L'astronaute Thomas Pesquet et les élèves de 2000 classes en France vont étudier sur terre et dans l'espace le blob, un organisme mystérieux. Une chercheuse toulousaine est à l'origine de cette étude scientifique et éducative.

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À la veille de son second séjour dans la station spatiale internationale (ISS), l'astronaute Thomas Pesquet « met dans sa valise » quatre blobs, sur lesquels il mènera des expériences pour étudier l’évolution de cet étrange organisme lorsque celui-ci est libéré de la pesanteur.
Une expérience croisée entre l’astronaute depuis l’espace d’une part et d’autre part les scientifiques de Toulouse (du CNRS et du CNES) accompagnés par 2000 établissements scolaires sélectionnés pour mettre en place la même expérience depuis la Terre. Au centre de cette étude : le blob, une créature qui fascine la communauté scientifique.

Qu’est ce qu’un blob ?

Physarum polycephalum de son vrai nom. C’est un organisme vivant assez mystérieux, ni végétal, ni animal, ni champignon. Il attise la curiosité des scientifiques car il ne rentre dans aucune catégorie classique de la biologie. Il produit des pigments comme un végétal, sans en être un. Il se déplace et se nourrit comme un animal, mais n’en est pas un. Et il se reproduit par spores comme un champignon, ce qu’il n’est pas non plus.

Il est visqueux, rampant, unicellulaire . C’est une « sorte d’omelette mutante », jaune vif, qui se nourrit de champignons et de bactéries.

Il est presque immortel. En effet il ne craint ni l’eau (qui au contraire le réveille), ni le feu et cicatrise très vite. S'il a trop de lumière ou de chaleur, il se rétracte, se dessèche et bascule dans un état de dormance, un état stationnaire dans lequel il peut passer plusieurs décennies.

Il se déplace très lentement à la vitesse d’un centimètre par heure mais quand il est affamé, il peut pousser jusqu’à quatre centimètres par heure. Non nourri, il peut doubler de taille chaque jour. Le plus gros blob a une taille de dix mètres.

Il n’a pas de cerveau mais est doté d’une certaine intelligence, il sort facilement d’un labyrinthe par exemple. Il fait aussi preuve de mémoire. Il est capable d’anticiper et d’apprendre. Il est doué d’une capacité d’adaptation hors du commun qui va faire l’objet de cette étude inédite.

Une expérience scientifique et éducative

En réalité, le spationaute Thomas Pesquet, formé à l’école Supaéro à Toulouse, et les blobs ne feront pas le voyage ensemble. Thomas Pesquet partira d’abord. Les blobs lui seront envoyés en juillet prochain par vaisseau cargo, pour commencer cette expérience menée sous l’égide du CNES et du CNRS à Toulouse.

L’objectif de cette double expérience, sientifique et éducative, est d’observer l’impact de la micropesanteur sur la nutrition, le comportement et la vitesse de déplacement de plusieurs blobs. La mission de l’astronaute consistera dans un premier temps à « réveiller » ces blobs par un système de seringue. Au contact de l’eau, le réveil s’amorcera pour durer moins de douze heures. Le blob partira alors à la découverte de son environnement et cherchera à se nourrir. Thomas Pesquet déclenchera alors des prises de vues pendant une semaine.

Il y aura deux types d’expérience. La première qui s’appelle « exploration » dans laquelle on laisse le blob s’affamer sans nourriture dans une boîte. La seconde nommé « exploitation » dans laquelle le blob aura quatre sources de nourriture et on étudiera son comportement et la façon dont il optimisera ses déplacements pour accéder à la nourriture. 

Les vidéos tournées dans l’ISS seront suivies très attentivement depuis la Terre par des milliers d’élèves, de la primaire à la Terminale. Car l’intérêt de l’expérience est avant tout pédagogique. 2000 classes à travers toute la France étudieront de leur côté les quatre blobs qui leur ont été fournis.

L’étude du comportement du blob : une spécialité toulousaine

La toulousaine Audrey Dussutour, directrice de recherche au centre de recherches sur la cognition animale du CNRS, est LA spécialiste du blob en France. 

On ne sait pas ce qui va se passer, nous allons voir comment ils se déplacent, comment ils se nourrissent. Il est possible que leur comportement, une fois libérés de l'apesanteur, change. Peut-être qu'au lieu de grandir à plat, ils vont gagner en volume. On va les placer en état de dormance pour le voyage. Il est aussi possible qu'ils ne se réveillent pas"

Audrey Dussutour, directrice de recherche au centre de recherches sur la cognition animale du CNRS à Toulouse


Avant d’être envoyés dans l’espace, les blobs les plus résistants ont été minutieusement sélectionnés.

La directrice de recherches confie que "le plus grand défi a été de trouver une méthode pour les stériliser, une étape obligatoire pour tout ce qui rentre dans l'ISS, le tout sans les stresser. Il a également fallu tester l'effet des vibrations du décollage".

Une équipe de spécialistes a fabriqué une "blob box", la boîte respirante dans laquelle ces organismes pourront voyager sans essayer de s’échapper, car ces petites créatures sont douées pour s’immiscer dans les plus petits espaces.

Intéresser les enfants à la science

La chercheuse Audrey Dussutour fait mention des nombreux avantages de l’expérience auprès des enfants. Intégrer des notions sur le spatial, sur ce qu’est la station spatiale internationale, étudier le concept de l’apesanteur, adopter une démarche scientifique rigoureuse... Si l’expérience ne fera pas forcément naître de vocations, elle aura pour mérite d’intéresser les enfants à la science. Et la notoriété de Thomas Pesquet n’y est pas pour rien.

C’est motivant de se dire que Thomas Pesquet fait un peu la même chose que nous

Lilly du Lycée Berthelot à Toulouse au CNRS de Toulouse

Les élèves devront notamment photographier régulièrement le blob pour en mesurer la structure et le déplacement. Avec quatre flocons d’avoine, nourriture favorite du blob en laboratoire, déposés à équidistance, ils étudieront la stratégie du blob pour se nourrir efficacement.
 
Comparer le comportement dans l’espace et celui sur terre est le but ultime. Pouvoir comparer les résultats récoltés sera enrichissant à la fois pour les élèves, impliqués tout au long de l’étude, mais aussi pour la communauté scientifique. Une collaboration que la chercheuse qualifie de « science participative ». Les données seront compilées et analysées. Toutefois il ne pourra pas en être tiré de conclusion scientifique réelle car il aurait fallu envoyer au minimum dix blobs dans l’ISS mais le coût important ne le permet pas. Ce sera peut-être l’objet d’une prochaine mission habitée.

 

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