L'explosion des prix annoncés pour les prochaines semaines fait craindre le pire pour les consommateurs. L'incertitude est encore plus forte pour les associations caritatives, qui comptent sur un maintien des dons pour faire face à un afflux de demandeurs d'aide alimentaire.
"Un mars rouge", c'est ce que prédisent certains spécialistes à propos de l'inflation qui risque d'exploser. Après les dernières négociations entre les fournisseurs et la grande distribution, les prix pourraient augmenter d'environ 10% d'ici au printemps (25% sur 1 an).
Conséquence : un ticket de caisse salé, qui touche les associations caritatives. Elles doivent jongler entre la gestion des bénéficiaires et la générosité des donateurs.
Collecte nationale des Restos du Coeur ce week-end
C'est dans ce contexte que les Restos du Cœur lancent leur grande collecte nationale ce week-end, du 3 au 5 mars 2023.
Depuis octobre 2022, le nombre de bénéficiaires a augmenté de 18% dans les locaux des Restos en France. À Pamiers en Ariège, la collecte nationale est particulièrement attendue car la situation est sous tension. "On a une hausse de bénéficiaires, contrairement à avant où il y avait moins de familles" observe Valérie Braquet. "On a de plus en plus de mal" avoue la responsable de l'antenne locale.
Les donateurs restent actifs pour la plupart
Heureusement, les personnes habituées à donner restent fidèles. À la Banque alimentaire, ce sont des entreprises de la grande distribution et des producteurs qui fournissent des articles à la limite de la date de péremption ou non-conformes au circuit de vente (mais consommables). L'organisme se charge ensuite de les redistribuer aux associations.
"D’une manière générale, nos donateurs font plus attention " remarque Christophe Desfemme, président de la Banque alimentaire de Toulouse. "Pour eux, c’est un révélateur de donner car des gens en ont encore plus besoin qu’eux".
Même altruisme du côté du Secours Populaire. "Le soutien est toujours présent : c'est lié au fait que les donneurs sont conscients de la difficulté que peuvent rencontrer les personnes précaires" constate Houria Tareb, présidente de l'association à Toulouse.
Des demandes en hausse
Dans le même temps, l'augmentation du nombre de souscripteurs de colis ou de denrées alimentaires est forte. "On a des demandes supplémentaires d'associations car ils ont plus de bénéficiaires" admet Christophe Desfemme. Le responsable se veut néanmoins rassurant par rapport à ce contexte d'inflation : "on est habitué, ça fait partie de notre ADN. On fait du mieux possible".
Au Secours Populaire, c'est l'inquiétude qui prédomine. "On est pessimiste car on a déjà une augmentation des personnes demandeuses : +53% à la même période par rapport à 2022" indique Houria Tareb.
L'association est davantage sollicitée pour des aides d'urgence, avec des familles n'ayant "plus rien dans leur frigo, plus rien à donner à leurs enfants" rapporte la présidente. Les créneaux d'accueil d'urgence se sont multipliés : 80 sur une après-midi, au lieu d'une soixantaine habituellement.
"Les inégalités vont se creuser"
"On n'a plus assez de temps d’écoute et d’accompagnement" regrette Houria Tareb. "On est un peu sous pression, et on a l'impression que ça ne s’arrête plus." Surtout, cette inflation risque d'affecter la santé de bénéficiaires. "Ils vont devoir faire des choix, sans pouvoir se nourrir dignement. Les inégalités vont se creuser" alerte Houria Tareb.
La collecte des Restos du Cœur de ce week-end s'organise dans plus de 7.000 supermarchés en France. L'objectif est de récolter près de 9.000 tonnes de denrées.