Hausse de l'immobilier : un artiste occitan condamne la gentrification

La gentrification touristique (embourgeoisement d'un quartier populaire) entraîne la hausse des prix de l’immobilier dans les centres villes : une des conséquences du phénomène Airbnb dénoncé à Arles par l'artiste-musicien Henri Maquet.

Gentrification, quel est donc ce mot ?

Prenons la simple définition du Larousse : tendance à l’embourgeoisement d’un quartier populaire. Un mot emprunté à l’anglais, gentry, la haute bourgeoisie anglaise. Le terme de gentrification a été inventé dans les années 60 par une sociologue, Ruth Glass, désignant ainsi les quartiers populaires de Londres alors en pleine mutation, passant de l'occupation par des ouvriers à d’autres couches sociales plus aisées.


En France, les quartiers ouvriers de certaines grandes villes ont connu ce phénomène urbain et social d’embourgeoisement. Un mouvement qui s'est accéléré dans les années 1990 dans une sorte d’élan de multiculturalisme et de mixité sociale porté par ceux appelés les bobos. Un terme dont on ne sait pas exactement ce qu’il veut dire, une espèce de classe moyenne supérieure, une classe sociale aisée mais pas trop. Chacun, là où il se situe dans l’échelle sociale, en donnera sa propre définition, avec une connotation péjorative ou méliorative. Pour s’en tenir au dictionnaire : le Larousse nous parle du bobo comme d’un bourgeois bohème. 

La gentrification de l'ère Airbnb

Après gentrification,  la gentilhommisation, la boboïsation, voici l'airbnbisation. On entend beaucoup parler dans l'actualité de ce nouveau processus de gentrification. L’appellation est parlante, une amplification de la location saisonnière passant par des plateformes telles que Airbnb.


Un artiste occitan dénonce ce phénomène qu'il connaît chez lui, à Arles. C'est Henri Maquet dans sa chanson : Gentrifica.

L'artiste Henri Maquet réside tout près des arènes, dans la vieille ville. Il nous explique que ce processus a des conséquences économiques sur les prix de l'immobilier induisant de fortes inégalités sociales.

Aujourd’hui les loyers, les prix au mètre carré explosent dans les villes touristiques. La location de courte durée,  chasse les "habitants" des quartiers : des logements qui ne sont ni habités par leur propriétaire, ni loués mensuellement. Les nouvelles âmes des quartiers sont de passage, et les biens sont dans les mains de la spéculation immobilière, passés du particulier au multipropriétaire.

Cela devient étrange de vivre dans une ville où la moitié des rues ne sont pas habitées par des Arlésiens

Henri Maquet


Henri Maquet témoigne : « La vieille ville est de moins en moins accessible aux moins riches. La ville d’Arles se commercialise de plus en plus, surtout c’est la commercialisation de l’immobilier. Cela devient étrange de vivre dans une ville où la moitié des rues ne sont pas habitées par des Arlésiens, dédiées au tourisme et à la location saisonnière, comme les Airbnb, les trucs comme ça. »
Les "trucs comme ça" ce sont entre autre des plateforme de location comme Abritel, TripAdvisor, Homelidays... et bien sûr Airbnb.

Quelques données chiffrées

En février 2019, le journal La Provence donnait les chiffres suivants concernant la ville d'Arles :  "Airbnb a comptabilisé 42 000 arrivées voyageurs au cours des 12 derniers mois à Arles. La plateforme propose 1 300 annonces actives".
Dans ce même article, un encadré concerne plus particulièrement le quartier de La Roquette : 

Airbnb peut certes contribuer à revitaliser un coeur de ville mais le phénomène peut aussi vider ce même espace l'hiver, lors des périodes de moindre fréquentation. Et par là même, le locataire mensualisé n'a plus sa place. Le problème, ce n'est évidemment pas le Roquettois qui loue, non. Ici, on parle de gens qui n'habitent pas le quartier, qui y achètent un bien, le restaure pour en faire uniquement des logements pour les touristes.

