Le gouvernement devrait suivre les conclusions du rapport Duron, remis ce 1er février, qui la classe parmi les chantiers prioritaires mais prévoit son report de 4 à 5 ans, ce qui repousse une mise en service à 2029 ou 2030. "Pas satisfaisant" selon Carole Delga.
Les pro-TGV vont pouvoir respirer. Après des mois (voire des années) de chaud et de froid sur le projet de Ligne à Grande Vitesse, les élus des régions concernées ont, selon nos informations, reçus ces dernières heures des garanties concernant la construction de la ligne entre Bordeaux et Toulouse, ce qui permettra à terme de relier à grande vitesse la capitale de l'Occitanie à Paris.
"Prioritaire" mais reportée
Mais cette bonne nouvelle est nuancée par l'annonce imminente du gouvernement de reporter ce chantier, tout de même classé "prioritaire", de 4 à 5 ans, selon nos informations.Ce n'est pas satisfaisant (Carole Delga)
"Cela n'est pas satisfaisant" a indiqué la présidente de la région Occitanie Carole Delga à France 3 Midi-Pyrénées. Elle réclame un rendez-vous avec le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, qui selon elle "doit trancher dans ce dossier" et imposer que les délais soient respectés. Une position sur laquelle elle est rejointe par Jean-Luc Moudenc le maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, a indiqué son cabinet à France 3.
Ce nouveau report est donc à la fois une bonne nouvelle pour ceux qui "poussent" derrière la LGV et un nouveau coup dur car depuis que le projet est lancé, son échéance a été repoussée à plusieurs reprises. En 2004, alors maire de Toulouse et président du Grand Toulouse, Philippe Douste-Blazy avait obtenu de son ami ministre des Transports Dominique Bussereau que la LGV arrive à Toulouse en.... 2015 !
Le gouvernement de Manuel Valls avait validé le projet et la date de mise en service théorique était de 2024. Mais après les élections de 2017, Emmanuel Macron et le gouvernement ont annoncé un gel des projets parce que l'argent manque pour tout faire : les grandes infrastructures d'un côté, les transports du quotidien de l'autre.
Tronçonnée en petits morceaux ?
Ce que dit le rapport Duron c'est que les secteurs les plus prioritaires dans le dossier de la LGV Bordeaux Toulouse sont les noeuds ferroviaires au sud de Bordeaux et au nord de Toulouse. Mais quid de la partie centrale entre le Lot et Garonne et le sud de Montauban ? Le risque c'est de tronçonner la LGV en petits morceaux ce qui produirait un retard sur la livraison finale : un scénario que refuse Jean-Luc Moudenc qui veut que le chantier se mène d'une traite.
Après des mois de tergiversations...
Les signes donnés alors par Nicolas Hulot et Elisabeth Borne, les ministres en charge du dossier, étaient plutôt négatifs. Mais le rapport du conseil d'orientation des infrastructures présidé par Philippe Duron classe finalement la LGV Bordeaux Toulouse dans les projets prioritaires et le gouvernement pourrait suivre ses conclusions. Ce qui n'est pas le cas en revanche de la LGV Montpellier-Perpignan qui serait ainsi enterrée. Toutefois, au ministère des transports, on rappelle que rien n'engage le gouvernement à suivre point par point les recommandations du rapport Duron.Suspens donc, avec aussi la question du délai pour mettre Toulouse à 3h10 de Paris. 2028, 2029, 2030 ? Les élus locaux et régionaux veulent mettre la pression sur le chef de l'Etat et sur le gouvernement pour que ce délai soit ramené à une date plus proche que celle qui était prévue jusqu'à présent.
"Le tronçon Bordeaux-Toulouse ne doit pas être scindé en plusieurs tranches"
La présidente PS de la Région Occitanie, Carole Delga, le président PS du conseil départemental de la Haute-Garonne Georges Méric et le président LR de Toulouse Métropole Jean-Luc Moudenc ont réagi ensemble au rapport Duron. Dans un communiqué commun, ils rappellent que la LGV Bordeaux-Toulouse ne doit pas être saucissonnée en plusieurs morceaux.« Le rapport Duron confirme ce que nous martelons depuis plus de 10 ans : le projet de ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse est une nécessité pour accompagner le développement démographique et économique, et les besoins croissants de mobilité du sud-ouest de la France. C'est l'aboutissement logique et légitime du combat que nous menons ensemble avec détermination et sans relâche pour raccorder la capitale de l’Occitanie et le département de la Haute-Garonne au réseau européen de la grande vitesse » déclarent-ils.
« Cependant, nous réaffirmons notre conviction à considérer le projet GPSO comme une opération unique et globale, dont les composantes –ligne nouvelle à grande vitesse et aménagements des nœuds ferroviaires existants à l’approche de Toulouse et de Bordeaux – demeurent non phasables. Ceci vaut particulièrement pour le tronçon central Bordeaux-Toulouse incluant AFSB et AFNT. Le tronçon Bordeaux-Toulouse ne doit pas être scindé en plusieurs tranches. Notre détermination et notre mobilisation pour faire aboutir le projet de LGV Bordeaux-Toulouse restent intactes »