Mis en examen pour "corruption passive et trafic d'influence passif", Thierry Fourcassier, maire de Saint-Jory près de Toulouse, contre attaque sur les réseaux sociaux et porte des accusations contre la personne à l'origine de sa mise en cause dans des affaires de corruption.
Le torchon brûle à Saint-Jory, près de Toulouse en Haute-Garonne. À l'approche des prochaines élections municipales, organisées en décembre prochain, le maire, Thierry Fourcassier, mis en examen pour "corruption passive et trafic d'influence passif" et dont la parole se fait particulièrement rare ces dernières semaines, contre-attaque sur son compte Facebook, depuis ce samedi 28 octobre 2023.
"Mensonge ? Amnésie ? Ou Manipulation ?"
Il y accuse notammant Thierry Brugère, ancien gendarme à la retraite, élu sur sa liste en 2020 chargé de la sécurité. Ce dernier a quitté la majorité municipale pour ensuite fonder un nouveau groupe au sein du conseil municipal, "Convergences". Pour le maire de Saint-Jory, c'est lui qui aurait donné l'ordre de "consulter le fichier Taj (traitement des antécédents judiciaires)" pour un agent municipal. Cette histoire est l'une de celles qui secoue la commune depuis quelques mois. En avril dernier, le parquet de Toulouse ouvre une enquête pour utilisation présumée illégale d'un fichier officiel par la hiérarchie de la police municipale de Saint-Jory.
"Thierry Brugère était bien parfaitement au courant du Taj quelques minutes avant, avance Thierry Fourcassier dans la publication Facebook ci-dessous, en le validant par un « oui », pendant la réalisation du Taj puis quelques minutes après en le commentant. Alors Mensonge ? Amnésie ? Ou Manipulation ?." Pourtant,Thierry Brugère a été mis hors de cause par la justice dans cette affaire, contrairement au chef de la police municipale locale et son adjointe.
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Joint par France 3 Occitanie, Thierry Brugère, dément formellement.
"C'est une conversation sortie de son contexte et j'ai tout expliqué aux enquêteurs."
Thierry Brugère
"Nous cherchions à savoir pourquoi deux agents ne pouvaient avoir d'armes. J'ai dit de voir avec la préfecture, qui donne l'agrément pour le port d'armes, pourquoi ça bloquait. Quand l'agent me demande de passer au TAJ, je dis oui mais c'est sorti de son contexte. Je ne demande pas de contacter un policier de la Bac ou un gendarme" explique l'ancien commandant de brigade de gendarmerie.
Un fichier utilisé dans des cas précis
Thierry Brugère sait très bien que l'inspection technique de gendarmerie effectue des contrôles sur qui consulte ce fichier et pour quels motifs. "J'ai eu une longue carrière propre et intègre, 13 fois félicité par ma hiérarchie. Je suis enquêteur privé et clerc de commissaire de justice. Je ne dois pas avoir de casier pour quelque raison que ce soit, je n'irai pas foutre en l'air tout ça pour une histoire de Taj", justifie-t-il.
Ce fichier ne peut être utilisé que dans certains cas. "La loi autorise le SNEAS (Service national des enquêtes administratives de sécurité) à consulter les fichiers Taj dans le cadre d’enquêtes administratives, notamment avant l’embauche d’agents de police", précise son avocat Me David Nabet-Martin. "Autrement dit, il n’y a rien d’illégal dans le fait que Monsieur Brugère ne se soit pas opposé à la demande de l’agent de la policie municipale de consultation du fichier Taj. Il s’agissait à l’inverse d’une précaution utile avant d’engager un agent de police à qui allait être confiée une arme de service". Pour le défenseur de Thierry Brugère, "son client n'a pas n’a pas procédé à ces consultations, ni demandé à ce qu’elles soient réalisées en dehors du cadre règlementaire, raison pour laquelle le Procureur de la République ne l’a pas poursuivi."
Autre accusation portée à son encontre, celle de harcèlement. "Harcèlement moral ? Les langues se délient au delà des agents municipaux, affirme encore Thierry Fourcassier: Grâce aux révélations d’un ancien gendarme collègue de Thierry Brugère. Une gendarme témoigne maintenant du comportement "très inadapté" répétitif de Thierry Brugère, alors son supérieur hiérarchique, à son égard. Mais attention de toujours bien respecter la présomption d'innocence", écrit le maire qui annonce avoir informé le procureur de la République sur plusieurs cas de harcèlement envers des agents municipaux.
Là aussi, Thierry Brugère n'hésite pas à répondre. "Vous pouvez demander partout autour de moi, jamais je n'ai jamais harcelé qui que ce soit. Avec mon club de self défense, j'apprends à des enfants à lutter contre le harcèlement scolaire, notamment. Je ne vais pas me laisser salir", rétorque-t-il.
Une cabale politique
Pour Thierry Brugère, qui avait embauché cette ancienne réserviste de gendarmerie comme policière municipale, ces accusations relèvent d'une cabale politique. Thierry Brugère se présente aux prochaines élections municipales sur une liste commune avec Victor Denouvian, autre tête de liste opposant à Thierry Fourcassier.
Accusée de management brutal par plusieurs de ses collègues, l'ancienne réserviste de gendarmerie devenue policière municipale, aurait fait l'objet d'un audit. "Suite à des dysfonctionnements dans la police municipale, j'avais demandé un audit après avoir alerté la direction des services généraux, et la RH. Le maire a lu l'audit. On devait lui retirer la partie opérationnelle pour qu'elle ne commande plus ses collègues. Elle n'a finalement reçu que des sanctions administratives. 15 jours après, elle a demandé une protection fonctionnelle, m'accusant de harcèlement ! C'était juste avant l'affaire du Taj, dont elle devra répondre en mai prochain au pénal. L'accusation de harcèlement c'est pour dire que c'est moi qui ai mis la pression à cette fille pour qu'elle regarde le Taj. Or, je n'ai rien à voir là dedans. Tout ça, c'est une cabale politique !"
Un signalement pour harcèlement
Thierry Fourcassier évoque aussi un cas de persécution à l'encontre d'une gendarme lorsque Thierry Brugère était chef de brigade de gendarmerie. "C'était une gendarme que j'ai dû recadrer comme d'autres personnels qui agissaient en dehors des clous". Celle-ci se serait ensuite plainte à sa hiérarchie, laquelle a soutenu le commandement de Thierry Brugère.
Pour l'ex élu en charge de la sécurité qui a depuis démissionné du conseil municipal, "Thierry Fourcassier est dans la vengeance." Pour quelles raisons ? Thierry Brugère, décrit par ses anciens collègues, comme quelqu'un "d'entier", "de droit" et "d'honnête", est celui qui a fait tomber le conseil municipal. Et il ne s'en cache pas. Il est celui qui a alerté la justice sur les faits présumés de corruption concernant l'actuel maire. " Moi, je suis dans une démarche de justice. On m'a sali, j'irai au bout." Contacté, Thierry Fourcassier, toujours présumé innocent, ne nous a pas encore répondu.