Julia Razil

La Provence (19/02/2019)


Violette Artaud, diplômée de l’école de journalisme de Strasbourg, et ancienne pigiste à Radio France, donne quelques précisions chiffrées en août 2018 dans le journal en ligne Marsactu :   

600 logements entiers sont proposés dans le centre-ville d’Arles et quartiers alentours (Trinquetaille, Montplaisir, Griffeuille…) sur Airbnb.  Des logements qui ne pourront donc pas bénéficier à des personnes souhaitant louer un logement avec un bail classique. Ces logements réservés à la location de courte durée représentent entre 3 et 4 % de la totalité des logements sur ce secteur. Ce nombre de 600 est à mettre en rapport avec les 7500 logements loués sur ce même secteur. Sans compter les autres plateformes telles Abritel ou Bedandbrekfast.

Violette Artaud

Marsactu (août 2018)

Dans la réalité, il est donc très difficile de donner des chiffres, mais le ressenti des habitants est bien quant à lui très présent. La chanson d'Henri Maquet : Gentrifica, Airbnb, sur des airs du générique de la série « la famille Addams », dénonce la gentrification de la ville d’Arles.


Elle nous dit en occitan provençal au nom des habitants du centre ville  :  Li carrier’saran pas pu publico - Pèr di rasoun economico - E faudra gagna au casinò - Pèr se louga dins un paure estudiò - Adièu tant amado vilo - T’an vendu e per cent e per milo 
Ce qui donne en français : Les rues ne seront plus publiques - Pour des raisons économiques - Il faudra gagner au casino - Pour se loger dans un pauvre studio - Adieu ville tant aimée - Vendue pour des cents et des milles

Henri Maquet, un artiste occitan engagé

Henri Maquet, est un musicien multi-instrumentaliste et expérimentaliste, une homme-orchestre à l'imagination débordante. Son univers est souvent peuplé de créatures fantastiques, il mélange pour plus d’étrangeté encore, des instruments traditionnels et électroniques.


Belge, il est arrivé en Camargue à l'âge de 12 ans. "Mes grand-parents parlaient wallon. Quand j'ai entendu parler provençal, cela représentait la même place : la langue de famille qui raconte la culture du coin". Ce pays d'Arles et de Camargue, Henri Maquet se l'est approprié, aujourd'hui c'est un chanteur et musicien incontournable de la scène arlésienne.


Cela fait 25 ans qu’il a commencé à jouer du galoubet dans la formation Camarga Sauvajo, et depuis il n’a cessé de multiplié les projets, avec entre autres : Delta Sonic, Polifonic System, Talabrène, Ventadis, bal Pop-Trònic… 
Ces deux derniers projets sont : le duo de musique traditionnelle post-apocalyptique Maqx, qu’il mène avec l’Ariégeois Maxence Camelin, et le spectacle écolo-musical Butor Stellaris, qu’il interprète avec Emmanuelle Aymès.


Que ce soit contre la gentrification ou pour la culture d’oc, ce sont deux faces du même engagement contre le mépris de la classe populaire et du pays. Henri Maquet mène une lutte créative. 

Pour en savoir davantage sur Henri Maquet, je vous invite à revoir une de nos émissions Viure al País où nous lui avons consacré un portrait. Mais sachez, à son sujet,  que nous avons eu du mal à tout faire rentrer dans un simple reportage ! Avèm agut de mau de tot far dintrar dins un simple reportatge !

Revoir Viure al País avec Henri Maquet

A noter dans cette émission, une rencontre avec un autre militant du monde occitan, l’écrivain Serge Carles.

A voir aussi un épisode de la série Bom-Badís (coproduction France Télévisions et Piget Film) où le choniqueur Aimat Bress a écouté et analysé un album d'Henri Maquet : Bom-Badís avec Henri Maquet  - Legendàri, histoires fantastiques du pays d’Arles

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