Le célèbre réalisateur Alexandre Arcady est à Toulouse ce mercredi 27 septembre pour présenter son nouveau film, "Le Petit Blond de la Casbah". Cette œuvre bouleversante plonge les spectateurs dans l'Algérie des années 60 à travers les souvenirs d'un jeune garçon nommé Antoine.
Alexandre Arcady est ce mercredi 27 septembre à Toulouse à l'invitation du CRIF pour présenter son nouveau film, " Le petit blond de la casbah". Dans cette nouvelle œuvre, le réalisateur revient en Algérie. Ce long métrage raconte l'enfance du réalisateur et de sa famille dans l'Algérie des années 60. À travers les souvenirs d'un petit garçon nommé Antoine, il nous plonge dans les moments de bonheur, de rires et de larmes de ses souvenirs à Alger. Le film offre un aperçu touchant de cet univers, présentant une galerie de portraits haut en couleurs.
Alexandre Arcady explique qu'il a toujours été obsédé par ses origines algériennes depuis son départ d'Alger, une scène qu'il avait déjà évoquée dans son premier film, "Le Coup de Sirocco". "En faisant ce film, je crois que j’ai envie de boucler la boucle, comme on dit, et d’apporter une vision apaisée de cette époque, à tous ceux qui ont un lien avec l’Algérie, qu’ils y soient nés ou qu’ils n’y aient pas vécu. Au-delà de cette guerre coloniale qui a déchiré toutes les populations, je veux leur parler de ce qui les unissait" , explique-t-il. Et d'ajouter : "J’aimerais que ce film soit une transmission de cette mémoire commune, de la même manière qu’Antoine adulte transmet la mémoire de sa famille à son fils".
Après avoir déjà présenté votre film, comment la jeune génération, notamment les enfants des pieds noirs algériens, perçoivent votre histoire ?
Alexandre Arcady : la nouvelle génération est touchée, émue de découvrir, pour certains, une partie de l’histoire de leurs parents et de leurs grands-parents. Ils sont totalement subjugués et émus. Lors d’une récente séance, une spectatrice a pris la parole et m’a remercié. « Mes grands-parents et mes parents ne m’ont jamais raconté cette histoire. Je ne la connaissais pas. Je voulais vous demander….». Elle n’a pas pu aller plus loin tant elle était bouleversée. Elle s’est mise à pleurer. Donc c’était un moment d’émotion incroyable. Beaucoup de jeunes sont venus me voir en me remerciant parce que c’est une vie qu’ils ne connaissent pas. Surtout, ce qu’ils remarquent, c’est que ce fameux vivre ensemble, qui est si difficile à percevoir aujourd’hui, était d’une évidence naturelle. On vivait ensemble. Sans se poser de questions. En étant respectueux des uns et des autres. Et ce vivre ensemble pour ceux qui ne sont pas nés là-bas, qui n’ont pas cette nostalgie partagée avec les parents. Il y a quelque chose qui frappe la jeune génération.
En quoi cette notion de vivre ensemble vous paraît-elle si essentielle aujourd'hui ?
Actuellement, dans notre société, si vous trouvez que ce n’est pas important cette notion de l’acceptation de l’autre et du vivre ensemble, je ne sais pas ce qui est important. On est dans une situation de repli, de repli sur soi. C’est véritablement un des enjeux de notre société actuelle.
Est-ce que cette nostalgie que vous évoquez dans votre film, ces souvenirs du vivre ensemble, ne sont pas embellis par les années passées ?
Mon film est à deux niveaux. C’est un metteur en scène qui retourne à Alger avec son fils qui a le même âge que lui lorsqu’il a quitté Alger. Il y a deux niveaux de lecture. La première, c'est celle de l’Algérie d’aujourd’hui et je ne fais aucune concession. On voit ce que l’on doit voir, ce que l’on doit appréhender de l’Algérie d’aujourd’hui. Et il y a évidemment cette Algérie reconstituée qui n’existe plus. Puisqu’elle est liée au cinéma parce que c'est un film. Cette Algérie d’hier n’existe ni dans ses décors, ni dans ses costumes. Ni dans sa façon d’être. Cela n’existe plus. Forcément, il y a deux niveaux de lecture, mais je l’ai voulu, car elles étaient nécessaires. Pour appréhender ce passé tout en tenant compte du présent.
Comment expliquez-vous que les pieds-noirs d'Algérie aient autant de mal à revenir sur ce territoire tant d'années après ?
Parce que pour la majorité d'entre eux, cela a été brutal. Cela a été une déchirure terrifiante, terrible. Contrairement à l’immigration des Français et des juifs de Tunisie et du Maroc qui se sont faites progressivement par vagues. En Algérie, cela s’est passé brutalement, d’un seul coup. À cela s'ajoute ce sentiment de ne plus avoir envie de revoir ce que l’on a quitté. Et il y a aussi la nécessité d’avoir une véritable volonté d'y retourner. Pour se rendre en Algérie, il faut désormais aussi des visas qui ne sont pas simples à obtenir. Mais de plus en plus de jeunes Français retournent faire ces voyages mémoriels. Souvent à l’initiative des enfants. Ce n’est pas la majorité, mais il y en a de plus en plus. Et lors de leur retour sur cette terre, près du peuple, il y a véritablement un accueil incroyable. Il y a une partie d’eux qui est n'est plus là. Qui a disparu avec le départ des pieds noirs. Ça de plus en plus, ils en prennent conscience.
"Le petit blond de la casbah" d'Alexandre Arcady Mer. 27 sept. 2023 de 19h30 à 23h30 Pathé Wilson, Place du Président Thomas Wilson, Toulouse, France.