"Les agriculteurs demandent une vision, une trajectoire, un cap" à la crise selon l'ancien président de la République François Hollande

François Hollande, l'ancien président de la République participait ce jeudi 29 février à Auzeville (Haute-Garonne) à une conférence avec les élèves ingénieurs de l’École Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse autour de l’agriculture de demain. Crise agricole, enjeux européens et nouvelles technologies pour le futur, Francois Hollande a répondu à nos questions.

François Hollande était ce jeudi matin l'invité d'un colloque autour de l'agriculture de demain à l'Ecole Nationale Supérieure agronomique de Toulouse. Alors que la crise agricole bat son plein, que le salon de l'agriculture a ouvert ses portes dans un climat de grande tension, et que l'agriculture s'impose comme un enjeu pour les élections européennes du mois de juin, l'ancien président de la République a accepté de revenir avec nous sur ce débat.

France 3 Occitanie : François Hollande, pensez-vous que l'agriculture soit devenue un réel enjeu électoral ?

François Hollande : l'agriculture joue un rôle important dans notre pays, la fois dans son rôle de production et d'alimentation des populations. C'est aussi un secteur qui n'est pas seulement en lien avec les paysans. Il y a tout un ensemble de professions qui vivent de l'agriculture. Donc c'est normal, surtout au moment du salon de l'agriculture qu'elle soit partie prenante de ces grandes discussions. Et puis il ne faut quand même pas oublier que la Politique Agricole commune, c'est 1/3 du budget de l'Europe, donc c'est normal qu'on puisse en débattre dans cette campagne.

C'est nécessaire que l'agriculture nous permette de réfléchir au modèle que nous voulons. Ce que nous voulons faire pour être à la fois mieux nourris, éviter le gaspillage, assurer la protection de l'environnement et puis faire vivre une population, qui dépend pour ses revenus de ce que peut faire la politique agricole commune et de ce que peuvent afficher les distributeurs.

France 3 Occitanie : quels sont les enjeux de l'agriculture de demain ? 

François Hollande : ce sera toujours de nourrir la population, de mieux la nourrir d'ailleurs, de lui fournir une alimentation de qualité avec un prix maîtrisé pour le consommateur, mais suffisant pour le producteur. Et ensuite, et c'est le thème de ce colloque, il y a les nouvelles technologies. Qu'est-ce que les nouvelles technologies peuvent apporter à l'agriculture à la fois pour anticiper le réchauffement climatique et aussi pour mieux traiter la ressource et notamment l'eau ? Et ici, on sait ce que cela représente. Donc il faut que la recherche, l'industrie puissent être au service de l'agriculture pour qu'elle devienne à la fois plus économe des ressources naturelles, plus sûres en matière de sécurité alimentaire et qu'elle puisse rémunérer ses travailleurs.

France 3 Occitanie : question plus politique : l'écologie est absente des débats actuels entre le gouvernement et les agriculteurs. Ça vous inquiète ? Ça vous choque ?

François Hollande : oui ça me heurte d'abord parce que j'ai été le président qui a fait la COP21 et c'est fondamental qu'on tienne nos engagements. Ensuite ça m'inquiète parce qu'il y a des règles, qui sont posées et qui ne sont pas faites pour contraindre les agriculteurs, mais pour les accompagner, ce qui suppose les soutenir financièrement. Ces règles permettent que nous soyons en pleine sécurité alimentaire. C'est primordial que l'environnement ne soit pas regardé comme une contradiction à l'agriculture.

Dans le plan annoncé par le gouvernement, il y a des mesures qui répondaient aux attentes comme la trésorerie, la possibilité de revoir les normes, ou le fait que la question de l'eau puisse être considérée, et notamment ici dans le Sud-ouest. Pour le reste, on le voit bien, il y a une part d'incertitude. Les prix plancher par exemple, comment ils vont pouvoir être appliqués ? Est-ce que c'est généralisable ? Ça fait partie de ces phrases sorties dans un contexte, mais qu'il va falloir préciser.

Car ce qui compte, c'est le long terme. Ce que demandent les agriculteurs, comme une grande partie de la population, c'est une vision, une trajectoire, un cap, savoir où nous allons. Et donc il y a des mesures conjoncturelles, d'urgence qu'il faut prendre, mais il y a surtout des mesures structurelles qu'il faut adopter. Et celles-là, si on les abandonne en chemin, il y aura de nouvelles crises et des problèmes environnementaux et on n’aura rien réglé.

Entretien réalisé par Stéphanie Bousquet et Eric Foissac.

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