En Occitanie, la quasi totalité des départements sont en dessous de la moyenne nationale s'agissant de l'entretien du réseau d'eau potable, mais aussi de la limitation des fuites.
1 litre sur 5 qui passe dans les canalisations n'arrive jamais au robinet. Au niveau national, 20% de l'eau potable distribuée est perdue. Cette "évaporation" pourrait alimenter la consommation de 18 millions de Français. Le phénomène n'a rien de nouveau. Mais il prend une tout autre dimension en période de sécheresse.
Des fuites en cascade
Techniquement, le niveau de fuite se mesure au travers d'un taux de rendement. Les spécialistes estiment qu'il est impossible d'atteindre 100% c'est-à-dire "zéro fuite". Au niveau national, la moyenne du rendement du réseau de distribution est de 80,4%.
Autrement dit, la moyenne nationale s'agissant des fuites est de 19,6 %.
En Occitanie, un seul département se situe à ce niveau : la Haute-Garonne. Selon les données collectées en 2020 par l'Observatoire des services publics d'eau et d'assainissement, le département a un taux de rendement compris entre 80 et 91 %. Autrement dit, le niveau de fuite se situe entre 20 et 19%.
En revanche, on dépasse ou on s'approche du seuil des 30 % dans le Tarn, l'Aveyron, les Hautes-Pyrénées ou encore les Pyrénées-Orientales.
Le département qui a les chiffres les moins bons est l'Ariège.
Entre 30 et 40 % de fuite en Ariège.
Sispea, observatoire national des services d'eau et d'assainissement
Ces données sont à relativiser. D'abord, il s'agit de moyennes. Mais, surtout, les situations varient en fonction des communes. En fait, on relève un constat, valable en Occitanie comme sur l'ensemble du territoire national : plus un réseau dessert de personnes, plus son rendement est bon. En d'autres termes, les zones rurales sont plus touchées par les fuites que les aires urbaines.
Il existe une exception notable : Paris. Dans la capitale, il n'y a pas que la Seine qui coule à flot. Les fuites sont nombreuses et constituent un volume important. Mais, en dehors de ce contre-exemple, on observe un taux de fuite plus important à la campagne que dans les villes.
Mais, que ce soit dans les champs ou au milieu des immeubles, un facteur est déterminant. Il s'agit de l'entretien du réseau. Et, sur ce point, la région Occitanie est dans la moyenne nationale du niveau d'investissement. Il n'en reste pas moins que ce niveau est particulièrement bas.
Un réseau de distribution vétuste et mal entretenu
De l'eau qui s'échappe des tuyaux et qui n'arrive jamais au robinet. L'explication du phénomène est principalement liée à l'état du réseau. La moitié des 840.000 kilomètres de tuyaux ont 50 ans. La vétusté du réseau est la principale explication des pertes "sèches". L'ancienneté des installations conduit à de la corrosion ou à la perte d'étanchéité des joints.
Ce n'est cependant pas le seul facteur. Des mouvements de terrain, surtout en période de sécheresse, peuvent abimer les tuyaux. Le choix des matériaux peut également jouer. Mais c'est surtout l'absence d'entretien et surtout le niveau d'investissement qui pèsent dans la balance.
150 ans pour renouveler le réseau.
Sispea
Au niveau national, le taux de renouvellement du réseau est de 0,61%. Avec un tel investissement, il faudrait plus d'un siècle pour moderniser des installations qui remontent, dans leur grande majorité, aux années 70.
L'Occitanie ne fait pas exception. La région se situe dans une fourchette entre 0,5 et 0,7 % de taux de renouvellement. Encore une fois, il s'agit d'une moyenne.
Ainsi le département de la Haute-Garonne va investir 400 millions d'euros d'ici à 2030 pour moderniser le réseau de distribution. Néanmoins, les "eaux" restent, globalement "basses" alors que les installations sont vieillissantes.
Les agences de l'eau sont en première ligne pour réaliser travaux et investissements. Leur dotation budgétaire a été revue à la baisse. La tableau reste donc assez sombre.
Il faut toutefois rappeler un point : " 1 litre d'eau sur 5 litres" finit dans la nature. Ce n'est pas reluisant en terme d'efficacité du réseau de distribution. Même si la France fait mieux que l'Italie (38% de fuite) ou que la Belgique (27%)
Mais il ne s'agit pas vraiment de perte. Les litres qui ne finissent pas au robinet vont tout de même dans le sol, dans les nappes phréatiques ou les cours d'eau. Et, finalement, ils reviennent dans le cycle de... l'eau.