La région Nouvelle-Aquitaine a sans surprise voté ce 13 décembre sa participation au financement de deux lignes à grande vitesse (LGV),vers Toulouse et Dax. Mais des opposants à ce projet controversé de 14 milliards d'euros, rassemblés à Bordeaux, ne désarment pas.
Les élus régionaux ont décidé d'affecter 710 millions d'euros à l'établissement public chargé de financer le Grand projet du Sud-Ouest (GPSO) qui prévoit la création de ces nouvelles lignes dans le prolongement de la LGV Paris-Bordeaux. Le président (PS) de Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, s'est félicité d'un vote "à une large majorité" - seuls les groupes écologistes et RN s'étaient prononcés contre - qui engage "la vie de la région pour aujourd'hui, demain et après-demain".
Toulouse à 3h10 de Paris
L'objectif du GPSO, vieux projet relancé cette année par le gouvernement, est de faire gagner une heure de trajet vers Toulouse, mettant la 4e ville de France à 3h10 de Paris, et 20 minutes vers Dax.
Sa facture estimée à 14,3 mds d'euros doit être réglée à 40% par l'État, qui débloquera 4,1 milliards pour Bordeaux-Toulouse mais ne s'est pas encore engagé sur Bordeaux-Dax, à 40% par les collectivités locales d' Occitanie et de Nouvelle-Aquitaine et à 20% par l'Union Européenne. Son plan de financement doit être finalisé ces jours-ci, ce qui permettra la création par ordonnance d'ici au mois d'avril de l'établissement public de financement.
Si les 16 collectivités d'Occitanie concernées se sont rapidement mises d'accord pour réunir 2,2 milliards d'euros, cela n'a pas été le cas pour les onze collectivités de Nouvelle-Aquitaine, qui doivent rassembler 1,7 milliard d'euros.
Les départements du Lot-et-Garonne et de la Gironde ont préféré financer des "trains du quotidien". Samedi, la communauté d'agglomération Pays Basque pourrait également se prononcer "contre".
Cette semaine, les communautés d'agglomération de Dax, Agen et Pau, et le département des Pyrénées-Atlantiques, pourraient rejoindre le camp des "pour".
Une manque de 150 millions d’euros ?
Au final, 150 millions d'euros pourraient manquer au pot commun néo-aquitain, ce qui n'est pas "insurmontable", estimait la semaine dernière Alain Rousset. Venues de Lot-et-Garonne et de Gironde, quelque 150 personnes, dont une vingtaine d'élus locaux en écharpe tricolore, ont manifesté lundi 13 décembre au matin, à Bordeaux devant l'hôtel de région, lancant en l'air "10 milliards d'euros" en billets de Monopoly, symbole selon eux de la "gabegie" d'argent public du projet.
Ces manifestants ont aussi dénoncé la création d'un "impôt LGV" qui touchera les particuliers et les entreprises vivant à moins d'une heure des futures lignes.
Le financement de la ligne à grande vitesse entre Bordeaux et la ville rose fait toujours débat. Des élus réclament de la "transparence" sur la taxe spéciale d’équipement et demandent de rendre publiques "les conclusions des études de financement […] proposées au gouvernement afin de permettre à chacun de pouvoir se positionner de manière totalement éclairé.