Cinq ans après sa capture par l'Armée syrienne libre, le jihadiste Jonathan Geffroy, est jugé à partir du lundi 16 janvier 2023 par la cour d'assises spéciale de Paris. Le Toulousain a livré de nombreuses informations aux enquêteurs français sur son parcours au sein de l'Etat islamique.
Les cheveux longs, comme sa barbe sans moustache, Jonathan Geffroy, tranquillement accoudé à une table, répond en arabe aux questions qu'une personne lui pose derrière une caméra. Ces images du jihadiste datent de février 2017 et sont les dernières connues du grand public. Surnommé Abou Ibrahim al Fransi, le Toulousain de 40 ans est jugé pour association de malfaiteurs terroriste (AMT) à partir du lundi 16 janvier 2023. Il a été capturé par l'Armée syrienne libre (ASL) en février 2017, remis aux autorités françaises quelques mois plus tard avec sa femme et leurs deux enfants. Il se présente maintenant comme un repenti.
Des opérations suicides et l'attaque d'une centrale nucléaire française en préparation
Au cours de ces dernières années, Jonathan Geffroy a révélé aux enquêteurs que l'Etat Islamique envisageait d'envoyer des enfants-soldats en Europe pour mener des opérations suicides, de semer la terreur dans les campagnes françaises et de cibler une centrale nucléaire française. Il a également livré les noms de dizaines de Français ayant rejoint l'organisation islamiste.
Cependant, des rapports d'évaluation en prison indiquent qu'il adhère toujours à une vision rigoriste de l'islam : séparation des hommes et des femmes lors des fêtes et repas, préférence pour le jilbab ou le niqab pour les femmes, et les anasheeds (chants religieux) comme seule musique.
Sa femme marocaine Latifa Chadli, comparaît également libre sous contrôle judiciaire pour AMT. Son enfant âgé de 2 mois à l'époque est partie civile dans le procès de ses parents par l'intermédiaire de l'association SOS Victimes 93. Sa mère Denise P., 59 ans, comparait également libre, sous contrôle judiciaire, pour financement du terrorisme. Elle a envoyé plusieurs milliers d'euros à son fils quand il se trouvait en zone irako-syrienne.
Mohamed Merah, les frères Clain, Abdelilah Himich
Geffroy a été converti à l'islam en 2007 et s'est rapidement radicalisé, effectuant un premier voyage en Egypte en 2008 où il a rencontré notamment Abdelkader Merah, le frère de l'assassin Mohamed Merah. Au cours de ses auditions, Jonathan Geffroy a reconnu avoir également brièvement hébergé ce dernier lors d'un séjour en Egypte en 2010.
Arrivé en Syrie et pris en charge avec sa famille par l'EI en février 2015, Jonathan Geffroy sert dans les rangs de la katiba (brigade) Anwar al-Awlaki, un détachement regroupant quelques dizaines de Français, dont les frères Jean-Michel et Fabien Clain, également originaires de Toulouse, deux responsables de la propagande de l'EI, qui revendiqueront notamment les attentats du 13 novembre 2015 en France.
Il combattra également à Ramadi en Irak dans les rangs de la katiba d'élite Tariq Ibn Zyad, brigade créée par Abdelilah Himich (l'un des combattants français les plus gradés de l'EI, connu sous le nom de guerre d'Abou Souleymane al-Faransi, le Français) dont ont fait partie notamment les assaillants du Bataclan.
Jonathan Geffroy qui aimerait "refaire sa vie" au Maroc où il envisage d'ouvrir "une boutique de lingerie" avec sa femme encourt 30 ans de réclusion criminelle. Latifa Chadli risque la même peine et Denise P. 10 ans de prison. Le procès est prévu jusqu'au 23 janvier.
(Avec AFP)