Une peine de dix-huit ans de réclusion criminelle, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, a été requise vendredi à l'encontre de l'ex-jihadiste du groupe Etat islamique (EI) Jonathan Geffroy, jugé en appel par la cour d'assises spéciale de Paris.
"Je demande à la cour de confirmer le jugement de première instance", a déclaré l'avocate générale au terme de son réquisitoire. Jonathan Geffroy "n'est ni un repenti, ni un collaborateur de justice", a estimé
la magistrate, "il cherche à servir au mieux ses intérêts et n'a jamais voulu solder ses comptes avec la justice française".
Originaire de Toulouse, converti à l'islam
Rapidement radicalisé au contact de futurs jihadistes de l'EI comme Quentin Lebrun ou Chahid
Tahiri, Jonathan Geffroy, 41 ans, a rejoint la Syrie en février 2015 avec sa femme marocaine Latifa Chadli et leur enfant alors âgé de 3 mois. Une peine de dix-huit ans de réclusion criminelle, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, a été requise vendredi pour Jonathan Geffroy. A l'encontre de Mme Chadli qui comparaît libre, l'avocate générale a réclamé une peine de sept ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt.
"Faire de l'humanitaire"
Si la cour suit les réquisitions de l'avocate générale, Mme Chadli, 41 ans, qui a passé deux ans en prison entre septembre 2017 et septembre 2019, devra immédiatement retourner en détention.
M. Geffroy et Mme Chadli sont tous deux jugés en appel par une cour composée de magistrats professionnels pour association de malfaiteurs terroriste et "abandon matériel et moral de mineur".
Comme en première instance, Jonathan Geffroy a soutenu s'être rendu en zone irako-syrienne
pour "faire de l'humanitaire" et devenir "ambulancier".
En réalité, Jonathan Geffroy a servi dans les rangs de la katiba (brigade) Anwar al-Awlaki, un détachement de l'EI regroupant quelques dizaines de Français dont les frères Jean-Michel et Fabien Clain, deux responsables de la propagande de l'EI
qui ont revendiqué les attentats du 13 novembre 2015 en France. Il a combattu également à Ramadi (Irak), dans les rangs de la katiba d'élite Tariq Ibn Zyad dont ont fait partie les assaillants du Bataclan, a rappelé l'avocate générale. En novembre 2016, alors que les choses tournaient mal sur le terrain pour l'EI, Jonathan Geffroy a contacté la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour demander de l'aide. Il sera finalement capturé début 2017 par l'Armée syrienne libre (ASL) alors qu'il cherche à fuir la Syrie.
" Il a cherché à noyer le poisson"
Le couple et ses deux enfants ont été remis aux autorités françaises en septembre 2017. Jonathan Geffroy a choisi de parler aux enquêteurs et a révélé notamment que l'EI envisageait d'envoyer des enfants-soldats en Europe. L'avocate générale a minimisé les "révélations" de M. Geffroy. "Ses infos n'étaient pas utiles. Il a cherché à noyer le poisson", a-t-elle estimé. Le verdict est attendu dans la nuit.