"Faire revivre nos Néandertaliens" : de nouvelles découvertes archéologiques éclairent la présence humaine dans les Pyrénées il y a 160.000 ans

Les fouilles archéologiques menées par Amélie Vialet et son équipe se poursuivent à la grotte de Coupe-Gorge, de Montmaurin en Haute-Garonne. Ce chantier, situé dans les Pyrénées, offre des restes humains et de faune accumulés par des hyènes. Ces recherches offrent un nouvel éclairage sur la préhistoire dans les Pyrénées il y a 160.000 ans.

Les fouilles menées par la paléoanthropologue Amélie Vialet et l'équipe du Muséum national d'Histoire naturelle avec des spécialistes du Centre de Recherches de Tautavel (UPVD) et du Muséum de Toulouse, à la grotte de Coupe-Gorge, située dans les Pyrénées à Montmaurin (Haute-Garonne), continuent et avec elles son lot de révélations fascinantes sur l'occupation humaine préhistorique de la région.

"Ce matin (jeudi 22 août 2024), nous avons approfondi l'étude des restes humains provenant de nos fouilles dans la grotte de Coupe-Gorge," explique Amélie Vialet. "Il y a un fragment de dent du même niveau que l'humérus "mordillé" par la hyène sur lequel nous avions communiqué il y a deux ans. Cela nous permet de conclure qu'il s'agit sans doute des premiers Homo sapiens".

Ce morceau d'os humain a été découvert dans un niveau archéologique riche en vestiges de faune (cheval, renne, ours, rhinocéros...) accumulés par des hyènes qui s'y étaient installées au cours du Paléolithique. Les chercheurs ne pensaient pas trouver un humain dans ce contexte qui est "celui d'une occupation par des carnivores."

Très peu de restes humains du début du Paléolithique supérieur ont subsisté, faisant de cette trouvaille une découverte importante.

Amélie Vialet explique : "cet humérus, mis au jour en 2022, est à la base de la séquence (temporelle) et est très clairement dans un niveau d'occupation mixte (animaux/homme)". Les scientifiques ont continué minutieusement à dégager l'os du sol. 

A lire : Haute-Garonne : découverte exceptionnelle d'un humérus d'homme, datant du Paléolithique, dans la grotte de Coupe-Gorge

Reste désormais à connaître sa datation exacte. Un défi. "Par rapport à ce niveau, cet ensemble 2, la question de la datation reste un peu en suspens. On attend, en fait, de faire des datations du niveau lui-même, notamment avec la méthode de l'uranium, qui correspond à la transformation, la décroissance radioactive de l'uranium en thorium au cours du temps" précise la paléoanthropologue, et maîtresse de conférence, au Muséum National d'Histoire Naturelle.

Dans la grotte, le niveau en cours de fouilles révèle également les restes de chasse des Néandertaliens, d'il y a 160 000 ans (rhinocéros, cerf, bison...). Mais pas encore de restes humain (ceux découverts datent de périodes plus récentes). Un morceau d'un os cubitus a créé beaucoup d'espoir. Il aurait été celui du plus vieil homme de Néanderthal des Pyrénnées. Malheureusement, il s'est révélé ne pas être humain.

Ces découvertes apportent un nouvel éclairage sur l'occupation humaine préhistorique dans les Pyrénées, offrant des indices précieux sur la coexistence et la succession des différentes espèces humaines dans la région.

Les Pyrénées, région refuge pour les Néandertaliens

Des questionnements demeurent mais ces fouilles permettent de "placer des points sur la carte" de la présence de ces sites préhistoriques.

Les recherches archéologiques menées à Montmaurin révèlent ainsi des éléments clés sur la présence humaine dans les Pyrénées, notamment des Néandertaliens pouvant dater de près de 400 000 ans.

Amélie Vialet souligne l'importance de ces découvertes : "Nous savons qu'il y a des groupes humains à ces périodes-là dans les Pyrénées." Une région "refuge" face aux variations climatiques.

L'état de conservation des ossements permet d'envisager des pratiques mortuaires, voire des cas d'anthropophagie.

La paléoanthropoloque exprime sa satisfaction quant aux résultats : "Nous avons prolongé le travail de Louis Méroc (préhistorien ayant ouvert les fouilles à Montmaurin), et cela permet de faire revivre nos Néandertaliens." Les fouilles se poursuivent jusqu'à fin août, avec l'espoir de découvrir davantage d'éléments qui éclaireront le mode de vie de ces anciens habitants.

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