Insultes, soupçon d'agression... la tension monte entre les syndicats UNI et communistes à la fac de droit de Toulouse

Dans un communiqué, l’UEC accuse des membres de l’UNI d’avoir traité de « sale youpin » le président du syndicat. De son côté, l’UNI dénonce des insultes racistes qui auraient été proférées par le président de l’UEC envers un vigile de l’université.

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Une guerre de communiqués qui creuse un peu plus le fossé entre les deux syndicats. Cette semaine, le mouvement étudiant de droite UNI Toulouse, et l’Union des Étudiants Communistes Toulouse se sont accusés mutuellement d’antisémitisme et de racisme à la suite d’incidents ayant eu lieu à l’Université Toulouse Capitole.

Des accusations différentes

C'est dans un courrier privé envoyé le lundi 27 mars à la présidence de l’université puis rendu public le lendemain sur les réseaux sociaux que l'UEC évoque des insultes antisémites proférées à l'encontre du président du syndicat en début de semaine. " On a un camarade qui distribuait des tracts pour la mobilisation contre la réforme des retraites qui s’est fait insulter de « sale youpin » par des membres de l’UNI ," explique Bastien Bonnargent, secrétaire départemental du Mouvement des Jeunes Communistes de Haute-Garonne.

De son côté, dans un communiqué envoyé à la presse mardi soir et publié mercredi sur les réseaux sociaux, l’UNI dénonce une altercation "entre un agent de sécurité et le responsable de l’Union des Etudiants Communistes."

"Agression"

Selon le syndicat classé à droite, "l’agent a souhaité vérifier la validité" d’un tract distribué par l’étudiant. "En réponse à cela, l’élu étudiant s’est insurgé et a insulté l’agent de sécurité de « sale arabe »". "Il a également prononcé des insultes racistes vis-à-vis d’un témoin de la scène et de la famille de l’agent de sécurité. Outré et dégouté par de tels propos, le vigile a démissionné le soir même", peut-on lire dans le document.

En parallèle, le syndicat dénonce également "d’autres faits graves" dont "l’agression et les menaces de morts sur l’un de nos militants dans notre propre local ". Selon Gautier Czernik, président de l’UNI Toulouse, l’incident aurait eu lieu en début de semaine lors d’une vente de fascicules organisée par le syndicat. Un des adhérents UNI aurait été frappé par le Président de l’UEC. "Le communiqué de l'UNI est une réponse à l'accusation" de propos antisémites, martèle Bastien Bonnargent.

Au final, les deux syndicats s’accusent mutuellement de diffamation pour ces incidents et ne comptent pas en rester là. Le Mouvement des Jeunes Communistes de France portera plainte pour diffamation, et l’UNI l’a d’ores-et-déjà fait, pour diffamation également mais aussi pour "coups et blessures" et "menaces" d’après le président du mouvement. Le syndicat a également lancé une pétition en ligne et sur papier pour réclamer des sanctions contre le chef de file du mouvement des Jeunes Communistes.

La position "ambigüe" de la présidence

Alors que l’UNI demande "que l’élève passe en commission disciplinaire", la présidence de l'université a tenu à "condamner avec la plus grande fermeté" ces faits d’agressions "s’ils sont avérés". "J’ai demandé la vérification de la matérialité des faits et en fonction des résultats, je vais saisir la commission de discipline et effectuer un signalement au procureur de la république" assure le président Hugues Kenfack.

Il prévoit également "une réunion avec les deux associations ce vendredi 31, puis une réunion avec toutes les associations étudiantes." "La présidence constate les mêmes faits que nous. Comme nous ils ne se fient qu’aux faits attestés, par des témoignages fiables, et par des rapports d’incidents, par des faits"juge Gautier Czernik.

Pas de quoi convaincre Bastien Bonnargent, qui ne cache pas ses doutes quant aux relations entre l’UNI et la présidence de l’université. "Je soupçonne la présidence de l’université d’avoir fait passer (à l'UNI ndlr) le courrier qu’on a adressé au président en privé, et d’avoir des liens un peu douteux avec l’UNI, développe-t-il, et ça pose question sur le fonctionnement et le cadre dans lequel nous pouvons exercer une activité politique sur l’université."

Par ailleurs, le syndicat condamne l’attitude de la présidence de façon générale. "Depuis plusieurs mois, nos camarades et élus étudiants subissent des pressions constantes de la part de la Présidence de la fac et de la sécurité privée employée sur le campus", peut-on lire dans le communiqué.

Une accumulation d’incidents depuis le début de l’année

Ces évènements ne sont pas isolés et interviennent dans un contexte plus large de tension. Depuis le début de l’année, les relations entre les deux mouvements se dégradent. La faute, entre autres, à la situation politique nationale selon Gautier Czernik. "Le contexte avec le 49.3, la réforme des retraites… ça tend beaucoup plus les personnes de gauche, qui sont ultra mobilisées. Et étant donné qu’on est frontalement ennemis aux élections, c’est vrai que cela tend." L’UEC, elle, est plus catégorique. "Je ne juge pas que les relations se passent bien", estime Bastien Bonnargent, qui évoque notamment la journée du 8 mars dernier.

Le syndicat s’était indigné de la venue de l’influenceur "viriliste" Stéphane Edouard à l’université dans le cadre d’un concours de plaidoirie sur les droits des femmes. "On a fait annuler sa venue, et notre camarade, qui est responsable de cercle, s’est fait harceler sur les réseaux sociaux par des membres de l’UNI."

Plus généralement c’est la présence de l’UEC, qui possède des murs à l’université depuis la rentrée, qui semble poser problème selon l’UNI. "Depuis qu’ils ont les locaux, ils veulent s’implanter à UT1, et pour ça ils misent sur la mobilisation, ils essaient de semer une grève révolutionnaire dans l’université", s’indigne Gautier Czernik. Un argument qui fait réagir l’UEC. "Ce qui les dérange, c’est qu’on s’implante sur les facultés, mais rien de nouveau, c’est le cœur de notre activité politique, d’intervenir sur les universités, les lycées", assume Bastien Bonnargent.

Des élections étudiantes prochainement

Alors que les élections pour désigner les futurs représentants étudiants de l’université ont lieu le 5 et 6 avril prochain, cette guerre entre syndicats pourrait-elle peser dans la balance ? "Nous, de notre côté on joue notre partition mais le but n’est pas de faire notre élection à travers des communiqués dénonçant le racisme. On en fait un parce que les faits sont graves et qu’on ne pouvait pas laisser passer ça sans impunité" justifie Gautier Czernik.

Pas de lien non plus avec cette échéance selon l’UEC, qui tient toutefois à souligner le caractère "un peu spécial" de la démarche de l’opposant politique. « L’UNI qui s’indigne de propos racistes, c’est quand même une nouvelle un peu spéciale, ironise Bastien Bonnargent. Jusqu’à ce jour, ils ont plutôt été de l’autre côté de la barricade. »

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