Un homme se faisant passer pour un prêtre venu de Belgique se trouve actuellement en France. "Père Vitalis" ou "Frère Jourdain", comme il se fait appeler, est accompagné d'un jeune homme, qu'il présente comme son postulant. Un profil similaire à un autre faux prêtre belge, qui avait été accusé du viol de trois jeunes hommes, puis acquitté.
Sur la photo, l'homme est mince, chauve, la peau mate. Il porte l'habit gris et le col romain des prêtres, avec une croix autour du cou. À ses côtés un jeune homme brun, vingt ans à peine, les mains dans les poches. L'image a été postée sur le compte Facebook du diocèse de Toulouse (Haute-Garonne), mercredi 21 février 2024, accompagné d'un message clair : "Les jésuites nous alertent sur un homme se faisant passer pour un prêtre. Il est accompagné d'un jeune homme possiblement sous emprise." Un publication supprimée des réseaux sociaux suite à la parution de cet article.
Des éléments anormaux
Les jésuites de Toulouse relayent des informations transmises, au départ, par l'Abbaye de Ligugé (Vienne). Quelques semaines auparavant, l'homme se présente à l'entrée du monastère, sous le nom de "Père Vitalis". Il déclare être prêtre et prieur, et souhaite concélébrer l'office religieux. Le père chargé d'accueillir les hôtes lui réclame alors son celebret, qui est la carte d'identité des prêtres. "Il ne savait même pas ce que c'était", rapportent les moines.
Ces derniers relèvent rapidement des détails étranges qui les font douter sur sa véritable identité. "Il affirmait être dominicain, mais portait l'habit des frères de la communauté Saint-Jean, décrivent-ils. Il était fuyant, dans son coin, ce qui est étrange pour un religieux. Il faisait tout pour ne pas croiser le frère prieur."
À son départ, les frères de l'Abbaye décident alors de faire un signalement à la gendarmerie.
Incapable de célébrer la messe
Quelques jours plus tôt, le Père Vitalis tente de célébrer une messe, dans une église de la région, mais le prêtre se rend compte qu'il ne sait pas la dire. Entre-temps, il visite la chapelle de La Puye, où la photo diffusée sur les réseaux a été prise. Il dit aux religieuses qu'il est orphelin et qu'il a grandi avec des sœurs, en Belgique.
Toujours selon les témoignages des religieux, l'individu serait également intervenu devant des écoliers de Poitiers (Vienne), pour leur parler du Père Lataste, dont il se revendique l'héritier, puisqu'il assure être le fondateur de la congrégation autonome des frères et sœurs Lataste de Béthanie. Le père Lataste est appelé "l'apôtre des prisons" car il prêchait pour des détenues, au XIXe siècle.
Inconnu par le diocèse belge
Sur le compte Facebook de sa "congrégation", le père Vitalis se fait appeler "frère Jourdain". L'ordre accueillerait "des hommes de 18 à 99 précarisés et sortant de prison". On y trouve également une adresse en Belgique, à Charleroi.
Le père prieur de l'Abbaye de Ligugé entreprend alors de contacter Daniel Procureur, curé de Charleroi, pour savoir si Vitalis y officie. Sa réponse est sans équivoque : "Je ne connais pas le prêtre dont vous citez le nom dans ce mail, écrit-il. La congrégation dont il parle m'est inconnue. Soyez très prudent. Il n'est pas prêtre du diocèse de Tournai."
La piste du faux prêtre de Charleroi
En 2022, à Charleroi, un "faux curé" a fait parler de lui. Condamné en premier instance à 15 ans de prison pour viols, il sera finalement relaxé en appel. Il se faisait appeler "père Jordano", et avait été accusé par trois jeunes hommes toxicomanes, âgé de 19, 20 et 25 ans. Il leur avait offert, l'un après l'autre, de les héberger chez lui et leur aurait imposé des actes sexuels. Son casier était déjà chargé au moment de son jugement. Si le profil de l'homme correspond à celui du père Vitalis, alias frère Joudain, il est encore impossible d'affirmer qu'il s'agit de lui.
À tous ceux qu'il a rencontrés dans la Vienne, le père Vitalis a indiqué se diriger vers Lourdes (Hautes-Pyrénées), toujours accompagné du jeune homme de vingt ans, qu'il présente comme son postulant.