Selon le site Meilleurs Agents, les prix ont chuté pour la première fois depuis bien longtemps sur la ville rose. Crise sanitaire et économique oblige, s’oriente-t-ton vers une phase de repli à plus long terme ? La réponse des spécialistes.
Selon le dernier baromètre national des prix de l’immobilier publié par Meilleurs Agents, les prix ont donc chuté de 0,7% pour le mois d’octobre sur Toulouse. « Cette baisse est d’autant plus significative que Toulouse était la ville où, avant le Covid, l’augmentation prévue pour 2020 était la plus forte, + 10% » recontextualise Thomas Lefebvre qui a dirigé cette étude.
« Moi, je serais prudent et ne tirerais pas de conclusion hâtive sur un chiffre qui ne concerne qu’un mois » prévient Frédéric Giral pour la Chambre des Notaires. « Nous, nous faisons nos statistiques sur des actes signés, c’est concret. Et en septembre nous préférions parler de tassement » relativise-t-il.
L'impact de la crise aéronautique
Pour le directeur scientifique de Meilleurs Agents, en immobilier, trois moteurs de croissance sont à observer sur chaque ville : la démographie, l’emploi et les infrastructures. Dans le cas de Toulouse, l’emploi a été largement impacté par la crise du Covid, dans l’aéronautique notamment. La conséquence possible étant que la ville devient aussi moins attractive d’où un risque pour sa démographie.
« C’est vrai qu’à Toulouse, on est sur un marché très local avec une clientèle travaillant beaucoup dans le secteur de l’aéronautique » explique Maître Giral.« La crise du secteur aéronautique va forcément avoir des conséquences sur le marché » reconnaît le notaire.
Alors demande supérieure à l’offre pour certains biens ou quartiers, influence des airbusiens trustant le marché, faut-il pour autant en conclure que ces deux phénomènes peuvent disparaître ? « La demande était plus forte à Toulouse qu’ailleurs » reconnaît Thomas Lefebvre.
On achetait un bien immobilier aussi vite qu’une machine à laver. Les acheteurs vont désormais avoir plus de temps pour se décider et le ratio acheteur/vendeur va s’équilibrer» Thomas Lefebvre, directeur scientifique Meilleurs Agents.
« Les hausses de prix comme on a eu avant confinement, c’est sûr ça va s’arrêter » assène Maître Frédéric Giral. Mais cette baisse des prix signifie-t-elle qu’il sera plus facile d’acheter un bien dans la métropole de Midi-Pyrénées ? « Ne rêvez pas. Sur les biens hyper demandés, vous ne ferez pas d’affaire dans l’immédiat » nuance le notaire spécialiste de l’immobilier.
Mais là où les professionnels s’accordent c’est sur « l’attentisme » qui va frapper les acquéreurs. « La pandémie et la crise qui en découle vont avoir un impact sur le moral des ménages » analyse Thomas Lefebvre. « Il va être difficile de s’engager sur le long terme » reconnaît le directeur scientifique de Meilleurs Agents.
Attentisme à prévoir chez les acheteurs
Frédéric Giral, lui, évoque un prévisible « changement de mentalités » chez les acheteurs. Le notaire redoute aussi « un durcissement de l’octroi des crédits » par les banques. « L’emploi des candidats emprunteurs sera scruté de près » prévient-il. « Même si les taux restent bas, certains candidats à l’achat ne seront pas suivis par leur banque ».
A priori on en n’en est pas encore là. « La distribution de crédits reste dynamique en région Occitanie et notamment sur le marché des particuliers » assure la Banque de France. « Fin août 2020, l’encours total de crédits immobiliers aux particuliers étaient de 80,1milliards d’euros, en augmentation de 4% en 8 mois » selon son service des études.
Des banques plus sourcilleuses ?
« Les conditions d’octroi des crédits immobiliers sont inchangées » assure-t-on là-bas tout en soulignant le rappel des autorités de contrôles aux bonnes pratiques en matière de distribution des crédits immobiliers. « Le taux d’endettement maximal de 33% des revenus sera quand même regardé de manière plus pointilleuse » selon Frédéric Giral.
« La demande va s’éroder » reconnait Thomas Lefebvre. « Mais le pouvoir d’achat des toulousains sur l’immobilier ne va pas être mauvais » assure l’analyste. « Les taux vont rester bas (1,3% en taux fixe selon la Banque de France). Même si le chômage va encore augmenter, le souhait du gouvernement est de protéger l’économie » assure le superviseur du baromètre de Meilleurs Agents. « L’inconnu pour tous, c’est la durée de la crise » conclut Maître Giral.