Grève des laboratoires : "une mesure inacceptable aussi bien sur le fond que sur la forme" pour Richard Fabre, président des biologistes d'Occitanie

Lundi 14 novembre, les 450 laboratoires de biologie d'Occitanie seront fermés pour au moins deux jours. Ils contestent la réduction de 250 millions d'euros de leur budget alloué par le gouvernement. Explication avec Richard Fabre, président des biologistes d'Occitanie.

Chez Airbio, laboratoire de biologie médicale comprenant 5 établissements dans la région toulousaine, la couleur est annoncée depuis plusieurs jours sur la page d'accueil de son site internet : "En raison d’un mouvement de mobilisation de l’ensemble de la profession contre un projet gouvernemental de baisse drastique des financements de la biologie du quotidien, et parce que le gouvernement refuse de négocier, nous vous informons que vos laboratoires seront fermés pendant trois jours reconductibles, du 14 au 16 novembre 2022.

Le mouvement de protestation devrait être très largement suivi par les 450 laboratoires d'Occitanie et ses 5 000 employés. Depuis l'annonce, fin septembre, des 250 millions d'euros d'économies à réaliser de gré ou de force dans leur secteur, Richard Fabre, président des biologistes d'Occitanie, s'alarme d'un "coup de rabot" et s'y oppose par tous les moyens.

France 3 Occitanie : Comment justifiez-vous ce mouvement de grève ?

Richard Fabre, président des biologistes d'Occitanie :Tout d'abord, nous regrettons de devoir nous mettre en grève. En ce moment, se discute le projet de financement de la sécurité sociale, le PLFSS. Dans ce cadre, le gouvernement nous demande une contribution importante de 250 millions d'euros en prétextant de l'augmentation du chiffre d'affaires des laboratoires avec la crise Covid. Nous sommes d'accord pour payer cette cotisation exceptionnelle en 2023 car le Covid a été en effet une grosse activité pour les laboratoires. Mais là où nous ne sommes plus du tout d'accord, c'est lorsque le gouvernement souhaite la pérenniser pour les prochaines années.

France 3 Occitanie :  Quelles conséquences pourrait-elle avoir ?

Richard Fabre, président des biologistes d'Occitanie : Cela nous ramènerait aux chiffres d'affaires de 2009, donc un recul de 14 ans. Aucune activité ne peut l'accepter. Ce que l'on demande, c'est que ce qui reste exceptionnel, le reste. Nous avons négocié avec le gouvernement cette baisse de 250 millions d'euros pour 2023. Ce que nous ne voulons pas, c'est qu'elle se pérennise sur la biologie de routine, réalisée au quotidien en dehors du Covid, car cela nous amènerait à un changement de modèle de la biologie et créerait des déserts de laboratoires.

France 3 Occitanie : Pourquoi des laboratoires fermeraient-ils avec cette mesure ?

Richard Fabre, président des biologistes d'Occitanie : Nous pensons que c'est la même politique rabot qui a été appliquée au système de santé en général et qui amène à la création de ces déserts médicaux catastrophique. Nous avons pu maintenir nos implantations partout en Occitanie, car nous avons eu des accords négociés pendant neuf ans avec la Sécurité sociale. Durant cette période, nous avons parfaitement maîtrisé notre budget. En 9 ans, nous avons eu 3% d'augmentation de notre chiffre d'affaires pendant que les autres professionnels de santé connaissent une hausse de 27%. Les Français qui payaient 66 euros par an en 2013, payent aujourd'hui 57 euros. Nous n'acceptons pas que le gouvernement profite de la suractivité qu'il a lui-même provoquée avec le Covid pour porter atteinte à cette enveloppe de routine de façon pérenne. C'est inacceptable autant sur le fond que sur la forme.

France 3 Occitanie : Le mouvement sera-t-il très suivi par les  450 laboratoires d'Occitanie ?

Richard Fabre, président des biologistes d'Occitanie : Oui. Ce mouvement est déclenché par les 4 syndicats de biologie libérale, plus les grands groupes de laboratoires et ceux indépendants. Tout le monde est aligné sur la même position. Les analyses de routine, auxquelles s'attaque le gouvernement, ne seront pas réalisables au cours des trois prochains jours. Par exemple, les tests PCR ne seront pas assurés, sauf pour les pré-opérations. Il y a des solutions alternatives avec les pharmacies. Les laboratoires d'établissement de santé continuent de travailler pour les patients hospitalisés et pour gérer les urgences.

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