Alors que les élections dans les chambres d'agriculture auront lieu en janvier, les syndicats qui portent la voix des agriculteurs en colère sont sollicités par différents partis politiques. En Occitanie, si Jérôme Bayle a rencontré Marine Tondelier, la coordination rurale, elle, s'affiche avec Eric Zemmour.
Alors qu’ils étaient à l’origine des barrages autoroutiers de l’hiver dernier, les "Ultras de l’A64" et leur leader Jérôme Bayle, ont choisi de ne pas entrer dans l'action dans un premier temps. Ça n'empêche pas Jérôme Bayle de communiquer. Il a participé ce vendredi 15 novembre à la réunion publique organisée par les écologistes toulousains.
Éleveur en Haute-Garonne où il a lancé avec d'autres le premier barrage routier des agriculteurs,
— Marine Tondelier (@marinetondelier) November 18, 2024
Jérôme Bayle était à nos côtés vendredi soir à la réunion publique organisée par les écologistes toulousains.
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Une rencontre inattendue
L'occasion de rencontrer Marine Tondelier, secrétaire nationale d'EELV (Europe Écologie Les Verts) qui parle de "convergence des luttes". Dans une vidéo qu'elle a publiée sur "X", elle lui donne la parole sur le Mercosur. "On n'est vraiment pas toujours d'accord, mais je pense qu'avec du dialogue et du bon sens, on pourra trouver des points qu'on pourra défendre ensemble. Et tout simplement le Mercosur, parce que le Mercosur, pour nous agriculteurs français, c'est signer la fin de l'agriculture française, la fin de la souveraineté alimentaire française et c'est surtout aussi imposer et autoriser aux Français de manger ce que nous, on nous interdit, en France, de produire depuis plus de 30 ans(...)".
"Ils vont importer en France des produits qui ne respectent aucune norme environnementale et dans le bien-être animal donc voyez là-dessus on a des points communs (...). C'est grave pour l'environnement". Et Marine Tondelier de répondre : "Il y a une ferme qui disparaît chaque heure dans le pays. C'est vraiment hypergrave y compris pour notre souveraineté alimentaire et pour manger des choses bonnes. On sera toujours là sur le sujet des traités internationaux qui font des agriculteurs français, leur variable d'ajustement. On n'accepte pas ça. On sera à vos côtés. Nous vous aimons les agriculteurs français".
Les syndicats agricoles, toutes tendances politiques confondues, sont unanimes à dénoncer l’accord. Ils trouvent, pour une fois, le soutien des écologistes et de la plupart des partis politiques français. Pour preuve, une tribune publiée par Le Monde le 12 novembre et signée par 622 parlementaires de gauche et de droite.
Le RN et l'extrême droite courtisent le monde agricole
Le RN, porté par Marine Le Pen, met en avant la défense de la souveraineté alimentaire et la protection des agriculteurs face à une mondialisation jugée défavorable pour le secteur. Le RN critique les politiques agricoles européennes, qu'il considère comme trop libérales et défavorables à l'agriculture française. Il plaide pour un retour à une agriculture nationale forte, déconnectée des exigences de l'Union européenne, et pour la réduction des importations de produits agricoles étrangers, qu'il juge souvent sous-payés et de mauvaise qualité.
La rencontre du 15 novembre 2024 organisée par la CR82 avec Eric Zemmour dédiée aux enjeux de la crise agricole a rencontré un vif succès. Un large public s'est déplacé pour participer à ces échanges. pic.twitter.com/0KBT32dqSM
— Coordination Rurale Tarn-et-Garonne (@CrTarnetGaronne) November 17, 2024
La Coordination Rurale du Tarn-et-Garonne a invité le 15 novembre Eric Zemmour du parti Reconquête, pour une rencontre sur la crise agricole. Il y a rencontré "un vif succès", commente le syndicat dans un post sur "X" et "un large public s'est déplacé pour participer à ces échanges".
"Un moment fort restera gravé dans ma mémoire, commente Eric Zemmour pour presseagence.fr : ma visite chez Pierre-Guillaume (Mercadal), qui m’a accueilli dans son élevage de cochons laineux. Une race exceptionnelle, qu’il protège avec passion. Pierre-Guillaume n’est pas un éleveur comme les autres. C’est une véritable figure du monde agricole. Le combat qu’il mène pour préserver son élevage est devenu un symbole de résistance dans le monde paysan".
"J’ai pu déjeuner avec des agriculteurs du département et participer à une réunion organisée par la Coordination Rurale. Plus de 250 paysans étaient présents ! C’est une évidence : si nous voulons sauver l’agriculture française, nous devons écouter nos paysans. Par leur bon sens et leur expérience, ils sont la solution".
Les élections des chambres d'agriculture en ligne de mire
Pierre-Guillaume Mercadal s'avère, depuis le dernier salon agricole, l'une des figures de proue pour certains secteurs de l'extrême droite. Un salon au cours duquel Emmanuel Macron avait déjà souligné les accointances du RN avec la Coordination rurale : "des décideurs locaux de la Coordination rurale sont engagés de manière très officielle au Rassemblement national" selon Le Figaro.
Dans un article paru dans Le Monde, le 1er mars 2004, Philippe Gagnebet a donné la parole à l'ancien président du syndicat de 2010 à 2022, Bernard Lannes, qui dénonçait le fait que la Coordination rurale, syndicat apolitique, s'était sensiblement rapprochée du RN.
Il cite en exemple le déjeuner entre la direction du syndicat et Jordan Bardella, mais aussi l'hégémonie qu'exercerait Serge Bousquet-Cassagne, président de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne depuis 2013, et qui aurait brigué, en vain d'après Le Monde, une place sur la liste du RN aux élections européennes de juin.
Pour rappel, les élections au sein des chambres d'agriculture ont lieu tous les 6 ans. Les prochaines se profilent à l'horizon. Elles se tiendront en janvier 2025.