Depuis 2007, des cercles de silence naissent partout en France. Sans bruit, les militants demandent la fermeture des centres de rétention administrative. C'est dans ces centres que les personnes sans-papiers attendent leur expulsion. Rencontre à Toulouse.
L'espace de quelques minutes, la place du Capitole de Toulouse (Haute-Garonne) est prise par une ambiance d'enterrement. Une trentaine de personnes se trouve là, debout et sans bruit. Depuis quinze ans, chaque dernier mardi du mois, les militants du cercle du silence se rejoignent du Capitole à Toulouse (Haute-Garonne).
Un "devoir moral"
Une trentaine de militants qui demandent la fermeture des centres de rétention administrative où sont enfermées les personnes sans-papiers en attente de leur expulsion. Depuis le début de l'année, 780 personnes sont notamment passées par le centre de rétention de Cornebarrieu (Haute-Garonne) près de Toulouse.
"C'est un devoir moral d'être là, estime Geneviève. C'est tellement difficile de perdre ses papiers ou de ne pas pouvoir les renouveler, surtout aujourd'hui. Il faut au moins faire acte de présence et demander que les droits soient respectés".
Plus loin, une passante découvre l'initiative de ceux qui hurlent leur colère en silence. Elle ne connaissait pas les centres de rétention administrative, mais l'idée la révolte. "Je trouve ça honteux, tranche-t-elle. L'opposition entre notre quotidien et le leur est honteux. Ils ont sûrement eu un quotidien difficile avant. Se dire qu'ils sont enfermés alors qu'ils n'ont commis aucun délit, c'est très grave".
Du côté de la CIMADE aussi, cette situation des réfugiés révolte l'association qui vient en aide aux réfugiés depuis 80 ans. Selon Pierre Grenier, le délégué régional de la Cimade, la situation de rétention s'est dégradée avec le temps. "Les personnes qui sont enfermées n'ont pas fait d'autres délits que d'avoir le mauvais papier au mauvais moment. On les enferme dans un lieu qui est comme une prison. Elles peuvent y rester jusqu'à trois mois. "
Il précise que de cette colère et cette frustration émanent parfois des tensions et de la violence avec les forces de l'ordre.
Des centres qui vont pourtant se développer
C'est également pour cela que le cercle du silence demande la fermeture de ces centres. Mais on y croit de moins en moins, regrette Jacques Wigué, bénévole au Cercle de silence, parce que l'état n'a fait qu'augmenter la durée de rétention".
Justement, 1000 places supplémentaires doivent être créées en France d'ici quatre ans.
Tous propos recueillis par Rémi Surrans et Éric Coorevits.