Les jeux paralympiques connaissent le même engouement que ceux de leurs homologues valides. Derrière les médailles, les athlètes en situation de handicap doivent utiliser du matériel spécifique et onéreux. Un véritable parcours du combattant. Quels sont les coûts et comment financent-ils leurs besoins ? Illustration avec le rugby fauteuil, dont l'équipe compte 4 Toulousains.
À l'occasion de l'ouverture des jeux paralympiques de Paris, le public et les spectateurs ont fait connaissance avec les athlètes, mais aussi leur matériel spécifique, adapté à leur handicap. Un matériel très onéreux qu'il faut financer.
"Je suis parti de rien"
Le rugby fauteuil avec ses accrochages virils a fait sensation pour l'ouverture des jeux paralympiques de Paris. L'équipe de France s'est imposée 53 à 51 pour son premier match face au Danemark. Une équipe tricolore où figurent plusieurs Toulousains, parmi lesquels Jonathan Hivernat.
Jonathan Hivernat brought up 29 tries as France start their Pool B stint by defending their turf against Denmark, taking a 53-51 win in a nailbiting game.
— Archive (@ArchiveInt) August 29, 2024
🇫🇷 FRA - 53
🇩🇰 DEN - 51#Paris2024 #GamesWideOpen pic.twitter.com/yGMbztP18H
"J'ai commencé le rugby fauteuil en 2009", raconte le para-athlète. "À l’époque, j'étais étudiant et je suis parti de rien. Je me restreignais à beaucoup de choses pour pouvoir acheter mon fauteuil sur une partie de mes fonds propres. La situation a évolué depuis".
Un coût démesuré
Le parcours du combattant des athlètes en situation de handicap pour financer sa discipline, Jonathan le connaît bien : "Un fauteuil coûte entre 12 et 14.000 euros", précise le sportif de haut niveau. "Mais à cela, il faut ajouter de 6 à 8000 euros par an pour l'entretien du matériel et les divers consommables".
Être para-athlète coûte donc cher, très cher : "Sur une année c'est démesuré", confirme Jonathan. Car le matériel n'est pas éternel : "On arrive à le garder trois ou quatre ans, mais après le risque de casse est trop important et il faut le renouveler", rajoute-t-il.
Du matériel sur mesure
Ces fauteuils de compétition sont issus du savoir-faire de quelques manufactures artisanales reconnues pour leur excellence. Il en existe essentiellement trois. L'objectif est de fabriquer sur mesure et d'un seul bloc, un matériel qui s'adapte à la morphologie, au handicap et aux besoins spécifiques du para-athlète.
🦸♂️ Tous les héros ne portent pas de cape
— Aux Jeux Citoyens (@AuxJeuxCitoyens) September 14, 2023
♿️ Pour ses jeunes fans, le capitaine de l’équipe de France de rugby fauteuil Jonathan Hivernat est un véritable exemple de détermination.
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"C'est important car ce fauteuil monobloc doit résister à l'énergie cinétique pendant le match", témoigne Jonathan. "Et puis le fauteuil doit aussi s'adapter au poste qu'on occupe dans l'équipe. Le fauteuil d'un attaquant n'a pas les mêmes spécificités que celui d'un défenseur".
"L'argent c'est le nerf de la guerre"
Pour aider financièrement les para-athlètes de haut niveau, de nombreuses subventions publiques et bourses publiques existent. Elles sont versées par l'État, les régions, les départements ou les municipalités. Un dispositif de soutien a également été mis en place au niveau des clubs.
"L'argent c'est nerf de la guerre", souligne Pablo Neuman, président du Stade Toulousain Handisport. "On ne peut pas demander à un nouvel adhérent de s'acheter lui-même son fauteuil. D’ailleurs, beaucoup n'ont pas l'assise financière pour le faire. Il n'y a pas de marché d'occasion. Alors on leur met à disposition des fauteuils, pas totalement sur mesure mais qui leur permettent de débuter dans des bonnes conditions".
L'obligation de faire appel aux sponsors privés
Le Stade Toulousain Handisport fait figure d'exemple. Avec une quarantaine d'adhérents pour 4 équipes, ses dirigeants n'ont de cesse de faire appel aux sponsors, fondations et autres mécènes. Des prestations, auprès des entreprises, permettent aussi de financer les fauteuils, car les subventions publiques représentent seulement 1/10ème du budget.
"C'est compliqué mais on finit toujours par y arriver", reconnaît Pablo Neuman. "L'objectif c'est d'avoir toujours plusieurs fauteuils d'avance pour pouvoir accueillir de nouveaux pratiquants et de leur proposer le matériel le mieux adapté à leur handicap".
Des adeptes du rugby fauteuil, qui pourraient bien être plus nombreux à venir frapper à la porte du club dès la saison prochaine. L'effet JO s'est toujours fait ressentir. Pour l'année 2024, il faudra aussi compter avec l'engouement des jeux paralympiques.