C'est un ténor toulousain qui a interprété la voix intérieure d'Astérion. Paul Crémazy a chanté avec l'orchestre qui accompagnait le Minotaure géant de la compagnie La Machine dans les rues de Toulouse.
"Je ne suis pas la voix du Minotaure, je suis sa voix intérieure, son Jiminy Cricket. François Delarozière ne voulait pas que l'on ait l'impression que le Minotaure chante, sinon il n'aurait pas employé un ténor, il aurait plutôt fait appel à une voix de basse."
Pendant 4 jours, Paul Crémazy a chanté aux côtés du Minotaure, l'une des deux machines géantes du spectacle "Le gardien du temple" créé par François Delarozière, le directeur artistique de la compagnie La Machine. Des milliers de personnes ont déambulé dans les rues de Toulouse pour admirer Ariane, l'Araignée et Astérion le Minotaure accompagnés par un orchestre de 19 personnes.
Le ténor et le Minotaure
Paul Crémazy est ténor. Formé à Toulouse au conservatoire, il a continué sa formation dans une école de soliste à Marseille, le CNIPAL, et à l'école de solistes de l'opéra de Paris.
Depuis, il est monté sur de nombreuses scènes mais à 38 ans, ce rôle là et cette scène là sont des premières.
Chanter dans la rue sur une nacelle à plusieurs mètres de hauteur aux côtés d'un minotaure de 47 tonnes c'est pour le moins inhabituel.
Il a été contacté par la compagnie La Machine en avril dernier grâce au choeur archipel (qui chantait pour le finale du spectacle "le Gardien du temple" ce dimanche 4 novembre). Le choeur archipel est le choeur amateur de Joël Suhubiette qui dirige Les Eléments à Toulouse.
C'est le compositeur de La Machine Mino Malan qui avait demandé à Joel Suhubiette s'il connaissait un ténor toulousain. la connexion s'est faite et le ténor a adhéré tout de suite au projet. Une dizaine de jours de répétitions et le voila dans la rue en train de chanter à côté d'une machine mi-homme mi-taureau.
L'opéra urbain
"Quand on à l'habitude de chanter dans des salles ou des églises, c'est un cadre assez spécial, et même de chanter avec une batterie, une guitare électrique et un saxophone", explique Paul Crémazy.
"Mino Malan voulait un chanteur d'opéra pour créer un opéra de rue avec le Minotaure et Ariane. Il voulait une voix d'opéra sur sa musique à lui avec cette ambiance féérique. C'était chouette, c'était la première fois pour moi. Prêter ma voix à ce style de musique où il faut aussi s'adapter et pas chanter tout le temps opéra, faire des nuances, c'était génial."
Des difficultés ?
"Pas du tout, il n'y a que du plaisir en fait, vraiment ! ""Je suis ténor de tessiture et c'est une écriture plutôt médium pour un ténor ; il y avait des parties assez aigües et des parties assez graves. C'est vrai qu'il faut un ambitus (ampleur d'une voix de la plus grave à la plus aigüe) assez élevé quand même, mais j'ai pas mal de grave donc c'est pas très difficile, c'est plutôt un plaisir même de chanter sans se poser la question techniquement si on va réussir à faire une note."
Des angoisses de chanter devant un tel public ?
"Autant de monde c'est la première fois. Le premier jour j'étais assez stressé mais le public vient voir le Minotaure et l'Araignée du coup nous on les accompagne, on est là en second plan. On a moins de stress de public et on profite beaucoup plus de la musique et des scènes parce que l'on est spectateur aussi. En tant que musicien, on se régale à voir ces deux êtres évoluer."Les Toulousains et les visiteurs qui étaient dans les rues de la ville rose ce week-end de Toussaint n'ont peut être pas l'habitude d'aller écouter des ténors. C'est vrai, ils n'avaient d'yeux que pour les machines mais les musiciens ont souvent été longuement applaudis lors des différentes scènes. Et l'opéra urbain qui vient de se terminer leur donnera probablement l'envie d'en découvrir un peu plus.