Immobilier à Toulouse: le quartier Saint Simon au bord de l'asphyxie ?

C’est un secteur résidentiel du sud-ouest de Toulouse qui a su préserver l’âme d’un village, mais qui semble au bord de la crise de nerf. Dans le quartier Saint Simon, des habitants se mobilisent face à la surenchère de projets immobiliers.

Le quartier de Saint Simon est-il arrivé à saturation ? Autrefois connu pour ses nombreuses parcelles maraîchères ou pour ses vignes, ce quartier toulousain a connu une poussée immobilière conséquente ces dernières années. Beaucoup de ses résidents travaillent à Toulouse ou dans sa proche banlieue. Il reste encore apprécié pour sa tranquillité, sa vie sociale articulée autour de la place de l’église, et ses petits commerces de proximité.  Et pour sa nature encore préservée par endroits, qui fait de lui un petit poumon vert toulousain. Mais certains de ses habitants voient rouge en ces temps de multiplication de projets immobiliers qui, selon eux, contribuent au « saccage en règle de leur habitat et de leur espace de vie ».

Un bétonnage intensif

Pour Jean-Marie Corbi, habitant du quartier et membre du collectif citoyen de défense de Saint-Simon, « les immeubles collectifs viennent défigurer le quartier et le patrimoine, et détruire l’habitat historique individuel et les espaces verts existants. »
Ce collectif, rejoint dans ses revendications par des membres de l’association Saint-Simon Environnement et par des parents d’élèves de l’école Paul Bert, dénonce notamment « le bétonnage intensif encouragé par une mairie avide de taxes foncières et orchestré par les promoteurs ».

Ces citoyens cherchent aussi à démontrer l’aberration d’un développement tentaculaire des projets immobiliers dans ce secteur, alors que les infrastructures annexes, notamment les services publics, ne suivent pas la cadence. Les écoles sont saturées, les équipements culturels ou sportifs sont insuffisants… Résultat, pour Jean-Marie Corbi,"beaucoup de parents du quartier inscrivent leurs enfants dans des clubs sportifs ou dans des activités culturelles des communes avoisinantes, à Cugnaux ou à Tournefeuille. »

Des vélos et des piétons oubliés 

Autre problématique majeure : la circulation. Aux heures de pointe, les principaux axes du quartier sont saturés par les voitures, les sens de circulation ne sont guère adaptés à cette surcharge de déplacements motorisés… Les téméraires qui privilégient les deux-roues doivent jouer des coudes pour se frayer un chemin au milieu des files de véhicules. Aucune voie cyclable, aucune trace au sol pour les protéger lorsqu’ils sont autorisés à remonter une rue interdite aux voitures…Pour les piétons, même "combat" : certaines zones sont sans trottoirs, leur largeur est si étroite qu’une simple poussette d’enfant devient un convoi exceptionnel.

Pour la Mairie, des projets nécessaires pour accueillir de nouvelles populations

Du côté de la Mairie, l'adjointe à l'urbanisme Annette Laigneau se dit consciente des problématiques soulevées par ce collectif. Mais l'élue réfute l'idée d'une signature de permis de construire à outrance pour engranger des taxes foncières. Selon elle, "les projets d'aménagement et de développement durable mis en oeuvre par la ville cherchent au contraire à préserver le quartier Saint-Simon d'un taux de constructibilité déraisonnable. Nous établissons des typlogies de territoires à préserver, Saint Simon en fait partie. Nous avons construit le groupe scolaire Guilhermy. Nous travaillons à l'acquisition de terrain foncier pour un autre groupe scolaire. Et nous ferons en sorte que les équipements culturels ou sportifs accompagnent ce développement urbain".

Pour l'adjointe de Jean-Luc Moudenc, "l'attractivité économique de Toulouse est un atout. Mais la conséquence, c'est qu'il faut trouver une offre d'habitat en conséquence. Chaque année, entre 6000 et 8000 personnes sont en demande de logement, en comptant celles qui arrivent et celles qui désirent rester à Toulouse. Ces projets immobiliers sont donc nécessaires pour accueillir ces nouvelles populations. Le tout dans le cadre du manifeste Toulouse ville rose-ville verte établi par la ville". 


 Le collectif des habitants de Saint Simon estime pour sa part que la Mairie reste sourde à ses doléances. Il a décidé de se faire entendre. Mardi 4 juin, une manifestation réunissant toutes les générations a mobilisé plus de 200 personnes entre la place de l'église et l'école Paul Bert. Dans la liste des revendications, la mise en oeuvre d'une charte architecturale et de sauvegarde du patrimoine, un plan de circulation adapté, la construction d'un gymnase, ou encore la rénovation de l'ancienne école du quartier pour y accueillir des associations.

Le reportage de Christophe Neidhardt et Eric Foissac
 

 
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