Deux listes se disputent les 29 sièges de l'élection municipale partielle intégrale à Saint-Jory, près de Toulouse en Haute-Garonne, ce dimanche 3 décembre 2023. Un élection anticipée suite à la démission de 10 élus et à la mise en examen du maire sortant, Thierry Fourcassier, pour corruption passive et trafic d'influence passif.
La commune de Saint-Jory, près de Toulouse, en Haute-Garonne, va-t-elle tourner la page des scandales ? Ce dimanche 3 décembre 2023, ses électeurs sont appelés à voter à une nouvelle élection municipale partielle intégrale suite à la démission de 10 membres du conseil municipal.
Ces derniers ont choisi de ne plus siéger aux côtés de Thierry Fourcassier, maire sortant, mis en examen fin septembre, pour corruption passive et trafic d'influence passif, tout comme son 1er adjoint en charge de l'urbanisme. Le premier magistrat, qui avait annoncé sa démission du conseil municipal avant d'y renoncer, a bien quitté son siège de conseiller communautaire de Toulouse Métropole, après l'ouverture d'une seconde enquête pour corruption et prise illégale d’intérêts.
Lire aussi : L'enquête s'accélère à Saint-Jory, une perquisition est en cours dans le bureau du maire Thierry Fourcassier
29 conseillers à élire
Au total, 29 conseillers municipaux et un conseiller communautaire devront donc être élus jusqu'en 2026. Deux listes de candidats vont s'affronter au cours de ce scrutin sur cette commune de 7 405 habitants, qui compte 5 700 électeurs. Les deux listes sont notamment composées d'anciens membres de l'équipe Fourcassier, dont certains ont démissionné il y a plusieurs mois, d'autres non.
"Ensemble pour l’avenir de Saint-Jory" est menée par Victor Denouvion, 31 ans, élu au conseil municipal depuis 2013, et opposant au maire actuel Thierry Fourcassier. Avec d'autres élus, il a à plusieurs reprises sonné l'alerte sur des dossiers d'urbanisme.
Également conseiller départemental de la Haute-Garonne, il a fait alliance avec Thierry Brugère, dissident de l’équipe Fourcassier. Ce retraité de la gendarmerie est à l'origine des révélations sur le vaste système présumé de corruption qui existerait entre le maire et des promoteurs immobiliers. "La première décision que nous prendrons si nous sommes élus sera symbolique, mais elle est importante. Il s'agit d'une charte de déontologie des élus, pour clore ce chapitre de corruption. Et nous suspendrons tous les projets de permis de construire en cours ou à venir après analyse", explique-t-il.
Climat de défiance
Malgré plusieurs attaques sur les réseaux sociaux du maire sortant à son encontre et à celle de Thierry Brugère, Victor Denouvion, déclare avoir "mené la campagne qu'il souhaitait". Et voit un signe encourageant en la participation d'environ 300 personnes venues assister à sa réunion publique organisée ce mardi 28 novembre 2023. " Au-delà du climat de défiance vis-à-vis des politiques, on sent beaucoup d'attente des Saint-Joryens qui ont envie de passer à autre chose ", estime le candidat.
Emmanuel Martins, 50 ans, est lui, tête de liste de "Nouveau Départ pour Saint-Jory", composée à 80% de nouvelles personnes, "qui ont des compétences mais n'ont jamais été élues", tout comme lui. Et les 20% restants ? Il s'agit de six membres de l'équipe de Thierry Fourcassier dont trois avaient démissionné au moment des révélations sur l'affaire de corruption. Les trois autres sont sortants.
Leur projet ? Redresser Saint-Jory en lançant un audit financier et remettre à l'équilibre les finances de la commune, poursuivre certains projets comme le pôle culture, la médiathèque et le pôle santé mis en stand by suite aux révélations. "Ce sont des choses qui sont graves, commente Emmanuel Martins. On les condamne et on ne les cautionne pas du tout. Il faut laisser faire la justice. Si la Ville a été lésée, nous prendrons les dispositions pour qu'elle trouve réparation", assure le candidat. Emmanuel Martins, responsable industriel dans un grand groupe aéronautique, "a d'ailleurs demandé à ses colistiers qui siègent toujours au conseil municipal de demander à ce que la commune de Saint-Jory se porte partie civile. C'est chose faite lors du dernier conseil municipal, il y a une quinzaine de jours", affirme le tête de liste.
Un seul tour devrait suffire
Parmi ses premières décisions, cet ancien candidat à l'élection départementale, membre des Républicains, voudrait "tendre la main à l'équipe adverse pour apaiser et redresser ensemble la commune". Il s'engage également à "faire signer aux élus une charte éthique rappelant les grands principes notamment vis-à-vis de la corruption" et "lancer l'audit sur le financier et l'urbanisme".
La campagne d'Emmanuel Martins et de son équipe a été mouvementée. Il y a deux jours, une de ses colistières a été physiquement agressée alors qu'elle déposait un tract dans une boîte aux lettres.
Sauf abstention record lors du scrutin de dimanche, l'élection ne devrait se jouer que sur un seul tour. Un second tour pourrait être organisé si nécessaire le 10 décembre prochain.