Le syndicat des Jeunes Agriculteurs de Haute-Garonne s’apprête à bloquer la raffinerie de Lespinasse. Ses adhérents dénoncent une forte augmentation du coût des matières premières et notamment du GNR (gasoil non-routier).
Quelques bennes de fumier et de paille sur le bitume… Le blocage du dépôt pétrolier de Lespinasse, près de Toulouse, aura lieu ce jeudi 17 février de 9h à 17h.
Une action de communication nécessaire selon Nicolas Ates, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs Haute-Garonne. Ce dernier pointe du doigt une augmentation drastique du coût de nombreuses matières premières, pourtant indispensables à l’activité agricole.
"Une exploitation nécessite entre 5 000 et 70 000 litres de GNR par an selon sa taille", explique-t-il. "Le 30 mars 2021, le GNR coûtait 80 centimes le litre hors taxes. Le 10 février dernier, 1,14 euros." Une augmentation de plus de 40 % en moins d’un an, lourde pour les exploitants.
Constat global
Le GNR, le gasoil et le fioul sont soumis au cours du baril, qui a atteint un niveau historique – plus de 90 dollars début février, le chiffre le plus haut depuis 2014. "Ça se répercute aussi sur les produits azotés, donc les engrais", souligne Nicolas Ates. Leur prix a presque été multiplié par trois, passant d'environ 350 euros la tonne à 1 000.
Mais l'acier et les engins agricoles, eux aussi, ont augmenté. "Un tracteur à 90 000 euros est vendu aujourd’hui 110, voire 120 000", avance Elodie Doumeng, présidente des Jeunes Agriculteurs Haute-Garonne.
Problème : impossible pour les exploitants de compenser ces hausses. Dépendants du marché mondial, ils n’ont pas la main sur leurs tarifs : "on ne peut pas claquer du doigt et vendre notre blé 20 euros de plus à la tonne", relève Nicolas Ates. "Notre marge n’augmente pas", appuie quant à elle Elodie Doumeng.
Une situation "alarmante"
Pour le moment, le cours des céréales a suivi la hausse des prix. Mais la situation pourrait ne pas durer. "On sait qu’un jour, les prix vont rechuter", s’inquiète Nicolas Ates. Une situation critique, car les agriculteurs du département ne touchent en moyenne que 4 500 euros par an, soit 21 500 euros de moins que la moyenne nationale, selon les Jeunes Agriculteurs 31.
Alors, face à l’envolée des matières premières, il faudrait laisser les agriculteurs fixer leurs prix, estime Elodie Doumeng : "on manque d’agriculteurs, le métier n’est plus attractif. Qui souhaite faire un métier sans visibilité en termes de revenus ? La situation est alarmante…"
"C’est un métier de passion, de conviction, d’héritage familial", conclut Nicolas Ates. "Mais avec 4 500 euros par an, demain, on aura du mal à renouveler les générations. Si les matières premières continuent d’augmenter, un jour, il n’y aura plus d’agriculture en Haute-Garonne."
Jeudi, déterminés à se faire entendre, les jeunes agriculteurs témoigneront également de leur envie de pouvoir vivre de leur métier.