Au deuxième jour du procès d'Hicham Ouakki devant la cour d'assises de Haute-Garonne, l'accusé maintient qu'il n'a pas tué Jérémy Roze. Il reconnait cependant être le meneur des agressions commises ce jour là et les jours précédents à Toulouse.
Qui ment ? Hicham Ouakki qui risque la prison à perpétuité ou Driss Arab ? Les deux hommes qui ont agressé Jérémy Roze en février 2011 s’accusent l’un l’autre d’avoir porté le coup de couteau mortel sur le jeune étudiant en pharmacie.
Lors de ce troisième procès où seul comparait Hicham Ouakki, les avocats de la partie civile s’emploient à démontrer qu’Hicham Ouakki ment en permanence. Maitre De Caunes rappelle que lors des précédents procès on avait dit "il ne parle pas il ment".
-"Je suis tout à fait d’accord", dit la policière chargée de l’enquête en 2011 et venue à nouveau témoigner devant la cour. "Il est le premier à s’accuser auprès de ses amis d’avoir porté le coup de couteau à Jérémy Roze pensant ne pas l’avoir tué avant finalement de changer de version en apprenant sa mort. Il n’avoue rien dit encore l’enquêtrice. Quand on le met devant des faits, il avance vers une vérité qui le met hors de cause. Il arrête de se vanter quand il apprend que Jérémy est mort".
Des déclarations à charge contre Hicham Ouakki
Quelques minutes seulement après l’agression de Jérémy, Hicham Ouakki appelle Natacha sa petite amie. Il est 2H46 du matin. Il lui dit "avoir planté un jeune gars précisant qu’il n’était pas mort et qu’il n’avait pas rentré beaucoup le couteau dans son ventre, il dit aussi qu’il s’était assuré qu’il n’y avait pas de témoin".
En réalité, ce soir-là, Jérémy est mort quelques minutes plus tard ; le médecin légiste est venu le dire à la cour. La plaie était profonde, dix centimètres, le cœur a été touché, le couteau a été enfoncé jusqu’à la garde. Mais sur la responsabilité d'Hicham Ouakki, il n’y a pas d’éléments matériels", rappelle maître Emmanuelle Franck avocate de la défense. "Finalement il n’y a que des déclarations, que des auditions de personnes de son entourage", dit-elle.
"Dès le lendemain, il dit à Natacha qu’il n’a pas porté le coup de couteau," souligne maître Alexandre Martin. "Confirmez-vous, demande l’avocat de la défense à un autre enquêteur, que lorsqu’il est interpellé (NDLR : en mars 2011) il parle spontanément des agressions dont il est l’auteur ?"
-"Oui, répond le policier, il reconnait 5 faits dont deux tentatives d’agression.
Car les deux hommes, Driss Arab et Hicham Ouakki, s’attaquaient ensemble, quand ils avaient besoin d’argent, à des "yankees" comme ils disaient ; cela voulait dire des proies faciles expliquent les policiers, souvent des étudiants qui rentraient de soirée après avoir bu.
"Les armes c'était juste pour menacer, effrayer"
A l’audience ce mercredi, plusieurs victimes ont témoigné des autres agressions commises par Hicham Ouakki et Driss Arab. Des vols qui ont lieu la veille, le lendemain et le jour même du meurtre de Jérémy Roze. Hicham le reconnait, il était le meneur, il avait un poing américain, Driss était à ses côtés avec un couteau. "On était toujours ensemble pour intimider la personne. Mais si ça se passait mal on devait prendre la fuite. Les armes c’était juste pour menacer, effrayer".
"L’une des questions qui se pose, explique le président de la cour d’assises aux jurés, c’est de savoir qui a porté le coup de couteau mais il y a un débat en arrière-plan : finalement est-ce si important que ça de savoir qui a fait quoi car les deux acceptent que le poing américain ou le couteau soit utilisé, ils sont co-auteurs".
Medhi, un ami d'Hicham et de Driss, confirme lui aussi devant la cour d'assises qu'au lendemain de l'agression Hicham s'était accusé affirmant avoir "planté un gars" mais il apporte un début d'explication sur les revirements de l'accusé. "A l'époque, dit Medhi, c'était une espèce de rivalité entre eux. Hicham voulait faire le beau vis à vis de Driss. Celui qui avait fait le plus de délit c'était lui le boss". Hicham le reconnait quand il s'accusait auprès de ses amis c'était pour "fanfaronner".
Interrogé depuis la prison où il purge sa peine de 20 ans Driss Arab continue à nier lui aussi être l'auteur du coup de couteau. Il n'a même rien vu assure-t-il devant la cour d'assises ce mercredi. "Dans les témoignages vous apparaissez pourtant comme ayant participé à l'agression de Jérémy Roze," lui fait remarquer maître De Caunes. "Je reconnais les autres agressions mais pas celle-là", répond-il. Et il précise quand on lui demande son rôle sur les précédents vols qu'il se contentait de faire le guet.