Jour J pour l'ouverture du salon de l'agriculture à Paris, ce samedi 24 février, qui aura lieu sans grand débat finalement annulé par l'Elysée. Un évènement qui cristallise toutes les attentes. Dans le Tarn, les deux principaux syndicats ne veulent plus de paroles, mais des actes.
La crise agricole est loin d’être terminée. En Occitanie, les agriculteurs maintiennent la pression en organisant des actions sporadiques. Le Président de la République, Emmanuel Macron, a convié les acteurs du secteur à un grand débat au salon de l’agriculture, qui s'ouvre ce samedi 24 février 2024, à Paris.
Un grand débat annulé, hier soir, vendredi 23 février 2024, par Emmanuel Macron à la suite du refus de la FNSEA et des Jeune agriculteurs d'y participer après l'annonce de la participation des Soulèvements de la Terre. Leur invitation et leur participation avaient pourtant été démenties par l'Élysée. Finalement, le président de la République a proposé de recevoir les organisations syndicales avant l'ouverture du Salon ce samedi. L'évènement concentre toutes les attentes du secteur agricole, prêt à poursuivre la mobilisation.
" Si Emmanuel Macron veut se simplifier la venue au salon, c'est en venant avec des solutions pour soutenir notre trésorerie, on en a besoin en Occitanie. Le président, on lui demande d'agir, on ne lui demande pas de parler", stipule Christophe Rieunau, co-secrétaire général de la FDSEA 81 qui demande à Emmanuel Macron d'agir. "Je vous donne un exemple, poursuit l'éleveur bovin installé dans le Carmausin. Dans le Tarn, cela fait sept ans qu'on débat pour créer une retenue d'eau à Sivens. On le voit en interne dans les débats, tout le monde est d'accord. Dès qu'on met une dimension politique là-dedans, tout le monde s'énerve, tout le monde s'excite et au bout du bout, on n'avance pas."
"Prenons des mesures concrètes pour agir, faire en sorte de développer des projets, pour faire avancer l'agriculture, cela ne sert à rien de parler perpétuellement, tout le monde ne pourra pas être d'accord, mais aujourd'hui, il y a 85 % d'opinion favorable à notre mouvement, 85% des Français qui comprennent notre désarroi, notre détresse. Le monde agricole est un acteur fondamental de l'économie de nos territoires ruraux, il faut le soutenir."
Christophe Rieunau, co-secrétaire général de la FDSEA 81
Maintien de la pression sur le terrain
Son syndicat attend donc le gouvernement et le Président de la République au tournant. Pas plus tard qu'hier, des radars ont été bâchés entre Gaillac et Grauhlet.
S'il n'obient pas satisfaction, la FDSEA compte maintenir la pression et ses actions sur les territoires, notamment dans ce département où a débuté la contestation à l'automne avec les panneaux des noms de communes retournés avant sa propagation à tout le territoire national et de grosses manifestations en janvier dernier.
Depuis, des mesures ont été annoncées par le Premier ministre, Gabriel Attal, jugées là aussi insuffisantes par la Confédération paysanne, qui milite pour la mise en place d'un autre modèle agricole.
"C'est plus l'heure des débats. La démonstration a été faite du ras-le-bol du monde agricole, estime Daniel Coutarel. On est sur un système qui date depuis des décennies. C'est pas avec des discussions et des effets d'annonces qu'on va changer la donne. Il faut qu'on se mette au boulot et qu'on considère toutes les propositions et qu'on arrête de limiter l'agriculture à fournir de l'agro-industriel et du marché international".
"Si on veut une autonomie et une indépendance alimentaire, il faut qu'on regarde ce qu'on est capable de produire et pas ce que l'on est capable d'échanger ou d'importer. Sur les marchés du libre-échange, ce que l'on échange, ce sont nos vies à nous paysans qui sont devenues des valeurs marchandes. Et ça, c'est fini. On n'est plus à même d'accepter cela."
Daniel Coutarel, responsable syndical à la Confédération paysanne 81
Le salon de l’agriculture ouvre donc ses portes à Paris dans un climat plus que tendu.