La préfecture de Haute-Garonne annonce l'instauration d'une aide pour les personnes qui ont accueilli ou qui accueillent des réfugiés ukrainiens. Un coup de pouce qui ravit les citoyens concernés, eux qui supportent les coûts supplémentaires de ces hébergements depuis des mois.
Près de 10 mois après le début de l'invasion russe en Ukraine, suivie de l'arrivée de réfugiés en France, la préfecture de Haute-Garonne annonce qu'une aide financière va être débloquée en faveur des citoyens qui hébergent ou qui ont hébergé des Ukrainiens entre le 1er avril et le 31 décembre 2022 dans le département. Le montant est fixé à 450 euros pour au moins trois mois d'hébergement, puis cinq euros par jour au-delà de ce délai. Un soutien évoqué dès le mois d'octobre par la cheffe du gouvernement, Élisabeth Borne.
"Une aide bienvenue"
La préfecture précise que cela concerne les hébergeurs de personnes déplacées bénéficiant de la protection temporaire accordée par l'Union Européenne. Ce statut permet aux Ukrainiens d'avoir certains droits s'ils effectuent une demande de titre de séjour.
"Je n'ai pas reçu cette annonce" reconnaît Oxana Conor, coordinatrice au sein du mouvement Ukraine Libre – Toulouse, et hébergeuse de réfugiés chez elle à Montbrun-Lauragais (Haute-Garonne). "Mais elle est bienvenue car on fait beaucoup pour les réfugiés. Cela serait très bien que ce travail soit récompensé".
Le premier adjoint de la commune de Montbrun-Lauragais, Didier Bigeonneau, n'avait pas non plus entendu l'officialisation de cette annonce. Comme Oxana Conor, il se satisfait de cette aide, qu'il qualifie de "compensation intéressante". L'élu accueille depuis quelques mois une réfugiée ukrainienne d'une cinquantaine d'années. Quelques habitants l'assistent et prennent son relai dans cette démarche, en faisant des courses ou en emmenant cette personne en balade par exemple.
Près de 200 euros de coût de chauffage supplémentaire
Oxana Conor, d'origine ukrainienne, accueille sa propre mère et plusieurs familles. Elle a même prêté son appartement au Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales) afin d'héberger des réfugiés : c'était "un devoir" pour elle. Cette aide va la soulager, même si elle aurait naturellement préféré qu'elle intervienne "plus tôt", afin d'être "plus à l'aise financièrement pour l'hébergement".
En plein hiver, Didier Bigeonneau chiffre les coûts supplémentaires de chauffage "entre 150 et 200 euros" pour la maisonnette qui accueille la personne déplacée. Quatre autres citoyens accueillent des réfugiés dans la commune limitrophe, à Espanès (Haute-Garonne). "Beaucoup de gens se sont montrés solidaires, et ce n'est pas l'absence d'aide qui a freiné les gens à accueillir des réfugiés au début" assure-t-il.
"Lourdeur administrative et conflit inattendu"
Un poil déçu mais pas étonné par l'arrivée tardive de cette aide, il pointe "la lourdeur de l'administration française". Il n'occulte pas non plus le caractère exceptionnel du conflit, qui justifie aussi le décalage temporel entre l'arrivée des réfugiés et l'obtention de cette aide.
L'ensemble des citoyens hébergeurs doivent constituer un dossier en ligne via l'Agence de services de paiement (ASP) en délivrant des documents d'identité afin d'être éligibles à cette aide. La demande doit être effectuée à l'issue de l'hébergement.