Le maire de Toulouse a décidé de confier la gestion de l'eau de la Métropole à deux sociétés privées. Il l'a annoncé ce jeudi 15 novembre dans le quotidien régional avant même le vote des élus. L'opposition dénonce le fond et la forme : un manque de transparence et un possible conflit d'intérêt.
De nombreux élus de la Métropole toulousaine du côté de l'opposition ont du s'étrangler ce jeudi 15 novembre au petit déjeuner en ouvrant le quotidien régional.
Le président de la Métropole et maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, a en effet annoncé son choix concernant la gestion de l'eau dans le journal La Dépêche du Midi... avant même d'en parler aux élus qui devront ensemble se prononcer sur cette question lors d'un vote le 13 décembre prochain.
Jean-Luc Moudenc a donc opté pour deux entreprises privées : la gestion de l'eau pour Véolia et l'assainissement pour Suez.
Le maire s'appuie sur une étude comparative entre une gestion qui serait restée dans le service public et celle proposée par le privé. Et là un argument semble imparable : le prix.
Les propositions des deux candidats du privé permettraient, selon Jean-Luc Moudenc, de faire bénéficier les habitants de la Métropole du "tarif le plus bas de France".
Les élus du groupe Métropole citoyenne dénoncent ce jeudi la méthode choisie par Jean-Luc Moudenc, sur le fond et sur la forme.
Ils "constatent avec étonnement que le président de Toulouse Métropole a réservé l'annonce de son choix à un titre de la presse locale".
Ils s'interrogent sur le tarif annoncé (2,91 euros/m3) et se demandent "comment se fait-il qu'un écart de prix jamais vu en France soit possible entre une gestion en Délégation de Service Publique (DSP) et une gestion publique ?".
Enfin, et surtout ils relèvent un possible conflit d'intérêt avec le cabinet Cabanes-Neveu. Ce cabinet fait partie des bureaux d'études pour l'Assitance à la Maîtrise d'Ouvrage (AMO) de la Métropole mais il a également représenté à plusieurs reprises les intérêts de la société Véolia dans des procédures judiciaires ces dernières années.
Selon le groupe Métropole citoyenne, il y a donc un risque d'annulation de la procédure.
Le groupe Générations dénonce pour sa part une mascarade affirmant que "le débat a été tranché avant même d'être ouvert". Les élus se demandent également comment les entreprises "arrivent à proposer un prix de près de 25% moins cher que le prix actuel ?"
La réponse de Toulouse Métropole
Face à ces accusations, Pierre Trautmann, adjoint au maire de Toulouse et conseiller de Toulouse Métropole explique qu'il n'y a pas de conflit d'intérêt avec le cabinet Cabanes-Neveu. Il précise que ce cabinet n'a réalisé que 0,7 % de son chiffre d'affaire avec l'entreprise Véolia. Il ajoute que dans une affaire récente devant une juridiction de Bordeaux, la cabinet a plaidé contre l'entreprise.
Concernant le prix de l'eau obtenu pour la Métropole de Toulouse, il s'agit de négociations indique Pierre Trautmann. Elles ont permis que "les entreprises aillent au maximum de ce qu'elles pouvaient faire et on arrive effectivement au prix le plus bas de France." Un élément a pesé lourd dans les négociations précise le conseiller, il s'agit de l'absence de dette dans le contrat actuel avec la ville de Toulouse (contrat conclu en 1990 et qui arrive à échéance en 2020).
Enfin, les élus, nous précise-t-on, ont bien été informés de la décision du président de Toulouse Métropole de choisir Véolia et Suez. Un mail leur a été envoyé dès 7h40 ce jeudi 15 novembre.