Une enquête administrative interne est ouverte après les révélations concernant Jean-Michel Pillon, l'ancien directeur des douanes de la région de Toulouse. Le syndicat majoritaire appelle à des sanctions disciplinaires si les faits étaient avérés.
La direction générale des douanes confirme l'ouverture d'une enquête administrative le 24 janvier 2024 à nos confrères de Médiapart, après les révélations impliquant l'ancien directeur des douanes de la région de Toulouse, Jean-Michel Pillon.
Une enquête particulièrement documentée des médias catalans El món à RAC1 et La Vanguardia, ont démontré qu'il serait à l'origine de la transmission de faux documents concernant Xavier Trias. Le maire de Barcelone, est accusé en 2014 de détenir un compte UBS en Suisse sur lequel figureraient 12,9 millions d'euros. Une affaire qui avait secoué le monde politique espagnol et catalan suite à un rapport de Jean-Michel Pillon, fuité dans le journal El Mundo, comme l'a déjà indiqué France 3 Occitanie.
Les documents recueillis par les deux rédactions catalanes, comprenant des e-mails, révèlent que Jean-Michel Pillon aurait concilié son rôle officiel de directeur des douanes avec des missions secrètes pour la police patriotique, en échange, d'environ 50 000 euros. Un réseau secret "soupçonné d’avoir forgé de toutes pièces des éléments de preuve pour affaiblir la formation politique Podemos et les dirigeant·e·s du mouvement indépendantiste catalan", pendant les périodes tumultueuses de "l'opération Catalogne", un dispositif mis en place par l’État visant à saper les efforts de la Catalogne pour se séparer de l’Espagne.
À la retraite
Coïncidence ou non, Jean-Michel Pillon est parti début décembre à la retraite. Y a-t-il été poussé avant que ces révélations ne soient publiées dans la presse ? " Il était "retraitable" en tout cas", commente David-Olivier Caron, secrétaire général de la CFDT Douanes, syndicat majoritaire, surpris par l'affaire. "On n'avait pas d'informations laissant croire que c'était un barbouze au service d'une autorité étrangère et qu'il se faisait payer pour ça. Par contre, le fait que l'administration tente de protéger des responsables hiérarchiques qui ont de tels errements en les poussant à la retraite ou en essayant de couvrir des choses comme ça, cela nous surprend à peine".
Un devoir d'exemplarité
Pour le syndicaliste, ce scandale entache fortement l'administration des douanes et sa hiérarchie, un mois après le lancement d'un grand plan de lutte anti-corruption par Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et de tutelle des douanes. "On est dégoûté, car ce Monsieur Pillon donnait de grandes leçons à tout le monde pour qu'on soit exemplaire. C'est pour ça qu'on est choqué. L'administration est extrêmement sévère avec ses agents et ce n'est pas anormal, car on lutte contre la fraude, on n'a pas droit à l'erreur."
Le secrétaire général de la CFDT appelle au même devoir d'exemplarité envers Jean-Michel Pillon.
"La foudre s'abat sur les agents en matière disciplinaire d'une force sans nom, mais dès qu'il s'agit de hiérarchie, c'est beaucoup plus complexe avec des enquêtes internes qui durent des mois voire des années."
"Je souhaite qu'il y ait des poursuites disciplinaires si l'enquête administrative confirme ces révélations au sujet de M. Pillon. L'exemplarité doit être déclinée à tous les étages."
David-Olivier Caron, secrétaire national de la CFDT Douanes
Au-delà de cette affaire, Jean-Michel Pillon a selon le représentant syndical laissé les agents de la direction des douanes de la région de Toulouse en souffrance. "Il y a eu beaucoup de conflits en interne que la hiérarchie n'a pas voulu traiter. Un déficit de management de M. Pillon comme de la part de la direction générale. Les équipes ne sont pas assez protégées."
Le successeur de Jean-Michel Pillon est d'ores et déjà connu. Il s'agit de Max Ballarin, actuellement directeur du service garde-côtes des douanes de Méditerranée. Il est aussi l'ancien directeur de la direction du renseignement douanier...