Municipales 2020 : quels aménagements crédibles pour la rocade de Toulouse ?

La rocade est l'incarnation des problèmes de déplacements de l'agglomération. Une situation qui exaspère les Toulousains et qui place la mobilité au cœur des thématiques de la campagne des municipales. A treize jours du premier tour, état des lieux des idées et de leur faisabilité.

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Une boucle de 35 kilomètres trop souvent interminables. Une ceinture étouffante ou passent près de 140 000 véhicules par jour sur les tronçons les plus fréquentés. En 2019 ses usagers réguliers y ont perdu 159 heures, selon une étude menée par un fabriquant de GPS. Voici les pistes les plus fréquemment évoquées pour améliorer le quotidien des toulousains sur la rocade:
 
  • L'hypothèse de la voie réservée 

L’idée consiste à réserver au moins une voie de la rocade à d’autres modes de transport que la voiture. Une idée pas franchement nouvelle puisqu’elle figurait déjà au programme du Maire sortant Jean-Luc Moudenc en 2014, avant d’être abandonnée pour des questions de faisabilité. La rocade, rappelons-le, relève de la compétence de l’Etat. Toujours est-il qu’on retrouve ce projet dans les trois listes de gauche les mieux placées selon le dernier sondage en date. Avec quelques variantes, toutefois concernant son utilisation. Pour Nadia Pellefigue (liste "Une nouvelle énergie pour Toulouse"), c’est la bande d’arrêt d’urgence qui serait réservée aux transports collectifs.

Antoine Maurice (Liste "Archipel Citoyen") propose également de réserver une voie au covoiturage et transports en communs. Pour mettre en place le projet, Archipel compte s'appuyer sur le retour d’une expérience en cours à Bordeaux, avant de lancer une étude conjointe entre Toulouse Métropole, Tisséo et l’Etat. Mise en service au plus tôt en 2023.


 
Même échéancier, et même usage de la voie pour Pierre Cohen (Liste "Pour la cohésion"), tout en précisant la nécessité de réaliser le chantier en plusieurs phases. Priorité à la partie Ouest de la rocade, la plus encombrée au quotidien. L’ancien maire de Toulouse évalue le coût à dix millions d’euros pour la Métropole. Il est le seul à s'avancer sur la partie financement.


Un projet qui dépendra aussi du bon déroulement du passage au deux fois trois voies du périphérique. Les travaux sont en cours. Achèvement  prévu pour début 2022.

   
  • La piste de l'abaissement de la vitesse

90 km/h pour les voitures et 80 km/h pour les camions c’est la règle depuis 2007 à Toulouse. Faut-il viser les 70 km/h comme c'est déjà le cas pour Lille ou Lyon ? Ou redouter qu’un abaissement de la vitesse se traduise par un report de la circulation en ville ? La question divise les candidats.

Pour le camp de Jean-Luc Moudenc ( liste « aimer Toulouse ») "la réduction de la vitesse n’a pas eu d’impact sur la fluidité du trafic. Les 90 km/h actuels seraient un plancher à ne pas abaisser".
La solution passerait notamment par la construction de nouveaux échangeurs, et une amélioration du maillage routier comme la liaison entre la rocade arc-en-ciel et A64 au sud-ouest de l’agglomération. Autre piste avancée, la construction d’un pont sur la Garonne à la hauteur de Saint-Jory pour fluidifier le trafic de l’Ouest Toulousain.

Pour le Rassemblement National et son candidat Quentin Lamotte (liste « rassemblement Toulousain »), "la rocade doit rester un axe rapide et ne nécessite pas d’aménagement particulier".
L’amélioration de la circulation passerait par la construction du contournement routier par l’Ouest Toulousain et le prolongement des lignes A et B de métro.

A gauche, l’abaissement à 70 km/h rassemble Nadia Pellefigue, Pierre Cohen et Antoine Maurice. Une mesure qui passera par "une étude d’impact sur les bouchons et la pollution" précise Archipel, en lien avec l’Etat qui reste le décideur en la matière. 

Un abaissement que la liste NPA conduite par Pauline Salingue (liste « Toulouse Anticapitaliste »)  souhaiterait plus ambitieux. Elle se prononce pour une limitation à 50 km/h autour des heures de pointe (7h-10h et 15h30-19h30)

 
  • Le désengorgement par la diversification de l'offre de transports

C’est la tendance majoritaire qui se dégage des 12 listes en course pour les municipales, quel que soit le bord politique.
 
