Les plans de la ligne à grande vitesse entre Toulouse et Bordeaux sont loin d'être une parfaite ligne droite. L'Autorité Environnementale a émis un avis exigeant des mises à jour cruciales, mettant en lumière des données "obsolètes et des lacunes environnementales" de la part de SNCF Réseau dans ce projet déjà fortement contesté.
Le projet de ligne à grande vitesse (LGV) Toulouse-Bordeaux a-t-il voulu aller trop vite ? En tout cas, il vient de dérailler, légèrement.
L’Autorité environnementale (Ae) devait donner son "autorisation environnementale pour les
aménagements ferroviaires au nord de Toulouse (dits AFNT), dont la composante principale est la
mise à quatre voies du tronçon existant entre la gare Toulouse-Matabiau et le raccordement avec
les lignes à grande vitesse." Le 7 septembre 2023, l'autorité a rendu son avis et a constaté qu'il est urgent d'attendre...
Une "approche réglementaire" datée
Les experts de l'AE ont en effet noté que les aménagements ferroviaires au nord de Toulouse et au sud de Bordeaux sont basés sur une étude d'impact datant de 2014, qui n'a pas été actualisée depuis. En l'absence de réponses satisfaisantes de la part de SNCF Réseau, maître d'ouvrage du GPSO, l'AE ne peut pas donner un avis favorable.
De nombreuses "données obsolètes (bientôt dix ans), conduisent l’AE à constater que le dossier, en se focalisant sur une approche réglementaire datée, est incomplet sur de multiples questions de fond (artificialisation, gaz à effet de serre, milieux naturels) et ne permet pas d’informer le public sur l’évolution du projet et de ses impacts, alors qu’il n’a pas été associé à l’élaboration du projet depuis la première enquête publique en 2014."
Un désaveu alors que ce projet est justement fortement contesté par des associations et collectifs écologistes.
Des travaux annoncés pour fin 2023
Contacté, SNCF Réseau assure "prendre acte de la demande de précisions de l’Autorité Environnementale publiée le 7/9/2023 sur le Dossier d’Autorisation Environnementale Unique relatif à l’opération des AFNT (aménagements ferroviaires au nord de Toulouse). Elle se met en ordre de marche pour apporter dans les meilleurs délais les éléments d’informations et de précisions demandés, en lien avec les services de l’Etat et les collectivités. SNCF Réseau entend bien faire preuve de la plus grande transparence sur les enjeux environnementaux du projet, dans une logique de robustesse du dossier et de réalisation du projet."
Le projet, évalué à 14 milliards d'euros, avait obtenu pour le moment toutes les approbations juridiques nécessaires à son lancement. L'Union européenne s'est engagée à financer 20 % du projet, avec un versement initial de 60 millions d'euros.
En juillet dernier, le ministre des Transports Clément Beaune a annoncé le début des travaux de cette future ligne pour la fin de l’année 2023. Un chantier de la SNCF qui risque de prendre du retard