Après étude de tous les documents liés à l'utilisation et au fonctionnement du fonds Marianne, Claude Raynal, président de la commission des finances et sénateur de Haute-Garonne, a officiellement demandé l'ouverture d'une commission d'enquête. Deux associations sont dans le viseur.
C'est par Twitter que le sénateur socialiste de Haute-Garonne s'est exprimé ce lundi 24 avril. Il y a quelques jours, il avait officiellement demandé au Ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin de lui fournir l'intégralité des documents liés au fonds Marianne. Un fonds de 2 millions d'euros, à destination de 17 associations, pour lutter contre le séparatisme, créé à l'initiative de Marlène Schiappa en 2021.
Deux associations posent problème
D'après Claude Raynal, "les travaux de 15 des 17 associations financées ne semblent pas poser de problème à ce jour". Mais les deux restantes, qui ont touché à elles seules un tiers des subventions, posent question.
La première, l'Union des sociétés d'éducation physique et de préparation au service militaire, a perçu 355.000€ grâce au fonds Marianne. Mais ses activités ne semblent en rien liées à la lutte contre le séparatisme.
Qui plus-est, elle n'a pas collaboré à l'étude de la Commission des Finances : "L’association n’a pas rendu compte de son action, et n'a pas répondu aux diverses sollicitations. Un contrôle est conduit depuis mars 2023 sur son action, ce qui me parait tardif. Elle fait, aujourd'hui, l’objet d’un signalement au Procureur.", explique sur Twitter Claude Raynal
La seconde, "Reconstruire en commun", a elle perçu 300.000 € via ce fonds, alors qu'elle n'avait que quelques mois d'existence. Là encore aucun lien avec la lutte contre le séparatisme. L'association aurait produit plus d'une cinquantaine de vidéos à caractère politique, visant à dénigrer certains opposants à Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle. Anne Hidalgo fait partie des personnalités visées par ces vidéos, elle a annoncé déposer plainte.
L'étude des documents remis à la Commission des Finances concernant Reconstruire en commun "témoigne de nombreuses alertes sur ses productions faisant apparaître des éléments de contenus politiques problématiques.", assure Claude Reynal.
Compte tenu de ces premières conclusions, le président de la Commission des Finances demande l'ouverture d'une commission d'enquête. Il fera sa proposition officielle au Sénat la semaine prochaine, "pour mener notamment un certain nombre d’auditions portant sur la gestion de ce fonds et en tirer quelques préconisations pour l’avenir."
Marlène Schiappa s'est défendu ce week-end
Durant le week-end, Marlène Schiappa, à l'initiative de ce fonds, a réagit à la polémique, après l'enquête conjointe du magazine Marianne et France Télévisions.
Là où certains l'accusent de détournement de fonds ou d'objet, elle rétorque : "FAUX, diffamant, infamant. Il y a 17 projets qui ont été subventionnés. Ce sont 2 associations signalées, aucunement mes « amies », et qui doivent et peuvent être entendues."
La Secrétaire d'Etat chargée de l'Economie Sociale et Solidaire a également annoncé porter plainte contre "plusieurs plateformes et individus pour diffamation".