L'Occitanie et la Catalogne, une amitié ancienne et profonde : "nous sommes cousins" assure la déléguée du gouvernement catalan en France

Entretien avec Eva Doya à l'occasion de la XVe Rencontre des familles européennes Catalanes à Toulouse (Haute-Garonne) durant le week-end du 15 au 17 septembre. La déléguée du gouvernement catalan en France explique en profondeur les liens culturels, linguistiques et économiques qui unissent l'Occitanie et la Catalogne, mettant en lumière leur histoire commune et leurs projets d'avenir.

Pendant le week-end du 15 au 17 septembre a eu lieu la XVe Rencontre des familles européennes Catalanes à Toulouse (Haute-Garonne). L’occasion pour les différents Casals Catalans (associations de Catalans résidant hors de Catalogne, jouant un rôle clé dans la diffusion de la culture catalane et en particulier de la langue catalane), soit une cinquantaine à travers toute l’Europe d’échanger sur leur expérience. Les Catalans sont très nombreux à l’étranger, notamment en France. 10 millions au total à travers le monde. L’Occitanie tient une place à part pour la Catalogne. Explications avec Eva Doya, déléguée du gouvernement catalan en France.

Quels sont les liens entre L’Occitanie et la Catalogne ?

Nous en parlions ce week-end lors de la XVe Rencontre des familles européennes Catalanes à Toulouse (Haute-Garonne). La relation entre l’Occitanie et la Catalogne est très ancienne. Cela a commencé par l’intermédiaire des routes commerciales de la laine et de l’huile. Les institutions des deux territoires ont accompagné tous ces échanges. Au début des années 80, lorsque Barcelone a mené ses premières actions à l’internationale, elle ne s’est pas tournée vers Rome ou Paris, mais vers Montpellier, Perpignan et Toulouse. Cette attention que je qualifierai de naturelle va dans les deux sens. Aussi bien de la Catalogne vers l’Occitanie, que de l’Occitanie vers la Catalogne. D’ailleurs, il y a un vrai ressenti lorsque l’on voyage en Occitanie. Nous sommes cousins.

On le ressent dans nos conversations, nos inquiétudes et nos relations. Cela s'explique par des références culturelles communes ou la question de langue. Et cela devient naturel de voyager entre Toulouse et Barcelone. Après il y a encore du travail pour améliorer et multiplier les connexions. J’ai l’impression qu’il y a un véritable intérêt commun. C’est moins le cas avec d’autres territoires en France.

Vous évoquez la langue, quel est justement son rôle dans ces relations ?

Evidemment nos langues, l’Occitan et le Catalan sont très très liées. Cela se voit dans l’évolution de la langue. En Catalogne on compte l’année en Occitan. C’est quelque chose de très naturel. Dans les institutions, nous avons travaillé de manière récurrente sur ces liens qui vont au-delà de la langue. Récemment, en mai 2023, il y a eu une rencontre importante entre le président de la Catalogne et la présidente de l’Occitanie, pour évoquer ces défis et ces intérêts communs et y travailler dans le cadre d’un futur accord de collaboration entre les régions. Il sera signé prochainement, et j’espère pour 2023.

Sur quoi porte ce pacte de collaboration ?

Il y a d’abord le pacte vert qui concerne par exemple la sécheresse. Nous avons en Catalogne une forte expérience dans la réutilisation de l’eau. En mai, on parlait beaucoup de ce manque de ressources. On en parle un peu moins maintenant. Mais cela reste  une vraie question. Les deux régions ont beaucoup de discussions à avoir dans ce sens. Mais il y a aussi des échanges universitaires, dans des écoles de commerce, des échanges liés à la mobilité. Nous avons une connexion qui a beaucoup fait parler les médias français : le vol Toulouse-Barcelone avec Vueling. C’est pourquoi les deux présidents ont beaucoup parlé de ligne à grande vitesse entre Barcelone et Toulouse et de l’étude concernant les trains régionaux en Catalogne. Mais il y a aussi des questions de droits sociaux, de développement économique mais aussi de politique euro-méditerranéenne. Ce dernier point est un gros projet de la Catalogne que l’on partage avec nos partenaires.

Et à nouveau, il y a la question de la langue. Actuellement, à Bruxelles, le Conseil de l’Europe étudie l’officialisation du catalan, du galicien et du basque comme langues officielles européennes. Sur ce point, la France ne s’est pas opposée pour en discuter. Cette revendication n’est pas nouvelle chez nous puisqu’elle date des années 1980. De plus, le Catalan est partagé avec le territoire de l’Occitanie, à travers Perpignan et les Pyrénées Orientales. Mais il y a aussi l’Occitan avec l’Aranais (variante de la langue occitane propre du Val d'Aran) qui peut désormais être parlé au sein du Congrès des députés. La question de la langue sera évoquée tout naturellement dans l’accord entre l’Occitanie et la Catalogne Cet accord est un sujet qui va revenir sur le devant de la scène. Dans les prochains mois, nous allons en parler davantage.

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