L'islamiste Farouk Ben Abbes, ex-assigné à Toulouse, condamné à quatre ans de prison

Farouk Ben Abbes, figure de l'islam radical, a été condamné vendredi à quatre ans de prison ferme pour son activité sur Ansar Al-Haqq, l'ex site jihadiste francophone de référence à la fin des années 2000, qui appelait au jihad.

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L'islamiste Farouk Ben Abbes a été condamné à 4 ans de prison ferme pour ses activités de propagande jihadiste sur internet. reportage Christophe Neihardt et Thierry Villéger.

C'est la première fois que Farouk Ben Abbes, belgo-Tunisien de 32 ans, ex-assigné à Toulouse en 2015, considéré comme un proche du djihadsiste toulousain mêlé aux attentats de Paris Fabien Clain, cité dans plusieurs dossiers antiterroristes sans y être poursuivi, est condamné dans une telle affaire de cyber-jihadisme.

Condamné également à une interdiction définitive du territoire français, Farouk Ben Abbes est reparti libre du tribunal : il sera convoqué ultérieurement pour purger ces quatre ans en prison.

Cette peine, qui peut être frappée d'appel, ne sera toutefois pas mise à exécution tant qu'elle n'est pas définitive, ont précisé ses avocats.
    
Le procureur avait demandé six ans de prison assortis d'une incarcération immédiate.
    
Farouk Ben Abbes a été reconnu coupable du délit d'association de malfaiteurs terroriste, tout comme trois autres hommes âgés de 32 à 35 ans, comme lui anciens administrateurs du site.
 

L'ex-site jihadiste francophone Ansar Al-Haqq appelait au jihad à la fin des années 2000.


Désormais fermé, Ansar Al-Haqq, dont le nom signifie "Les partisans de la vérité", était une référence du web jihadiste en langue française à une époque où le jihad armé se menait notamment en Afghanistan ou au Pakistan.

Alors que la défense soutenait que le site ne faisait que de l'"apologie du terrorisme" - un délit qui serait aujourd'hui prescrit -, le tribunal correctionnel a jugé qu'il s'agissait bien d'une association de malfaiteurs, le site ayant "incité" au jihad, avec "une vocation de recrutement" pour le combat armé "dans la lignée de ce qu'Al-Qaïda recherchait, mener le "jihad médiatique".
    
Les deux autres prévenus présents au tribunal, Nordine Z., qui avait notamment mis à disposition le logiciel de cryptage "Mujahideen Secret", et David R., qui a participé à la création du site, ont été condamnés à respectivement quatre et trois ans de prison. Le parquet avait demandé cinq ans et leur incarcération immédiate.

Le quatrième prévenu, Léonard Lopez, parti en 2015 pour le jihad et qui serait aux mains des Kurdes de Syrie, a été condamné à cinq ans assortis d'un mandat d'arrêt.

Le "jihad médiatique"

Communiqués, revendications d'attentats, logiciel de cryptage... Plus qu'un simple lieu de propagande, Ansar Al-Haqq était "un outil mis à la disposition d'organisations terroristes pour recruter, voire pour communiquer", avait souligné le procureur.

Simple membre, puis administrateur alors qu'il se trouvait clandestinement dans la bande de Gaza entre 2008 et 2009, Farouk Ben Abbes y avait posté des centaines de messages, traductions de communiqués ou du sommaire d'un ouvrage intitulé "39 moyens pour servir le jihad et y participer".

Un slogan, "Le jihad médiatique est la moitié du combat", accompagnait chacun de ses messages.

Doté d'une "capacité à influencer", Ben Abbes est notamment "celui qui a failli donner à Ansar Al-Haqq une ampleur internationale" en tentant de l'arrimer au Front médiatique global islamiste (GIMF), affilié à Al-Qaïda, a estimé le procureur.
  
Farouk Ben Abbes avait nié jeudi tout recrutement pour le jihad et avait assuré comme ses coprévenus n'avoir diffusé cette propagande que pour "informer". "Une véritable tartufferie" aux yeux du procureur.
    
La fondatrice du forum, la Française Marion Tailleumier, avait été condamnée l'an dernier en appel à six ans de prison.

Les avocats de la défense avaient plaidé la relaxe de leurs clients, dénonçant une justice rendue trop tard, dans un contexte de sévérité accrue face aux récents attentats jihadistes, et des poursuites pour association de malfaiteurs terroriste sans aucun élément "matériel" pour les étayer.

Les parties en présence disposent de 10 jours pour faire appel
    
 
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