En janvier 2023, Latécoère a fait le choix de délocaliser son usine de fabrication de pièces élémentaires en République tchèque, là où est implanté son plus grand site d'usinage. Le coût de la main-d’œuvre y est plus bas. Des élues communistes protestent contre cette décision et demandent à l'entreprise de rembourser les aides publiques dont elle a bénéficié.
En janvier 2023, Latécoère a fait le choix de délocaliser son usine de fabrication de pièces en République tchèque. Les machines qui servaient à fabriquer des pièces élémentaires de portes d'avions ont rejoint un plus grand site d'usinage. Bien que l'usinage cesse, le bâtiment de 8 600 m² accueille déjà un centre de développement. Il doit prochainement regrouper les activités des sites de Colomiers et Labège, incluant service clients, réparation, essais, câblage, systèmes vidéo et réseaux optiques.
Pas suffisant pour des élues communistes qui protestent contre cette décision prise au nom de la compétitivité et demandent à la société de rembourser les aides publiques qu'elle a perçues lors de la période COVID et en 2023.
Inès Goffre-Pedrosa, présidente des élues communistes, républicaines et citoyennes du Conseil départemental, est la cosignataire du communiqué. Elle a accepté de répondre à 3 questions.
France 3 : Pourquoi demandez-vous à Latécoère le remboursement des aides publiques ?
Inès Goffre-Pedrosa : Nous avons été informés en mars dernier que l'entreprise avait décidé de délocaliser. Et ce qui nous a d'autant plus surpris, c'est que son installation avait été faite six ans auparavant, sur un terrain qui avait été vendu par la mairie pour une somme plutôt symbolique, pour justement que cette industrie reste à Toulouse et puisse continuer à embaucher sur place, à créer de la richesse pour le territoire.
En plus de ce terrain mis à disposition par la mairie, il y avait aussi l'épisode du Covid-19 et les aides de l'État dont Latécoère a bénéficié. La Région et l'État ont largement contribué au maintien de cette filière aéronautique. L'idée que l'entreprise, après avoir joui de cet argent, de ce soutien, délocalise, ne nous semble pas juste du tout. On demande à ce qu'elle rembourse les aides perçues.
France 3 : Pour vous, le contrat n'est pas respecté ?
Inès Goffre-Pedrosa : Effectivement. Quand il y a de l'argent public pour aider l'industrie, il faut qu'il y ait une contrepartie. Là, la contrepartie, on ne la voit pas, ça va être des licenciements, des personnes au chômage. On a demandé à ce que l'entreprise renonce à son projet de délocalisation. Ça n'a pas fonctionné. Nous, on demande un contrôle public de ces entreprises, pour que l'argent versé sous forme d'aide, de subvention ou pour l'installation sur un terrain puisse au final bénéficier au plus grand nombre.
Nous voulons qu'il y ait une surveillance de l'argent qui est distribué. Et si les entreprises ne répondent pas aux exigences posées et aux engagements lorsqu'on a distribué l'argent public, il doit être rendu pour peut-être aller vers d'autres entreprises.
France 3 : Vous savez combien Latécoère a touché ?
Inès Goffre-Pedrosa : Alors, ça, oui ! En 2023, Latécoère a reçu des subventions à hauteur de 5,4 millions. C'était une subvention pour l'usine. Et la Région a financé la recherche à hauteur de 800 000 euros sur des fonds européens. C'était pour accompagner l'entreprise sur l'innovation, car ils sont à la pointe sur la question de la décarbonation de l'aviation.
Ce sont des sommes considérables. Or, l'entreprise s'en va pour payer moins de charges, ça va à l'encontre de nos convictions. Nous, en tant que communistes, nous ne sommes pas pour cette Europe libérale qui met en concurrence les peuples et les salaires. On est pour une réindustrialisation et qu'on travaille sur la complémentarité.
Même si au Conseil départemental, on n'a pas participé aux subventions, on veut politiser cette affaire, car il faut qu'ils remboursent. Pour nous, ces secteurs essentiels comme l'aviation, l'énergie, la gestion de l'eau, ce sont des bastions de richesse pour tout le monde et ils doivent être publics. Quoi qu’il en soit, tous les cadeaux fiscaux qui sont faits aux entreprises, les subventions, nous, on est pour qu'il y ait une contrepartie.