Pas vraiment une surprise quand on sait que sur les cinq dernières années, l’aire urbaine de Toulouse a accueilli plus de 18 000 nouveaux habitants par an (5250 nouveaux habitants par an pour Toulouse intra-muros, source aua/Toulouse). Face à ce défi c’est la surenchère de propositions entre candidats. Avec souvent plus de clarté dans les idées que dans la façon de les financer. 
 

Métro, réseau, vélo.

Sur cette thématique Jean-Luc Moudenc compte s’appuyer sur l’impulsion de sa fin de mandat, marquée par le doublement des rames de la ligne A de métro et la validation par l’Etat du projet de 3e ligne à l’horizon 2025. Le Maire sortant annonce un doublement des rames de la ligne B, un renforcement du réseau de bus, tout en se déclarant favorable au projet de RER toulousain. 
 

Ce projet de RER c’est une priorité pour Pierre Cohen. Au point, en cas de victoire aux élections, de reporter le projet de troisième ligne de métro, au mandat suivant, soit 2026-2032. Un projet jugé trop coûteux. Priorité au prolongement de la ligne B et à l’extension du tramway jusqu’à la gare notamment. 

Un projet de troisième ligne de métro souhaitable mais pas réalisable avant 2028 pour Franck Biasotto (liste « Toulouse belle et forte »). Pour l’opposant à Jean-Luc Moudenc cette ligne doit impérativement assurer une desserte de l’aéroport, et ce n’est pas prévu dans le schéma actuel. Réduire le trafic sur la rocade passera surtout par moins de voitures en ville au profit d’autres modes de déplacement.

Nadia Pellefigue imagine un projet d’envergure. Créer sept portes d’entrées aux points de convergence du trafic de l’agglomération. Objectif, garer sa voiture et basculer sur d’autres modes de déplacement pour terminer son trajet (transports en commun, vélo, navettes…). La jauge des parkings (4000 à 10 000 places envisagées) et le coût du projet restent à définir.
 

Une petite reine enfin couronnée ?

C’est l’autre tendance forte qui se dégage en matière de mobilité, la nécessité pour Toulouse de rattraper son retard en termes d’infrastructures vélo.
 

En la matière, c’est Archipel citoyen qui présente le plan de développement le plus ambitieux. Un budget de 50 millions d’euros par an est avancé pour étendre le réseau actuel et créer des pistes de vélo express.

Extension et sécurisation du réseau, un incontournable également dans le programme de Nadia Pellefigue. La candidate évoque un besoin en investissement de 40 millions d’euros par an sur dix ans. 

Plus de sûreté pour les cyclistes, une priorité aussi pour Jean-Luc Moudenc. Il souhaite y consacrer 10 millions d’euros par an juste sur cet aspect. Avec une volonté de mieux encadrer les relations entre vélos piétons et autos en créant un « code de la rue ».


  
Rappel: les 12 listes en course pour les municipales à Toulouse
Aimer Toulouse (LR, LREM, UDI, MRSL et Agir) liste emmenée par Jean-Luc Moudenc.

Archipel Citoyen (EELV, La France Insoumise, Nouvelle donne, Place Publique, le Parti pirate et le Partit Occitan), liste emmenée par Antoine Maurice. 

Une nouvelle énergie pour Toulouse (PS, PRG, PCF) emmenée par Nadia Pellefigue.

Pour la cohésion ! (Génération-s, la Gauche républicaine et socialiste, la Gauche démocratique et sociale),  liste emmenée par Pierre Cohen.

Rassemblement toulousain (Rassemblement National), liste emmenée par Quentin Lamotte.

Toulouse belle et forte (Modem), liste emmenée par Franck Biasotto.

Toulouse Animaliste, liste emmenée par Quentin Charoy.

Debout Toulouse (Debout la France), liste emmenée par Francis Manaud.

Lutte ouvrière- faire entendre le camp des travailleurs, emmenée par Malena Adrada.

Toulouse anticapitaliste (NPA) , emmenée par Pauline Salingue.

En avant Toulouse, liste emmenée par Peov Chankiry Duch

Toulouse aux travailleurs, pas aux spéculateurs (Parti ouvrier indépendant), liste emmenée par Julian Menendez Gonzalez
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