Une jeune femme handicapée dénonce, sur ses réseaux sociaux, le système payant d'accès prioritaire dans un grand supermarché. Un système qui n'a pas été créé, à la base, pour être payant. Une action des enseignes qui tend à renforcer la précarité des personnes concernées.
"Blogueuse à roulette". C'est le pseudo d'Anaïs Barbeau, sur son compte Instagram. En fauteuil roulant, la jeune toulousaine, partage son quotidien et son handicap avec ses 14 700 d'abonnés. Il y a quelques jours, elle décide de poster une photo sous laquelle elle décrit une situation qui lui est arrivée récemment, alors qu'elle faisait ses courses.
Une carte payante
Dans le magasin Leclerc de Saint-Orens (Haute-Garonne), elle découvre en caisse prioritaire une borne, que les personnes à mobilité réduite peuvent actionner avec une carte pour qu'un employé vienne les assister. Pour obtenir cette carte, il faut présenter un justificatif d'accès prioritaire aux lieux publics. Ce que fait la jeune femme.
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Seul problème : on lui demande de la payer deux euros pour l'obtenir. "Il est hors de question que je mette ces foutu deux euros dans cette carte, explique la jeune femme. Car qui accepterait de devoir payer pour passer à une caisse ? Je trouve que c'est encore une fois demander de l'argent à des personnes qui vivent déjà sous le seuil de pauvreté."
Des conditions dictées par les enseignes
Ces bornes et cette carte ont été mises en place pour aider les personnes à mobilité réduite, pour qui rester debout et attendre en caisse s'avère pénible. Si plus d'une quarantaine de magasins en France ont mis ce système en place, il revient à chacun d'eux de déterminer les conditions d'obtention de la carte.
C'est ainsi que certains, comme le Leclerc de Saint-Orens, font payer cette carte. D'autres demandent un chèque de caution, de 5 à 10 euros, qui n'est encaissé qu'en cas de perte. Rendre cette carte payante n'était pas la volonté de l'inventeur, Juan Guerrero, lui-même handicapé. Il élabore ce système en 2005, en colère contre ceux qui ne respectent pas sa priorité.
La carte de priorité d'accès aux lieux publics est gratuite, comme il est indiqué sur le site du service public. Si l'accès aux personnes prioritaires est gratuit et garanti par l'Etat, on peut affirmer que faire payer une carte dans un magasin, sur présentation de la carte gratuite pose donc question.