"L'anonymat n'existe pas sur les réseaux sociaux", un hacker éthique passe au crible le projet de loi sur internet

Les députés examinent depuis mardi 19 septembre, le projet de loi visant à sécuriser et à réguler Internet. Le texte, qui ambitionne entre autres de lutter contre le cyberharcèlement, a déjà du plomb dans l'aile. Nous l'avons décortiqué avec le hacker éthique installé à Toulouse (Haute-Garonne), Baptiste Robert.

La loi sur internet actuellement examinée à l'Assemblée Nationale a-t-elle des chances de voir le jour ? Non selon le hacker éthique toulousain, Baptiste Robert. Il pointe du doigt le manque de préparation.

Un texte ficelé à la va-vite ?

"Mettre fin à l'impunité sur internet et à la loi du plus fort", le ministre délégué au numérique, Jean-Noël Barrot, affiche haut et fort ses ambitions. Concrètement, si le texte était promulgué, il serait possible selon le rapporteur de la loi "de bannir des internautes des réseaux sociaux, de lutter contre le cyberharcèlement et de faire disparaître l'anonymat en ligne."

"On voit que c'est un texte qui n'a pas été suffisamment travaillé", explique Le hackeur toulousain Baptiste Robert. "La quasi-totalité de la loi se heurte à des contraintes techniques. Les députés ne sont pas suffisamment formés et on voit que les professionnels du secteur n'ont pas été consultés".

"L'anonymat n'existe pas"

Parmi les mesures phares du projet de loi, il y a l'interdiction des VPN, pour contraindre les utilisateurs du web à abandonner leur anonymat au profit du "pseudonymat". "C'est là qu'on voit que les députés n'ont aucune compréhension de ce dont ils parlent", réagit Baptiste Robert. "L'anonymat n'existe pas sur les réseaux sociaux. Depuis de longues années, les forces de l'ordre sont capables de retrouver des individus et d'obtenir de nombreux détails sur eux. C'est même leur quotidien."

Idem pour l'interdiction des VPN qui fait presque sourire Baptiste Robert : "Les politiques pensent que seuls les méchants se cachent derrière un VPN. Mais non, il est utilisé par les forces de l'ordre dans leurs enquêtes, et par tous les professionnels de la cybersécurité. Dans certains pays, ils sont même recommandés pour passer outre la censure ou par mesure de sécurité."

Quid des libertés individuelles ?

L'examen du texte à l'Assemblée nationale a déjà occasionné plusieurs couacs au sein même de la majorité et de nombreuses mesures suscitent la controverse : "Ce texte va se heurter à la défense des libertés fondamentales à trois niveaux", explique Baptiste Robert.

"D'une part, on ne peut pas remettre en cause la liberté", rajoute-t-il. "Il est donc anticonstitutionnel et se fera censurer. Il va aussi à l'encontre des textes européens déjà votés. Il est interdit d'adopter des lois qui feraient double emploi ou qui créeraient des dispositions plus strictes. Et c'est le cas avec ce texte. Sans parler des règles déjà établies au sein des Nations Unies et qui nous obligent."

Baptiste Robert en appelle à une meilleure formation des politiques sur la question du numérique : "En plus, dès qu'il y a un fait d'actualité, il y a une loi", poursuit-il. "Pour des questions comme le harcèlement, on est déjà armé en termes de loi, il suffit de donner les moyens à tous les acteurs concernés de la faire appliquer."

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