain nombre de données. Il faut aussi sélectionner quels donneurs on peut céder en fonction du nombre d'enfants dont ils sont déjà à l'origine car la plupart ont déjà été utilisés à Toulouse. Il y a un nombre d'enfants limité à 10 par donneur".
C'est l’Agence qui a identifié les centres qui, comme Toulouse, bénéficient de stocks pouvant être répartis et les centres en déficit. Elle a accompagné ces derniers dans leur mission et a participé, en lien avec la Direction générale de la santé, à l’élaboration d’une convention de transfert de paillettes de spermatozoïdes entre centres de don.
Recrutement de donneurs
Cette stratégie de redistribution des paillettes de spermatozoïdes est d’autant plus importante qu’elle permet aux centres de don de constituer leur stock de paillettes de donneurs "nouveau régime". Cette opération repose sur une logique de solidarité entre les centres de don de gamètes qui pourrait ultérieurement devenir la règle en matière de don de gamètes.
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L'évolution de ces stocks fait l’objet d’une attention toute particulière pour répondre à la demande actuelle : le nombre de nouveaux donneurs n’a pas augmenté aussi vite que celui des demandes de prise en charge, malgré d’importants dispositifs de communication et une très forte adhésion de l’opinion à la nouvelle loi. De nouvelles actions de recrutement sont prévues en 2024 pour augmenter massivement le nombre de donneurs.
Pour optimiser la gestion des stocks existants, d’autres transferts de paillettes vont être réalisés sur le territoire au cours du premier semestre de 2024. Le premier transfert de plus de 1000 paillettes a eu lieu entre le CHU Rennes et le CHU Lille en mars dernier. Toulouse en transfère 258 ce mois-ci. Les suivants en provenance de Toulouse sont prévus en mai et juin. Ils permettront de transférer plusieurs centaines de paillettes en Guadeloupe et à la Réunion.