Depuis quelques jours, un virus inquiète les éleveurs bovins du Sud-Ouest. La maladie hémorragique épizootique (MHE) de son nom complet, s'est déjà propagée dans de nombreux cheptels. Fièvre, amaigrissement, difficultés respiratoires... Les symptômes sont nombreux, et font penser à ceux du covid-19.
Les punaises de lit ne sont plus les seules petites bêtes à terroriser la France. Depuis quelques jours, les culicoïdes, des moucherons piqueurs, empoisonnent la vie des éleveurs bovins.
Ces petits insectes sont les principaux vecteurs d'un virus qui a déjà fait des ravages en Espagne, et qui provoque une maladie, la MHE (pour maladie hémorragique épizootique).
Des symptômes proches du covid
Ce "covid de la vache" (non transmissible à l'homme) peut aussi toucher les cervidés (cerfs, chevreuils...). Mais ce sont bien les élevages de bovins les plus exposés, là où la contamination se fait très facilement. Fièvre, ulcères, museau qui coule, boiterie... Voilà pour les principaux symptômes.
Dans certains cas, la maladie peut aussi provoquer une hémorragie interne, d'où son nom de maladie hémorragique épizootique. Un symptôme sévère, qui peut conduire à la mort de l'animal. Mais cette issue reste rare. Seules 1% des bêtes contaminées par le virus en meurent, (contre 90% chez les cervidés).
La maladie fait écho à une épidémie récente dans les troupeaux, la fièvre catarrhale ovine (maladie de la langue bleue), elle aussi transmise par les culicoïdes.
D'après le Ministère de l'Agriculture, il n'y a actuellement "pas de vaccin disponible. Le traitement des animaux est symptomatique, c'est-à-dire qu’il vise à les aider à supporter la maladie et guérir".
Un climat propice au virus
La MHE n'est pas nouvelle. Elle a été détectée pour la première fois en 1955 aux Etats-Unis. Mais c'est depuis 2022 qu'elle refait parler d'elle, pour son arrivée remarquée en Europe. D'abord en Italie, puis au Portugal et en Espagne. Voilà désormais la MHE sur le sol français.
Et le dérèglement climatique n'y est sans doute pas étranger. Toujours d'après le Ministère de l'Agriculture, le virus est arrivé en Europe "probablement à la suite d’une dissémination de moucherons par le vent depuis la Tunisie". Le climat européen actuel étant particulièrement propice à la prolifération de ces insectes.
Auprès de nos confrères de l'AFP, Stéphan Zientara, directeur du laboratoire de santé animale de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) le confirme. Pour lui, "on ne peut pas ignorer le lien entre le réchauffement climatique et la diffusion de ces maladies vectorielles, qui nécessitent certaines conditions climatiques".
Un risque économique
Avec ce virus peu mortel, la crainte pour un éleveur n'est donc pas tant de perdre ses bêtes, mais de ne pas pouvoir les vendre. De nombreux pays ont par exemple déjà bloqué l'importation de bovins depuis la France, comme l'Algérie, le Maroc, Israël ou le Liban.
Plusieurs foyers ont été détectés dans le Sud-Ouest, avec à chaque fois la mise en place d'une zone réglementée à 150km à la ronde, interdisant les mouvements d'animaux vers d'autres pays de l'Union Européenne.