Coup dur pour le projet de Ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Dax-Toulouse. Lors d'une réunion sur son financement par les collectivités de Nouvelle-Aquitaine, trois départements et une communauté d'agglomération ont refusé de confirmer, pour le moment, leur participation.
"C’était une première approche. Le projet en tant que tel, tout le monde est d’accord mais il reste quelques discussions et ajustements." Le vice-président de Région Nouvelle-Aquitaine, Renaud Lagrave, est plutôt satisfait mais ne rentre pas plus dans le détail. Mardi 28 septembre, une phase importante du projet de Ligne à grande vitesse Bordeaux-Dax-Toulouse s'est engagée. Les collectivités de Nouvelle-Aquitaine concernées par cette infrastructure ont été réunies à la préfecture de Bordeaux, sous l'égide d'Etienne Guyot, préfet de la région Occitanie, missionné par le Gouvernement afin de coordonner ce grand projet ferroviaire du Sud-Ouest.
Refus de quatre collectivités
Le communiqué envoyé conjointement par les services de l'État et la Région Nouvelle-Aquitaine, deux jours plus tard, aux rédactions locales n'apporte pas plus d'éléments d'informations.
Le préfet coordonnateur et le président de la Région Nouvelle-Aquitaine ont notamment rappelé les bénéfices du projet en termes de gains de temps pour les voyageurs, de transfert d’intermodalité et de bilan carbone. La grande majorité des collectivités réunies est consciente de l’opportunité que présente l’étape Bordeaux-Dax.
Il faut savoir lire entre les lignes. Car si "la grande majorité des collectivités réunies est consciente de l'opportunité que présente l'étape Bordeaux-Dax", plusieurs d'entre-elles n'acceptent pas ce que l'État tente de leur imposer en matière de financement. En cause : des niveaux de participation jugés trop élevés.
Des "sollicitations inacceptables"
"Les sollicitations sont vraiment inacceptables et insupportables" fulmine le président des Pyrénées-Atlantiques, Jean-Jacques Lasserre. L'élu béarnais n'est pas le seul a être sorti mécontent de cette réunion. Les départements du Lot-et-Garonne, de la Gironde et l'agglomération d'Agen ont refusé mardi soir de s'engager officiellement à participer financièrement au GPSO (Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest).
Selon nos informations, il serait demandé par exemple entre 80 et 120 millions d'euros au département du Lot-et-Garonne. "Le coût de 8 nouveaux collèges !" s'étrangle une source proche du dossier. Le montant pour les Pyrénées-Atlantiques serait proche des 300 millions d'euros. "Nous sommes tous d'accord : ce projet est une nécessité. Mais nous, départements, avons perdu nos compétences économiques et de transports au profit des Régions, souligne le président Lasserre. Au regard de ces évolutions, il nous parait inadmissible d'engager de telles sommes." L'ancien sénateur le reconnait également. Très marqué par la construction du tronçon Tours-Angoulême-Bordeaux où l'ancienne Région Poitou-Charente de Ségolène Royal "n'avait pas versé un centime", il part avec un "déficit de confiance" en l'État dans ce dossier.
Le président PS du département de la Gironde, Jean-Luc Gleyze l'avait déjà annoncé, il y a plusieurs semaines. Il n'a pas donné son feu vert. Le président de l'agglomération agenaise, Jean Dionis, réclame de son côté "des contreparties routières", comme le rapporte le quotidien Sud-Ouest.
Un projet à 13 milliards d'euros
"L'opportunité sans précédent qu'il importe de saisir" répétée à l'envie par la Région et la préfecture d'Occitanie a également du mal à passer chez plusieurs élus.
L'horizon semblait pourtant s'éclaircir ces derniers jours pour ce projet. Le Conseil d'État venait de rejeter, lundi 27 septembre, la demande d’annulation de déclaration d’utilité publique (DUP) d’un collectif d’opposants. De leur côté, les collectivités d'Occitanie s'étaient engagées à mettre sur la table 3 milliards d'euros, dont 1,2 milliard pour la seule Région.
L'urgence de trouver un accord
Le coût total du GPSO est évalué à 13 milliards d'euros (9 pour Bordeaux-Toulouse, 4 pour Bordeaux-Dax). L'État apporterait 40 % de cette enveloppe, l'Europe 20 %, et les collectivités 40%.
Selon Sud-Ouest, "la part des collectivités néo-aquitaines atteindraient 1,6 milliards d'euros" avec des amortissements sur 36 ans. Bien trop pour les "frondeurs" de Nouvelle-Aquitaine qui attendent que les Régions et l'État prennent en charge une part plus importante de ces investissements. Les départements des Pyrénées-Atlantiques et du Lot-et-Garonne soumettront au débat de leurs assemblées respectives leur participation au GPSO avant de donner leur position définitive sur ce sujet. Le préfet d'Occitanie et les collectivités ont jusqu'à fin novembre pour trouver un accord, avant la création en mars prochain de la Société publique de financement qui gèrera l'argent apporté pour le projet.